01/11/2011
Nourriture terrestre
Un reportage a été diffusé il y a peu, montrant des étudiants qui faisaient les poubelles pour se nourrir, quelque temps avant, un autre documentaire présentait la situation de jeunes bourlingueurs eux aussi abonnés à la fouille en règle de ces garde-manger pas très ragoûtants. Bientôt nous montrera-t-on des plus vieux, en mal de retraite suffisante, passer par la case poubelle ? Il y eut d’abord la mendicité des enfants Roms, chassés hors des centre-ville de l’élite bien-pensante, puis tout ce cortège de jeunes pas encore insérés aux actifs, et bientôt peut-être, de « vieux » remerciés quant à eux, qui discrètement, si possible à la nuit tombée, essaieront de trouver de quoi manger. Comme quoi la télé peut aussi réveiller les consciences.
Personne ne fouille encore dans les poubelles de cette ville il me semble, si c’était le cas, j’ose espérer qu’au moins je déposerais sur le châssis de fenêtre une part de nourriture, protégée dans un sachet.
La façon de se nourrir, la vie chère, et une digestion difficile me posaient question depuis quelque temps déjà. Hier j’avais laissé sur la table deux bananes trop mûres, presque entièrement noires que d’ordinaire je jette. Ce matin m’est venue l’idée de les passer à la poêle dans un peu d’huile d’olive et d’y ajouter une dizaine de raisins secs préalablement lavés au rhum et rincés à l’eau de source. Un petit déjeuner nourrissant, économique et pas mauvais qui va me faire tenir jusque 13 heures au moins.
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28/10/2011
Moments les plus inattendus
Je ne suis pas mécontente de ma journée. Je m’étais lancé un défi ce matin, à savoir : évacuer les vieilles choses qui encombrent à nouveau le garage et le patio. Efforts d’autant plus méritoires que la veille encore, je me trouvais dans un état grippal, incapable de faire grand-chose sur le plan physique si ce n’est les incontournables vaisselle lessive balayage. Le reste du temps je m’étais réfugiée presque en permanence sous une couette avec le livre Patience dans l’azur de Hubert Reeves. Une occasion de jeûner durant quelques bonnes heures, de m’informer et de rêver. Elle n’était pas mal la journée d’hier, mais je ne pouvais pas me permettre de prendre un jour de congé supplémentaire. Ce matin, repartie du bon pied, je me suis donc infligée la corvée mentionnée précédemment. Une fois dans le garage, les choses triées à toute allure, j’ai vu l’espace se dégager enfin. En route pour la déchetterie. Quelques jeunes gitans, à quelques mètres de la décharge faisaient mine de faire la circulation, ils souriaient, joyeux. Le bonheur se loge où bon lui semble. J’ai accosté plus loin l’ouvrier dont la fonction est d’indiquer dans quelles bennes il faut déposer les encombrants. J’aime bien cet habitué des lieux qui salue avec élégance « voyons… un peu de ferraille, des cartons … benne 4 et 6 » Échange de sourires chaleureux « J’ai aussi des petits cailloux, ce sera quelle benne ?» « Les gravats c’est la 10 » J’ai claironné avant de filer aux bennes spécifiques un grand « Merci ! Au-revoir monsieur ! ». Coup de clairon vocal de la femme hyper-active. De retour à la maison, je me suis aperçue que j’avais oublié quelques cailloux, résidus de mes travaux pour ameublir le sol et quelques mottes de vieille terre, provenant du déracinement d’herbes envahissantes. « Bon eh bien, j’y retourne », les jeunes gitans avaient déserté l’entrée, je me suis amenée vers l’homme en question, qui après un coup d’œil à l’arrière de la voiture m’a de nouveau renseignée « La terre aussi ce sera pour la benne 10 ». Léger rougissement de sa part à cause du soupçon qu’a engendré ce retour en trombe. Pas grave, je lui ai adressé un sourire qui a dû lui rappeler celui des gitans qui font parfois la circulation devant la déchetterie et m’en suis allée. La vie se fait belle aux moments les plus inattendus.
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27/10/2011
Déjà pas si mal
Télé et cinéma remplacent difficilement un bon livre. Le cheminement personnel du lecteur potentiel est mis de côté au profit de la version cinématographique. La vision en images peut paradoxalement finir par figer les choses si l’interprétation du texte est fausse, réductrice, ou relève d’une instrumentalisation politique, d’un détournement du sens initial. Par le biais d‘images assénées sur grand et petit écran, on peut travestir méchamment la réflexion d’un auteur. Je conçois qu’il est possible aussi de transformer un mauvais livre, en le prenant comme point de départ, en bon film. Celui que j’ai regardé hier s’est inspiré de la "vraie vie de vrais gens", j’y ai retrouvé le travestissement évoqué plus haut, à travers la réalité tronquée qui nous était présentée. À mon avis, les improvisateurs que sont les gens en difficulté sociale se font trahir dans ce film, pareils à des auteurs privés de la possibilité d’écrire leur propre histoire, tant l'image qu'on leur donne d'eux-mêmes y est débilitante. Éviter de se soumettre au défilé d’images pour garder cette capacité d’aimer qui conjure le sort, ce n’est déjà pas si mal.
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