Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/01/2014

Monsieur Ouine au lieu de Le Glaude, du Bombé et de La Denrée

Je n'ai pas trouvé René Fallet à la bibliothèque municipale de Béthune, pourtant il a écrit pas mal de livres qui seraient assez connus.  Patrick me voyant déçue me dit  "tu l'trouves pas ?"  sous entendu : René Fallet puis  il dirige son index vers un pavé et commente, consolateur : "Regarde, il y a plein de bouquins de Bernanos, là." "Là", c'était le rayon d'en face. Il déloge le pavé de la rangée de livres et me le tend. Bernanos en effet.

 Les orientations politiques ne définissent pas un homme comme cet auteur qui a tellement crié contre son camp. Il s'en est retrouvé à la fin  je pense en situation d'électron libre, si l'on peut dire. 

 

Préface de Michel del Castillo


"Comme Céline, comme tant d'autres, Bernanos a surgi des tranchées de 14. Rescapé de cette boucherie, il contemple le monde avec des yeux dessillés. Fils de paysans, pétri de la boue d'Artois, il a vécu, avec horreur et fierté, une guerre de paysans enterrés vivants. Quand il se lève de cet ossuaire, il fixe sur les années folles le regard d'un revenant. Était-ce ça, le sens de ce sacrifice qui a ravagé le pays ? (...)

 "Tous ses romans portent la marque de ce dégoût. Ils proviennent de cette révolte initiale. Ils vomissent la même abjection. (...) Ses curés diront l'impuissance, la solitude, et, surtout, l'échec. Ils balbutieront des propos incohérents, exhiberont leur balourdise, montreront leur grossièreté de paysans mal dégrossis. Sous leur allure fruste, ces prêtres oubliés dans d'obscures paroisses sont aussi des visionnaires. Ils déchiffrent, non les apparences, mais le for le plus intérieur. Ils rencontrent Satan, devisent avec lui, cheminent à ses côtés. Des illuminations les déchirent. Ils tentent de dire l'inexprimable et ils ne parviennent qu'à susciter la risée de leurs paroissiens, l'inquiétude de leurs supérieurs, l'indignation de la hiérarchie. Ils ne servent à rien, strictement, sauf à déranger l'ordre du monde. (...) Des trois vertus théologales, l'une, la foi, vacille ; la charité s'use en vain ; ne reste que l'espérance, qui porte le grand chant bernanosien, d'un bout à l'autre de sa vie."

Michel del Castillo

  

 

 

21:56 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)

02/01/2014

Le hameau Les Gourdiflots

Le hameau Les Gourdiflots se trouve dans un village de l'Allier où  vécurent le temps d'un livre deux personnages inoubliables : le Glaude et son ami le Bombé (à cause de sa bosse dans le dos.)

Ces deux-là ne sont pas romantiques façon  19e siècle, loin s'en faut, ils le sont toutefois mais à leur manière plutôt rabelaisienne, par un atavisme gaulois de bon aloi pourrait-on dire ; retirés qu'ils sont dans leur hameau, loin de toute vie moderne, ils s'adonnent parfois le soir, sous un beau ciel étoilé, tout en buvant quelques canons, à un concours de pets. Un soir où ceux-ci sont particulièrement virulents, des éclairs et un tonnerre fracassant répondent à chaque vent long et sonore que s'envoient les protagonistes. Un peu plus tard, lorsque chacun est rentré chez soi et commence à s'endormir,  comme si le ciel avait entendu leur prière, un extra-terrestre débarque en soucoupe volante et se dirige droit chez le Glaude.

   Vous avez reconnu le scénario de La soupe aux choux joué par Louis de Funès, Jean Carmet et Jacques Villeret.  Je me suis laissée embarquer dans le film ce soir. Je le découvrais. Surprise ! ce n'était pas un navet selon l'a priori que j'en avais, au contraire. J'ai aimé la façon de jouer le Glaude de Louis de Funès, poétique. De plus le film s'est révélé porteur d'une dimension politique inattendue et là encore, de bon aloi. On y voit un monde moderne s'emballer avec force cynisme, un maire pris de la folie de "l'expansion économique"  qui saccage soudainement le hameau à coups de lotissements hideux et les deux acolytes, vulnérables et touchants, prendre leur chat, quelques hardes, et rejoindre la soucoupe avec l'extra-terrestre.

  Le film est tiré d'un roman de René Fallet qui s'intitule lui aussi La soupe aux choux. Cet auteur était engagé politiquement. J'ai retrouvé, à propos de politique un témoignage du combat de Tassadit : http://www.europe1.fr/France/Immolation-Tassadit-est-mort...

00:51 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

29/12/2013

Un petit bout

 

Petits bouts de ceci, de cela, le grignotage a du bon. Aujourd'hui je vous propose un "bout" de la présentation par Marie-Madeleine Fragonard de l'œuvre de George Sand.

L'extrait :

"Revenons aux années 1830. Il y eut en huit ans — de 1831 à 1838 — beaucoup plus de romans que d'amants. Les trois premiers romans ont fait de George Sand à la fois un auteur à succès, un symbole de la lutte féministe, et l'avatar féminin des grands désespérés romantiques. Des cancaniers de son temps à son biographe André Maurois inclus, on cherchera dans "l'impuissance"  de son héroïne Lélia le secret de sa vie. Comme si le roman ne pouvait être que la vie, le cri d'un être, dès lors qu'il s'agissait des romans d'une femme et de destins féminins. Elle n'était pourtant pas la première, ni la seule, et l'influence de ses lectures se fait sentir au fil des pages : l'exotisme d'Indiana doit beaucoup aux Amériques de Chateaubriand  et aux îles de Bernardin de Saint-Pierre ; le type d'impuissance (absence de désir vital) de Lélia l'apparente à l'Oberman de Senancour et emprunte des discours à Nodier (qui ne passe pas alors pour l'aimable auteur des Contes).

Sand possède une culture de jeunesse qu'on aurait tort de sous-estimer pour lui prêter une spontanéité inculte : dès sa sortie du couvent, elle a dévoré la bibliothèque grand-paternelle, les philosophes du XVIIIe  siècle  et les auteurs classiques, les poètes modernes, beaucoup de Rousseau, de Chateaubriand et de Byron par lequel elle est fascinée. D'une certaine façon aussi, tous ses amis, Berrichons de la Châtre compris, sont des sources de savoir : elle leur emprunte au passage leurs centres d'intérêt,  médecine (Grandsagne) ou botanique, minéralogie et archéologie. Que dire de la richesse intellectuelle de ses amis parisiens qui ont pour nom Sainte-Beuve, Balzac, Delacroix, Lamennais, Franz Liszt et, plus tard, Proudhon et les socialistes de 1848." 

 

J'ai terminé la lecture d'Indiana. L'amour d'Indiana pour Ramon est semblable à celui de madame Bovary, le suicide rôde... je ne commenterai pas la fin pour ceux qui n'ont pas lu Indiana. Il y a parallèlement à la "petite histoire", la grande, qui ne fait pas que décorum ; aussi des coups d'œil incisifs de l'écrivain sur des évènements politiques de son époque (elle a été journaliste). Je pense qu'elle  a beaucoup observé les  caractères de personnages bien réels qui participaient de la politique de son temps et en a tiré l'inspiration pour camper notamment le personnage de Ramon  dans ce roman.

08:12 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)