29/12/2013
Un petit bout
Petits bouts de ceci, de cela, le grignotage a du bon. Aujourd'hui je vous propose un "bout" de la présentation par Marie-Madeleine Fragonard de l'œuvre de George Sand.
L'extrait :
"Revenons aux années 1830. Il y eut en huit ans — de 1831 à 1838 — beaucoup plus de romans que d'amants. Les trois premiers romans ont fait de George Sand à la fois un auteur à succès, un symbole de la lutte féministe, et l'avatar féminin des grands désespérés romantiques. Des cancaniers de son temps à son biographe André Maurois inclus, on cherchera dans "l'impuissance" de son héroïne Lélia le secret de sa vie. Comme si le roman ne pouvait être que la vie, le cri d'un être, dès lors qu'il s'agissait des romans d'une femme et de destins féminins. Elle n'était pourtant pas la première, ni la seule, et l'influence de ses lectures se fait sentir au fil des pages : l'exotisme d'Indiana doit beaucoup aux Amériques de Chateaubriand et aux îles de Bernardin de Saint-Pierre ; le type d'impuissance (absence de désir vital) de Lélia l'apparente à l'Oberman de Senancour et emprunte des discours à Nodier (qui ne passe pas alors pour l'aimable auteur des Contes).
Sand possède une culture de jeunesse qu'on aurait tort de sous-estimer pour lui prêter une spontanéité inculte : dès sa sortie du couvent, elle a dévoré la bibliothèque grand-paternelle, les philosophes du XVIIIe siècle et les auteurs classiques, les poètes modernes, beaucoup de Rousseau, de Chateaubriand et de Byron par lequel elle est fascinée. D'une certaine façon aussi, tous ses amis, Berrichons de la Châtre compris, sont des sources de savoir : elle leur emprunte au passage leurs centres d'intérêt, médecine (Grandsagne) ou botanique, minéralogie et archéologie. Que dire de la richesse intellectuelle de ses amis parisiens qui ont pour nom Sainte-Beuve, Balzac, Delacroix, Lamennais, Franz Liszt et, plus tard, Proudhon et les socialistes de 1848."
J'ai terminé la lecture d'Indiana. L'amour d'Indiana pour Ramon est semblable à celui de madame Bovary, le suicide rôde... je ne commenterai pas la fin pour ceux qui n'ont pas lu Indiana. Il y a parallèlement à la "petite histoire", la grande, qui ne fait pas que décorum ; aussi des coups d'œil incisifs de l'écrivain sur des évènements politiques de son époque (elle a été journaliste). Je pense qu'elle a beaucoup observé les caractères de personnages bien réels qui participaient de la politique de son temps et en a tiré l'inspiration pour camper notamment le personnage de Ramon dans ce roman.
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