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22/07/2014

le livre acheté en 1979

Il s'agit d'un pavé d'environ 680 pages d'épaisseur, de 24 cm de long pour 16 de large, un beau gros pavé  qui s'intitule LES MYTHES GRECS, édité chez Fayard, de Robert Graves, traduit de l'anglais par Mounir Hafez.

Je l'ai acheté en 1979 à la Fnac de Toulouse. Le début de l'introduction :

 

" Les légats de l'Église catholique, au Moyen Age, apportèrent en Angleterre, outre le corpus de l'histoire sainte, un programme universitaire européen fondé sur les classiques grecs et latins. On pensait alors que les légendes liées à certains pays, celles du roi Arthur, de Guy de Warwick, de Robin des Bois, de la Sorcière Bleue de Leicester et du roi Lear, par exemple, avaient été conçues pour la masse ; le clergé ainsi que les classes cultivées au début de la période des Tudor prenaient connaissance des mythes dans Ovide ou Virgile, et dans les récits de la guerre de Troyes qui figuraient dans les livres en usage dans les collèges. Bien que la littérature anglaise officielle du XVIe au XIXe siècle ne soit intelligible qu'à la lumière de la mythologie grecque, les classiques sont actuellement tombés dans une telle défaveur qu'il semble naturel de nos jours qu'une personne cultivée ignore qui étaient par exemple Deucalion, Pélops, Dédale, Œnoné,  Laocoon ou Antigone. Depuis deux mille ans environ, il est d'usage de rejeter les mythes en les considérant comme des élucubrations bizarres, issues des phantasmes de l'imagination et que la pensée grecque, encore dans les limbes, nous aurait léguées ; quant à l'Église, elle les déprécie afin de mettre en valeur l'enseignement spirituel de la Bible qu'elle considère comme plus important. Cependant il convient de ne pas sous-estimer la valeur des mythes si l'on veut étudier les religions et les sociétés primitives ainsi que l'histoire de l'Europe des premiers âges.

 

"Chimérique" est la forme adjectivale du substantif chimaera, qui signifie "chèvre". La chimère ne devait pas sembler plus étrange, il y a quatre mille ans, que ne le sont de nos jours un symbole religieux, un blason, ou une marque commerciale. La chimère était un animal hétéroclite, de pure convention, formé (comme le rapporte Hésiode) d'une tête de lion, d'un corps de chèvre et d'une queue de serpent. On a découvert un relief de chimère sur les murs d'un temple hittite à Carchemish, et c'était sans doute, à l'origine, de même que d'autres animaux composites comme le sphinx ou la licorne, un symbole illustrant le calendrier : chaque partie du corps représentait une saison de la Reine du ciel — de même (selon Diodore de Sicile) les trois cordes de sa lyre faite d'une carapace de tortue. Cette année primitive à trois saisons a été étudiée par Nilsson dans Le Calcul du Temps chez les Anciens (1920). A vrai dire, il n'y a que peu d'éléments dans l'énorme corpus  un peu désordonné de la mythologie grecque — qui a fait des emprunts à la Crète, à l'Egypte, à la Palestine, à la Phrygie, à la Babylonie — que l'on soit en droit de considérer comme de véritables mythes comme c'est le cas de la chimère. On pourrait définir le mythe véritable comme un spectacle rituel  ou rite mimé donné en représentation au cours de fêtes publiques, et dont des scènes figuraient souvent sur des murs de temples, sur des vases, des sceaux, des coupes, des miroirs, des coffres, des boucliers, des tapisseries, etc. La chimère et les autres animaux avaient probablement un rôle de premier plan dans ces représentations théâtrales, qui, racontées ou figurées, constituaient la source essentielle, la suprême référence pour les lois religieuses de la tribu, du clan ou de la cité. Les sujets de ces spectacles étaient les procédés magiques en usage dans les temps archaïques qui assuraient la fertilité ou la stabilité du royaume d'un roi ou d'une reine sacrée — les royaumes gouvernés par des reines ayant, semble-t-il, précédé les royaumes gouvernés par des rois dans tous les territoires de langue grecque — et on les modifiait si les circonstances ou la situation l'exigeaient. L'essai de Lucien : De la Danse  comporte une liste impressionnante de spectacles rituels au IIe avant JC ; par ailleurs la description que fait Pausanias des peintures qui décoraient le temple de Delphes et des scènes gravées sur le coffre de Cypsélos, indique qu'il existait à cette époque un grand nombres de récits mythologiques très variés, dont aucune trace ne subsiste plus de nos jours.

Il convient de distinguer le mythe véritable :

 

1) de l'allégorie philosophique, comme dans la cosmogonie d'Hésiode ;

 

2) de l'explication étiologique des mythes dont le sens est perdu pour nous, comme c'est le cas pour Admète attelant ensemble un lion et un sanglier à son char ;

 

3) de la satire ou de la parodie, comme c'est le cas du récit que fait Silène au sujet de l'Atlantide ;

 

4) du récit romanesque : l'histoire de Narcisse et Echo ;

 

5) de l'histoire romancée : l'épisode d'Arion et du Dauphin ;

 

6) du roman de ménestrel : l'histoire de Céphale et Procris ;

 

7) de la propagande à des fins politiques : la fédération de l'Attique par Thésée ;

 

8) de l'histoire morale : le collier d'Eriphyle ;

 

9) de l'anecdote humoristique : le récit d'alcôve d'Héraclès, Omphale et Pan ;

 

10) du mélodrame pour le théâtre : l'histoire de Thestor et ses filles ;

 

11) de l'épopée héroïque comme le thème principal de l'Iliade ;

 

12) du récit réaliste : la visite d'Odysseus aux Phéaciens. "

 

La suite demain. 

 

 

     

 

 

 

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21/07/2014

Le cerf se voyant dans l'eau

J'aime depuis toujours les fables de La Fontaine, un site à ce sujet avec la page du Cerf se voyant dans l'eau : http://www.lafontaine.net/lesFables/afficheFable.php?id=114

 

THE HERON (VII, 4)
One day went strutting on the river's banks,

The long-necked heron--long beak and spindle-shanks.
The stream was clear as on the finest days,
While Mother Carp a thousand gambols plays
With Father Pike, attracted by the rays.
They came so near, 'twas just as heron might please,
He could have gulped them up with ease ;
          But he thought fit to stroll along,
          Until his appetite got strong.
He lived by rule, had stated hours for food.
His stomach came, and now, with greedy eyes,
The bird approached the border of the flood—
Saw tenches from their low abode arise.
That dish displeased him ; with disdainful air
He lounged along to look for better fare,
Something like Horace's disdainful rat.
“ Tenches !” he cried, “" a heron stoop to that !
Whom do they take me for, or what ?”
Tenches rejected, gudgeons hailed him next‑
“A heron dine on gudgeons ! ” cried he, vexed ;
                 “ Open for these my beak !
                 I'd rather fast a week.”
At last he oped it for a homelier dish,
When he no longer saw a single fish ;
Hunger came fast, and glad was he that day
To feast on snails that could not run away.
          To be so nice is not quite wise,
          For they do well, and only such,
          Who run no risks to gain too much.
Beware, and nothing good despise,
Above all, when so near your fickle wish.
But here no more about the heron’s dish,
Mortals, I speak to you, and let me tell
Another tale that suits my lesson well.

http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/sevnanimalsheron.htm

 

Le Héron

Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où,
Le Héron au long bec emmanché d'un long cou.
Il côtoyait une rivière.
L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ;
Ma commère la carpe y faisait mille tours
Avec le brochet son compère.
Le Héron en eût fait aisément son profit :
Tous approchaient du bord, l'oiseau n'avait qu'à prendre ;
Mais il crut mieux faire d'attendre
Qu'il eût un peu plus d'appétit.
Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
Après quelques moments l'appétit vint : l'oiseau
S'approchant du bord vit sur l'eau
Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux
Et montrait un goût dédaigneux
Comme le rat du bon Horace.
Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse
Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?
La Tanche rebutée il trouva du goujon.
Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un Héron !
J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !
Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu'il ne vit plus aucun poisson.
La faim le prit, il fut tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon.

Ne soyons pas si difficiles :
Les plus accommodants ce sont les plus habiles :
On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner ;
Surtout quand vous avez à peu près votre compte.
Bien des gens y sont pris ; ce n'est pas aux Hérons
Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ;
Vous verrez que chez vous j'ai puisé ces leçons.

 

 

23:27 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

20/07/2014

Les mots

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J'ai lu Œdipe, la pièce de Sophocle hier après-midi. J'ai acheté le fascicule édité par Librio il y a un an ou deux ans, qui coûtait deux euros. Les mots qui reviennent souvent dans cette pièce sont ceux que l'on entend encore dans la bouche de certains politiques aujourd'hui qui eux aussi ont le sens de la dramaturgie pour des thèmes qui leur tiennent à cœur, des mots comme notamment : félon et lignée.... que l'on peut retrouver souvent aussi par ailleurs dans les livres du moyen-âge sur fond de culture chrétienne. Félon, qui se reporte à la trahison, et lignée, à la capacité de reproduction d'une famille. Famille de haute lignée pour parler des nobles. Haut lignage. Cela nous viendrait de la culture plutôt plus méditerranéenne que celtique par exemple. Ce n'est pas une affirmation mais une impression. Les hommes d'aujourd'hui pour la plupart emploient le mot race tel qu'il est employé par les nobles grecs pour parler d'espèces animales. Ce qui me frappe dans la pièce c'est l'auto torture d'Œdipe qui avait d'abord commencé par prêcher l'ostracisme en prenant pour cible les éventuels assassins de l'ancien roi Laïos duquel il est le fils, mais à l'heure où il proclame le bannissement des assassins de celui-ci il ne le sait pas encore, non plus que c'est lui-même qui l'a tué. Le destin s'acharne sur Œdipe qui, en fuyant l'oracle le fait s'accomplir. Un destin qui s'annonce funeste mieux vaudrait donc le regarder en face, c'est la morale de l'histoire ? Car une morale il y en aurait une, qu'Œdipe paie au prix fort de la honte, d'un sentiment de souillure, qui le pousse à se crever les yeux, et sa mère à se pendre afin que le peuple sache comme c'est inique pour un fils et une mère de coucher ensemble. Sauf que ni l'un ni l'autre ne l'ont fait exprès. En dépit de quoi,  Sophocle semble dire que s'ils avaient eu des yeux pour voir (ou des oreilles pour voir et entendre comme le devin Tirsérias) ils se seraient rendu compte de leur lien de parenté. Le destin funeste serait cruel, exigeant de la profondeur de vue et d'entendement pour lui échapper... sans tomber dans un délire faustien, c'est à dire en se rappelant toujours que l'on est un simple humain. Difficile d'échapper au destin, mais possible. La planète Terre par exemple échappera-t-elle au destin que lui préparent les hommes ? Ou les hommes paieront-ils le prix fort pour l'avoir si peu respectée ? Ils paient déjà vous me direz avec raison.   

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