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03/06/2014

Prendre l'air

Hier  une sorte de mal être me prenait à la lecture d'un texte que j'interprétais mal ou peut-être pas d'ailleurs, mais c'était étrange qu'il me fasse cet effet. Réaction : j'ai continué la lecture dehors, dans un ancien parc pour enfant déserté quasiment de ses manèges et de tous les enfants depuis longtemps, il est situé aux abords du canal. Je me suis assise, sans exécuter la glissade au préalable, sur le bout de taule d'une rampe de toboggan déglingué, pour les  petits, si bien que j'avais juste la place pour caser mon postérieur. Les herbes hautes m'entouraient de partout, de là où j'étais j'entendais le clapotement des péniches et ne voyait d'elles que leurs petits drapeaux. J'ai noté un apaisement progressif, j'ai fini par lire sereinement le texte, j'ai eu le recul nécessaire pour réfléchir, et réfléchir, c'est se calmer et donc se défendre.

 

Je me suis souvenue de ce fait récent et presque anodin si l'on n'y fait pas attention, à cette lecture d'une phrase de Shakespeare, ce matin, reçue dans le Daily Ray :

 

"And this, our life, exempt from public haunt, finds tongues in trees, books in the running brooks, sermons in stones, and good in everything."

 

Que signifiait au juste "public haunt", une métaphore ? Je suis allée chercher la réponse chez un ado anglais (j'imagine que c'est un ado anglais ou américain, en raison aussi de sa tête blonde, mais bon, c'est juste histoire de décrypter les indices).  Il explique comme ceci "public haunt" :

 

" I think what ole'Willy is trying to say that human lives, outside of dealing each other (the public haunt) are tied to nature  and what we do in nature - and that the story can be found in many things -  and that ultimately, outside of the "public haunt" there is good in everything in the world.

meaning that nature is a perfect thing, and we, through our dealings with each other, often ruin things."

 

Je pense que ole'Willy essaie de dire que les vies humaines, en dehors des échanges entre humains, sont liées à la nature et à ce que nous y faisons - qu'une histoire (ou du sens) peut se trouver dans beaucoup de choses - et que, en fin de compte, en dehors du "repaire public", il y a du bon en tout dans le monde.

 

Ce qui signifie que la nature est une chose parfaite et que nous, à travers nos échanges, nous ruinons souvent les choses.     

 

https://answers.yahoo.com/question/index?qid=200804020948...

10:12 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)

02/06/2014

Le reportage : les messieurs n'ont qu'à bien se tenir

Un reportage qui m'a espantée hier soir. A propos du nouvel état d'esprit de jeunes femmes bien intégrées dans le tissu social (selon l'expression consacrée), on ne parle plus de bourgeoisie, de milieu ouvrier, c'est apparemment dépassé pour beaucoup aujourd'hui. Les jeunes personnes du reportage ont évolué dans un milieu qui leur a permis de se fondre sans problème, d'abord dans une scolarité normale, et d'en sortir ensuite avec la possibilité d'être autonome financièrement et moralement. Milieu français moyens : coiffeuses, esthéticiennes et personnes qui travaillent dans des bureaux : secrétaires, comptables. Cet éventail de population comprend des jeunes femmes d'un genre nouveau concernant leur vie amoureuse. Elles ont décidé de mener le jeu, ne laissent plus trop la place à l'imprévisible pour certaines qui ont connu des expériences négatives avec les garçons. Elles rendent la monnaie de la pièce à ceux qui leur ont donné la mauvaise impression d'avoir été des proies. Dans ce reportage : pas question de fraternité, même entre filles. Elles sont juste courtoises entre elles, polies et élégantes entre filles, pas sœurs, à la rigueur "organisées ensemble", en certains cas, notamment pour faire fonctionner un réseau de rencontres avec les garçons. Elles mènent le jeu : les garçons passent des entretiens, avec certaines d'entre elles, ils se font aussi jeter comme de vieilles chaussettes après consommation. Car, sans être spécifiquement des dingues de sexe, il leur arrive de consommer mais de façon très gérée, et, dans ce cas, elles peuvent avoir recours à des garçons que certaines appellent leurs sex toys. Bientôt, si elles sont contentes des prestations des garçons, on imagine qu'elles peuvent leur offrir un diamant... tant les rôles sont inversés. Espantant à mes yeux. Des aînés, philosophes de leur état, cherchent à venir en aide aux jeunes hommes paumés, qui se sentent des proies et l'un d'eux déclare qu'il faudrait, sans vouloir jouer aux réac, que les garçons reprennent le dessus, pour bien.  Les femmes de ma génération sont dépassées. Ces jeunes ne veulent plus être des victimes un point c'est tout.

 

Suite à cette note, voici un extrait d'une nouvelle d'Arthur Miller qui s'intitule : le manuscrit primitif.

 

"Il pensait souvent de lui-même qu'il avait perdu un don, presque une sainteté. À vingt-deux ans, lauréat du Neiman-Felker Award et, peu après, du Boston Prize, il avait tranquillement profité d'une onction qui, entre autres bénédictions, allait l'empêcher de jamais vieillir. Au bout de dix ans de mariage, il s'était mis à chercher cette bénédiction dans la compagnie de femmes, parfois même dans l'intimité de leurs corps. Son allure adolescente, sa tignasse, son physique compact et son rire spontané, mais surtout sa distraction inoffensive, avaient poussé certaines femmes à l'adopter pour une nuit, pour une semaine, parfois quelques mois, jusqu'à ce que lui ou elles s'en aillent, distraits par autre chose. le sexe l'avait ranimé, mais uniquement jusqu'à ce qu'il se retrouve devant la page blanche, où il faisait de nouveau l'expérience du silence de la mort.

 

Pour sauver leur mariage, Lena l'avait dirigé vers la psychanalyse, mais l'aversion qu'il ressentait en tant qu'artiste à fouiner dans sa propre tête et le risque de remplacer son aveuglement magique par un sens commun ordinaire l'avaient tenu loin du divan. Néanmoins, il avait graduellement accepté, devant l'insistance de Lena — elle était diplômée de psychologie sociale —, l'idée que son père l'avait peut-être traumatisé bien plus profondément qu'il n'avait jamais osé l'admettre. Éleveur de poulets dans une région déprimée proche de Peekskill, sur l'Hudson, Max Zorn éprouvait un besoin fanatique de discipliner son fils et ses quatre filles. À l'âge de neuf ans, Clément, ayant accidentellement décapité un poulet en refermant une porte sur son cou, avait été bouclé dans une cave à pommes de terre, sans fenêtre, pendant toute une nuit, et jamais plus au cours de sa vie il n'avait pu dormir sans une lumière allumée."  

Arthur Miller 

08:29 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)

30/05/2014

J'ai lu + un petit mot perso

J'ai  lu ceci dans un blog, et j'ai trouvé le propos costaud, propre à alimenter la réflexion :

 

"Parce que je refuse de simplement constater. Parce que j'ai toujours pris mes responsabilités, quitte à ce que chacun en profite pour prendre sa part de plaintes et me lapider avec plaisir, gratuitement, sans aucune réflexion et surtout avec facilité. Si la morale voulait qu'on soit ivre ou raide constamment je serais un champion. Mais eux sont tout simplement morts sans s'en rendre compte et je n'arrive même plus à ressentir du mépris ou de l'indifférence. L'échange n'existe plus, il faut juste donner.


Oui, je refuse de simplement constater que les gens deviennent fous, que leur gentillesse n'est que masque alors qu'ils sont prêts, à la moindre occasion, à t'accuser de tous leurs malheurs. Putain, qu'ils souffrent un peu et que le pognon, le couple et leur putain de boulot ne soient que des moyens et non des fins en soit."

http://ecransdemikeb.hautetfort.com/

 

Belle maturité ce jeune homme.

 

Hier j'ai vu très tard le soir, un film qui tourne autour du thème de la maison close. Les filles sont comme des sœurs, pas de disputes entre elles, une sorte de couvent dont la religion est le sexe. Les hommes qu'elles aiment et "briguent" sont des bourgeois inintéressants en général. Si bien que je me demandais pourquoi en faire tant pour eux, en valaient-ils vraiment la peine ? Mais oui, bécassine de moi : même si ça n'a pas toujours l'air d'être seulement pour l'argent, c'est le but du jeu grosso modo. Mais un jeu truqué d'avance et elles le savent, comme si elles se fourvoyaient en connaissance de cause, ce qui est un non sens, mais traduit bien leur état d'esprit. Elles ne se font pas d'illusions sur la maquerelle, qui les met en situation de dette, ni sur les hommes, rarement réellement généreux. Mais en même temps, elles ont besoin l'une de l'autre, de se reconnaître entre elles, comme des sœurs. Un prix de la fraternité cher à payer. Presque toutes déclarent qu'à la retraite, elles seront contentes de ne plus avoir à faire l'amour. J'ai noté que la maquerelle, ex prostituée saturée de sexe,  surveille certaines scènes de cul, sans avoir l'air vicieux, juste bienveillante envers nombre de ces filles et hommes aussi, et peinarde la dame avec son petit air attendri. Elle se dit en fait "ça fonctionne". Les prostituées qu'on voit dans ce film sont fragiles, solidaires, éperdues entre elles, perdues pour et dans la société. Certains hommes sont des monstres d'inconséquence, un seul, Maurice, se montre humain de fond en comble. "Sa" prostituée, puisqu'il la fréquente depuis plusieurs mois, lui écrit-il, fait partie des siens. Et lorsqu'elle attrape la syphilis, il envoie de l'argent à la maquerelle afin qu'elle ne la mette pas dehors et pourvoie aux soins. Rien n'est simple, comme quoi juger est très con dans ce cas de figure.    

 

08:51 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)