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21/05/2021

Bonjour Joseph ! ♣♣♣ Respire !

 

Olivier-Marie Rousseau

 

 

Joseph, le juste, reçoit dans la joie ce cadeau inestimable du Fils de Dieu en accueillant chez lui Marie, sa fiancée. La justice de Joseph se manifeste ici dans son obéissance de foi. Il fallait une confiance inconditionnelle en la Parole de Dieu pour oser accueillir un tel cadeau. L’obéissance de la foi consiste à croire en l‘amour de Dieu pour nous en recevant le cadeau inouï qu’Il nous fait en Son Fils. Cela exige de s’oublier soi-même et de ne pas s’arrêter à sa misère humaine afin d’ouvrir son cœur à la gratuité absolue d’un Amour qui surpasse toute compréhension. Confions-nous pour cela à l’intercession de Joseph. Qu’il nous obtienne par son exemple et sa prière cette audace de la foi. Il nous faut pouvoir croire que ce cadeau est pour nous, comme il l’est pour tous et pour chacun! Puissions-nous ainsi accueillir ce don dans une foi pleine et entière afin de faire la joie de Dieu, Lui qui a fait sienne notre pauvreté afin que nous puissions faire nôtre Son infinie tendresse.

 

 

Olivier-Marie Rousseau, Homélie du 4e dimanche de l’Avent – 18 décembre 2016 (carmel.asso.fr)

 

 

♣♣♣

 

Penser aux autres et à soi-même ! Ce n'est pas antinomique.

 

Respire !

 

Voilà une séance de respiration, parmi d'autres :

 

https://youtu.be/3jcV-KO4dV8

 

Pas de courses en grande surface aujourd'hui, pas de défilés de pubs, j'optimise les fonctions de my brain !

 

Ici :

 

https://youtu.be/EzIpx6-WX4M

La nouvelle s'intitule : La vieille femme noire de Brooklyn

Jacques Antoine, Pierre Bellemare et Marie Thérèse Cuny on écrit ensemble les nouvelles rassemblées dans un livre intitulé Dossiers secrets. J'ai trouvé ce livre sagement déposé dans une boîte à livres de mon quartier, près des immeubles de Catorive. De beaux petits immeubles tranquilles où on a l'air de beaucoup lire et d'aimer partager (pour le plaisir que procure le partage !).

 

La nouvelle : La vieille femme noire de Brooklyn

 

"Dans un commissaire de Brooklyn, vers cinq heures du matin, en plein été, il y a foule : la nuit a rejeté, comme une vague sur une plage, les débris de la nuit : ivrognes endormis, prostituées livides, visages de clowns tristes aux yeux cernés de noir, et que l'aube rend fantomatiques, deux ou trois voleurs à la tire, une vieille femme noire et résignée et un journaliste mal réveillé. 

 

 

Lorsque le journaliste est arrivé, morose, pour consulter la liste des arrestations et quêter la matière de sa rubrique de faits divers, la vieille femme était déjà là. Assise sur la banquette de bois, les mains sur les genoux, les yeux clos, elle semblait prier ou dormir. Le jeune journaliste l'a remarquée, tout simplement parce qu'elle était le seul visage noir ce matin-là. Puis il s'est mis à discuter avec le policier de service. 

 

 

— T'as du neuf, Mike ?

 

— Un petit voyou si ça t'intéresse, meurtre au premier degré, une histoire de rackett. J'attends la voiture de patrouille, ils l'amèneront dans un moment.

 

 

Le jeune journaliste hoche la tête. Il attendra. Il se sert un gobelet de café au distributeur, et son regard tombe à nouveau sur la vieille femme. Cette fois, il remarque qu'elle porte des balafres au visage, de longues cicatrices fines et ciselées dans la peau, à peine visibles au milieu des rides. Elle est étrange cette femme. Immobile et étrange. 

 

— Qu'est-ce qu'elle a fait, Mike ?

 

— Qui ? La vieille ? Rien, elle est un peu zinzin, elle parle de son fils, elle dit qu'on l'a tué cette nuit, mais pas moyen de lui faire dire où ça s'est passé. Une cliente pour l'hôpital, le chef décidera quand le toubib aura fait sa tournée.   

 

La vieille femme ouvre les yeux, regarde devant elle avec lassitude et se lève. Aussitôt le policier l'interpelle, brutal.

 

— Eh... Où tu vas, toi ?

 

— Je m'en vais, vous ne faites rien pour mon fils.

 

— Ton fils, ton fils.... Il est où ton fils, hein ? T'es pas fichue de le dire ! On s'en va pas comme ça ! T'as parlé d'assassinat, le chef voudra savoir ce que t'as dans le crâne. Assis ! Et on ne bouge plus, ou je te mets dans la cage avec les autres.

 

— Ma tête me fait mal, je veux partir...

 

— Pas d'histoire, hein ? Si ton crâne est malade, le toubib verra ça...

 

En bougonnant, Mike boucle la porte du commissariat et lève les bras au ciel :

 

— Une dingue ! Manquait plus que ça ce matin ! Depuis la rafle de minuit, ça n'a pas arrêté de piauler et de m'insulter toute la nuit. Ce vieux dégoûtant-là a recraché toute sa bière dans la cellule, et il faudrait encore que j'écoute une vieille peau, noire, à moitié folle !

 

Les années soixante aux États-Unis sont les années dures du racisme. Et même un vieux policier comme Mike, qui n'est pas méchant au fond, ne peut s'empêcher d'employer des termes injurieux pour cette femme digne, qui n'a fait de mal à personne. Mais c'est ainsi, un réflexe conditionné : il l'a traitée de vieille peau noire, comme il a traité l'ivrogne de vieux dégoûtant. Des qualificatifs sans importance pour lui. Depuis tant d'années qu'il fait ce métier, il a l'impression d'être le gardien d'un troupeau hétéroclite.

 

— Tous des dingues, des alcooliques ou des chiffons de trottoirs !

 

— Je peux lui parler, Mike ?

 

— Sûr ! Si ça t'amuse, elle est pas en état d'arrestation, je la garde au chaud parce qu'elle a parlé d'assassinat, mais le chef la mettra sûrement dehors, à moins que le toubib la fasse embarquer ! Vas-y mon gars, si t'as du temps à perdre !

 

Earl Tagger, vingt-cinq ans, jeune journaliste stagiaire en mil neuf cent soixante, étudiant en droit et démocrate, s'intéresse au problème noir dans son pays. Mais ça n'est pas uniquement pour cela qu'il s'approche de la vieille femme. Il a le sentiment qu'elle veut dire quelque chose, qu'elle porte un secret, et après tout, elle a  parlé d'assassinat et il est journaliste.

 

Earl est grand, cheveux en brosse, sourire gentil, pantalons de jeans et baskets aux pieds. Il se penche sur "la vieille peau noire", avec une courtoisie qui lui est naturelle.

 

— Vous êtes malade, madame ?

 

— Malade, oui mon garçon. Je souffre la mort.

 

— Que vous est-il arrivé ?

 

— Tu n'es pas policer, toi ?

 

— Non, madame, je suis journaliste, enfin j'apprends mon métier.  On ne me paye pas pour l'instant. Je peux faire quelque chose pour vous ?

 

— Je ne sais pas, mon garçon. Mon fils est mort, je l'ai senti dans ma tête vois-tu, il est mort et ça m'a fait mal, une grande douleur qui sonne encore dans mon crâne...

 

— Comment est-il mort ?

 

— Je ne sais pas, garçon. Mais c'est comme si on m'avait tuée moi-même. J'ai vu son visage et tout a éclaté.

 

— Comment ça, madame, je ne comprends pas ? Vous étiez là ? Vous étiez présente ?

 

— Oh mon garçon, je n'étais pas là, je n'ai pas vu mon fils depuis bien longtemps...

 

— Alors, comment savez-vous ?

 

— Je sais ! Sa mort est venue jusqu'à moi, dans mon fauteuil. Je ne dormais pas, j'étais inquiète, il faisait chaud, alors j'ai ouvert la fenêtre...

 

La vieille femme raconte en fermant les yeux d'une voix lasse :

 

— ... J'ai tiré mon fauteuil devant la fenêtre, et j'ai regardé dehors, la nuit, les lumières, je respirais mal. J'ai fermé les yeux pour essayer de m'endormir, et tout à coup, j'ai vu le visage de Mathieu, mon fils, comme s'il était devant moi, comme je te vois mon garçon, j'aurais pu le toucher.

 

— Vous rêviez peut-être ?

 

— Oh non ! Presque aussitôt, j'ai senti un grand choc dans ma tête, une grande douleur, comme si elle éclatait, et le visage de mon fils a disparu, alors j'ai su qu'il mourait, il est mort dans ma tête, tu comprends garçon ? Une mère peut savoir ça. Chez les Mandingues de l'ancien temps, on savait ça...

 

— Qui sont les Mandingues ?

 

— C'est ma race, garçon, une bonne race venue d'Afrique, les hommes de chez nous étaient les plus beaux esclaves et les plus chers aussi. Mon arrière-grand-père a été amené dans le Sud. Là-bas, il servait d'étalon pour les autres esclaves. Ma famille à moi mon garçon, c'était des Dioulas de race magnifique, à présent il n'y a plus rien de tout cela... Plus rien... Mon père a travaillé dans les égoûts, il était venu dans le Nord pour être libre, et mon fils, lui, il ne voulait pas travailler pour les blancs. Il est parti très jeune, il disait : "puisque les blancs nous ont volé, il faut les voler aussi", et je ne sais ce qu'il a fait. De temps en temps il revenait me voir ; parfois bien habillé, avec des dollars dans les poches, d'autres fois parce qu'il avait faim et ne savait pas où dormir... et puis le temps a passé, et j'ai vieilli sans le revoir. Il a plus de quarante ans à présent, il ne savait pas que je pensais à lui tous les jours. Une mère pense à son fils tous les jours. Elle a peur pour lui, s'il n'est pas là, parce qu'elle ne peut pas le protéger. Mais Dieu m'a fait connaître sa mort, il ne m'a pas abandonnée. A présent je veux son corps. C'est pour ça que je suis venue à la police, mais ce vieil idiot de flic là-bas, il ne comprend rien. Comment est-ce que je peux faire pour retrouver mon fils ? Où est-il ? Sa pauvre tête est dans la rue, par terre, ou dans les poubelles, comme un chien... Il était si beau mon fils, un vrai Dioula, grand et fort ! Son père lui disait : "Fais de la boxe mon fils, va boxer les blancs sur un ring, ils te donneront de l'argent pour ça." Et il est mort... Il n'a jamais fait de boxe, il n'a jamais rien fait que d'avoir le cœur et le sang en révolte...

 

Earl Tagger ne sait trop quoi penser, et le récit de cette femme l'a ému plus qu'il n'ose l'avouer. Mais que faire pour l'aider ? Et comment prendre au sérieux le cauchemar d'une vieille femme ?

 

— Tu ne me crois pas garçon ? Et pourtant on a assassiné mon fils.

 

Il est mort assassiné, cette nuit, la pendule n'avait pas encore sonné trois heures. Sa tête a éclaté dans la mienne, comme si c'était la mienne, tu comprends garçon ? Tu comprends ? J'ai eu le goût de son sang dans ma bouche.

 

Le policier claque les doigts avec impatience :

 

— Eh... Earl ! Tu perds ton temps, j'ai un assassin pour toi ! Un vrai, ça t'intéresse oui ou non ?

 

— J'arrive Mike !

 

En quittant la banquette de bois, Earl Tagger serre la main de la vieille femme et, Dieu sait pourquoi, il dit :

 

— Je vais voir si je peux faire quelque chose... "

 

     

Fin de l'extrait.

07:24 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

Kahlil Gibran n'est pas un "cas limite", et moi comme lui ne le suis point

And life is veiled and hidden, even as your greater self is hidden and veiled. Yet when Life speaks, all the winds become words; and when she speaks again, the smiles upon your lips and the tears in your eyes turn also into words. When she sings, the deaf hear and are held; and when she comes walking, the sightless behold her and are amazed and follow her in wonder and astonishment.

 

~ Kahlil Gibran

 

C'est beau ! C'est divin !

 

 

Par ailleurs, j'ai expérimenté le rythme tout à l'heure alors que j'avais le coup de bambou classique que je reçois sur la tête après des courses en très grande surface,  ou lorsque j'ai oublié d'enlever le son après une longue page de publicité et autres choses mortifères du même acabit. Je vais alors "m'effondrer" sur le canapé.

 

 

Je me trouvais donc en triste état sur le canapé et, pour me sortir du coton, je me saisis du livre de fables de La Fontaine posé en livre de "chevet canapé" et tente d'en apprendre une, vaille que vaille. Vu l'état comateux dans lequel cette "sieste de l'assommée" me met je lis  ces phrases délicieusement rythmées et lorgnant dessus d'un œil las. J'ai eu la chance de tomber sur une fable où il n'était pas question de sots, genre "Dieu ne créa que pour les sots les méchants diseurs de bons mots", mais sur une fable  où La Fontaine n'est pas trop arrogant. De toute façon même lorsqu'il dit des choses bêtes et méchantes, il les dit avec une rythmique propre à réveiller les demi morts dans mon genre quand je sombre dans ce genre de sieste. Car oui, j'ai fini par dire tout haut la fable, non sans hésitation, tel un bébé marchant depuis peu. Nono qui semble beaucoup apprécier La Fontaine est venue ronronner sur mes genoux, et au final, j'ai bel et bien émergé, les idées claires, ma foi. Où vont parfois se nicher les miracles  ! La Fontaine, un homme "bien" quand bien même.

Patrick rentre du Centre-ville. Il me crie "Tu dors ?". Que non, j'ai écrit ces quelques lignes, fraîche comme un cardon. Merci le rythme.

 

Une idée claire me vient : et si l'on enlevait le statut "infirmier psychiatrique" pour le remplacer par infirmier tout court ? Ce serait le début d'un décloisonnement. On créerait des services où toubibs des nerfs malades, infirmiers tout court, kiné, animateurs, travailleraient en symbiose. Adieu le confinement !

 

J'entends en parallèle Patrick me dire que les gens sont aux anges dans le centre-ville. Comme une fête de la libération. De bonnes ondes donc.

07:22 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)