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29/06/2021

Au-dessous du volcan, de Malcolm Lowry

Extrait page 198 :

 

"Tout ceci avait pour nom Porfirio Diaz : des rurales partout, des jefe politicos, et l'assassinat, l'extirpation des institutions politiques libérales, l'armée engin de massacre, instrument d'exil. Juan le savait, l'ayant subi ; et davantage. Car pendant la révolution, plus tard, sa mère fut tuée. Et plus tard encore Juan lui-même tua son père, combattant de Huerta, mais qui avait trahi. Ah, la faute et l'affliction avaient marché sur les pas de Juan, lui aussi, car il n'était pas catholique pour sortir ravivé du bain froid de la confession.

 

Tout de même s'imposait cette banalité : que ce qui est passé est passé, irrévocablement. Et conscience avait été donnée à l'homme pour ne le regretter que dans la mesure où cela pourrait changer l'avenir. Car l'homme, tout homme, semblait lui dire Juan, juste comme le Mexique, doit sans cesse lutter pour s'élever. Qu'était la vie, sinon une guerre et le passage sur terre d'un étranger ? La révolution fait rage aussi dans la tierra caliente de toute âme d'homme. Nulle paix qui ne doive payer plein tribut à l'enfer —

 

"Pas possible ?"

 

"Pas possible ?"

 

Ils descendaient tous la colline d'un pas lourd — même le pas du chien, assoupi dans un soliloque laineux — vers une rivière, et voici qu'ils étaient dedans, le premier pas prudent et pesant en avant, puis l'hésitation, puis la progression par à-coups, cette titubation au pied sûr sous soi, si délicate pourtant qu'il en émanait une certaine sensation de légèreté, comme si la jument eût été en train de nager, ou de flotter dans l'air, vous faisant traverser avec la divine sûreté d'un saint Christophe plutôt qu'au moyen d'un instinct faillible. Le chien nageait en tête, idiotement suffisant ; les poulains, hochant solennellement leurs têtes émergées jusqu'à l'encolure, ballotaient à la queue : le soleil scintillait en eau calme qui plus loin en aval, là où se resserrait la rivière, se brisait en rageuses petites vagues, tourbillons et remous contre de noirs rochers tout auprès de la rive, prenant un air sauvage, presque un air de rapides ; au ras de leurs têtes manœuvrait un extatique éclair d'étranges oiseaux, exécutant loopings et tours à la Immelman à une vitesse incroyable, aérobatiques comme les libellules nouveau-nées.

 

[...]  "Votre cheval ne cherche pas à boire, Yvonne, rien qu'à se mirer dans l'eau. Ne lui tirez pas sur le mors."

 

"Je n'en faisais rien. Je le savais aussi", dit Yvonne, avec un petit sourire railleur.

 

Ils zigzaguèrent lentement au travers la rivière ; le chien, nageant comme une loutre, avait presque atteint la rive d'en face. Hugh sentait qu'il y avait une question dans l'air.

 

" — vous êtes l'invité de la maison, vous savez."

 

"Por favor." Hugh salua de la tête.

 

Malcolm Lowry

 

 

10:31 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

Entre la fiction et le documentaire ♣♣♣ Une enfant qui ne jouait pas mais observait ♣♣♣ Je surveille la rivière

Vu sur Arte un film entre la fiction et le documentaire. Un projet de complexe culturel et de loisirs est combattu par l'instituteur qui exècre les architectes massacreurs de prés, projet également combattu par la fille de l'instit, âgée de dix ans, elle trouve les arguments auprès du maire pour démontrer la nullité du projet, si bien qu'il ne contestera pas l'abandon de celui-ci pour différents prétextes invoqués par des "instances supérieures".

 

On discute de l'agriculture en péril, on prévoit que les villages risquent d'être urbanisés, sans âme, une fois les fermes vendues pour des bouchées de pain. C'était dans les années 1990...

 

Dans cette urbanité imposée en campagne, on voit aujourd'hui des maraîchers faire revivre des sols, cela n'était pas prévu à l'époque... ce sont des relais inespérés, sans compter les petites fermes qui veulent rester petites et s'organisent autour de circuits courts, d'alimentation locale. Tout n'est donc pas désespéré.

 

♣♣♣

 

Enfant, Jane Goodall ne jouait pas avec les autres enfants car elle préférait se cacher dans le jardin familial pour observer les animaux, dixit le site sur la biographie de Jane Goodall. Elle se cacha si bien un jour que ses parents l'ont cru disparue et ont appelé la police. La fillette était embusquée pour une observation d'on ne sait quel animal. Cela témoigne d'une force de caractère ou d'une intelligence hors norme car le jeu participe de la construction des enfants en principe. Jane Goodall a été en empathie avec les chimpanzés  toute petite, dès que son père lui eut offert une peluche de chimpanzé. L'ours est d'ordinaire plus coté. De ce fait la fillette rêva d'Afrique très vite, continent où elle pouvait rencontrer ses animaux préférés. Soit dit en passant elle ressemble physiquement à Sœur Marie Anna, mon institutrice de CM1, CM 2.

La vidéo :

 

 

 

♣♣♣

 

Il existe un médicament qui stimule quand vous avez besoin d'être stimulé, et qui relaxe quand vous cherchez la relaxation, ce médoc a pour nom La Fontaine, enfin, ses fables. Mais "Tout en tout est divers : ôtez-vous de l'esprit qu'aucun être ait été composé sur le vôtre" dit-il dans Le Cierge. Donc cet effet des fables m'est peut-être particulier après tout. Espérons pour vous que non. Cette nuit je n'ai pas utilisé ce médicament pour dormir car je surveille la rivière. Il s'est arrêté de pleuvoir il y a peu. Je suis allée voir la rivière, elle est montée presque au niveau de la route.

04:03 Publié dans Note, vidéo | Lien permanent | Commentaires (0)

28/06/2021

Je note que

Je note que dans le sud ouest, les écologistes ont le vent en poupe, dans les Hauts de France, ils se sont fait entendre avec plus de 20 pour cent. Espérons que les écologistes politiques à qui j'ai donné ma voix ne se comportent pas comme le disent leurs adversaires : en simples beaux-beaux snobinards, "allo maman bobo", j'en passe et des meilleures, que d'aucuns ne supportent point. Les écolos authentiques, aussi bien celui dans le ruisseau que le gros dans ses riches nippes les attendent au tournant, qu'ils se le tiennent pour dit quand ils feront le point.

 

Par ailleurs, pour parler d'autre chose, j'ai expérimenté un truc d'insomniaque pas plus tard qu'hier soir. Sans ce truc je pense que je n'aurais pas dormi de la nuit. L'astuce en question : se réciter mentalement des fables de La Fontaine allongé.e confortablement sous la couette, après la prière du soir. À la septième je me suis profondément endormie jusque cinq heures du matin où, à cette heure matinale je me suis intéressée à Rodilardus, personnage d'une fable de La Fontaine : un chat à qui les rats après de longs conciliabules  ont décidé d'attacher à son cou un grelot, afin de pouvoir se sauver à temps, sauf qu'aucun rat n'ose l'approcher, d'autant moins que la clochette en question ne manquerait pas de révéler la présence du héros. Rodilardus a donc encore de beaux jours devant lui, personne ne voulant se sacrifier parmi les rats. Et la Fontaine de bougonner : à quoi servent tous ces conciliabules si au bout du compte personne ne fait rien ?  On sent chez lui une tendresse pour les rats, et une nette défiance à l'encontre des chats. Voilà un auteur qui n'aime pas les souricières tant les souris lui sont sympathiques.

08:29 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)