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19/08/2020

Incroyable mais vrai

Une envie de pommes me prend. Pas besoin d'être enceinte pour avoir des envies. Je dis à mon ami que je vais faire une course au plus près. Lui aussi a envie de pommes.

 

J'arrive au niveau de l'enseigne la plus proche, je vois une dame sortir du parking masquée et me souviens du masque.

 

— Vous me faites penser au masque ! Je l'ai oublié. Mince ! Je dois faire demi tour.

 

— Mais non ! Ne faites pas demi tour, voyons ! Pas la peine de retourner chez vous, ils vendent des masques à la pièce à la caisse, justement pour ceux qui ont oublié. Moi, cela m'arrive souvent. Je le prends à la caisse.

 

— Merci, madame. C'est vrai que l'autre jour, j'en avais acheté un à la caisse... Bonne journée, madame !

 

Je vais donc au magasin. J'entre. Je me dirige vers une caisse et demande à la caissière de me vendre un masque afin de pouvoir faire mes courses. Une jeune femme de très petite taille, style naine comme on dit très inélégamment "harmonieuse",  (comme si les autres ne l'étaient pas), cette jeune femme donc, m'interpelle et me dit de façon étrangement véhémente :

 

— Je vous ai repérée déjà la semaine passée ! Vous nous avez déjà fait le coup.

 

— Le coup de quoi ? Je suis en train de demander à la caissière de me vendre un masque. Je n'aurais pas fait les courses sans. Je suis au courant qu'il faut l'avoir.

 

Là-dessus, comme la caissière ne réagit pas, je prends un paquet de masques dans la gondole et lui dis que je vais lui payer le paquet séance tenante après en avoir prélevé un dedans. Je demande à la cliente de me laisser passer devant juste le temps de payer cet article. Elle accepte et je l'en remercie.

 

La toute petite jeune femme qui semble être une responsable de rayon repart à la charge. Elle crie qu'elle m'a repérée, exactement comme si j'étais une délinquante et la caissière ne prend pas l'article que je lui tends : le fameux paquet de masques.

 

— Mais vous ne voyez pas que je suis directement venue me fournir en masques ? dis-je un peu fort car je commence à en avoir marre.

 

Pas de réaction de la caissière et l'autre dit des trucs toujours aussi insensés que je n'écoute plus. Quelques secondes plus tard, je constate à voix haute :

 

— On ne se croirait vraiment pas en démocratie ici. Je me casse.

 

— C'est ça, cassez-vous. Et fermez votre gueule, dit la petite femme.

 

— Vous vous rendez compte que vous vous adressez à une personne de 65 ans, qui a donc bien connu la démocratie ?

 

Là-dessus un grand échalas arrive et me dit :

 

— Elle est sur son lieu de travail. Laissez-la tranquille.

 

La petite femme ne me lâche pas les basques depuis le début mais à part cela, d'après le véreux qui vient de se pointer, ce serait moi qui l'embêterait. La cliente qui suit prend parti :

 

— En même temps, venir faire ses courses sans masque...

 

— Mais puisque que soi disant, en cas d'oubli, il est possible d'en acheter un illico à la caisse...

 

Le grand échalas me redit que la personne est sur son lieu de travail. Cela lui donne-t-il tous les droits sur les clients ? Évidemment non !

 

Je suis alors excédée et je dis :

 

— Moi aussi je travaille.

 

— Non, vous ne travaillez pas.

 

— Si, je travaille, ducon.

 

— Vous voulez que j'appelle la police pour être rentrée chez nous sans masque ?

 

Je raconte cela à mon ami en rentrant (sans mes pommes). Il me dit qu'il ne faut plus aller dans cette enseigne. Si un client ne leur revient pas, ils le prennent à parti. C'est ainsi. Je m'en vais acheter mes pommes ailleurs, à Carrefour pour tout dire. Je reconnais la responsable du rayon fruits et légumes (une veuve dont le mari a été assassiné, dans mon village natal), et lui dis que c'est dommage, concernant les pommes de terre, de ne pas mettre la provenance. Car voyez-vous, j'aime le goût de la pomme de terre de la région. Elle est petite elle aussi, mais douce (pas la pomme de terre, la vendeuse). Si douce que, j'en suis certaine, si elle s'était trouvée à la caisse et que j'aurais voulu lui acheter un masque, elle me l'aurait vendu immédiatement. Il faut savoir choisir ses enseignes, ne pas mettre les pieds n'importe où. Il y a vraiment des endroits infréquentables. Bon, je vais m'en remettre. Cela dit, c'est un truc à devenir anarchiste. Ben oui. N'étant pas de droite, et ayant vu à l'œuvre la gauche encore aujourd'hui, l'issue semble bien être l'anarchie.

 

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18/08/2020

Lecture en cours de Zébraska

 Zébraska. J'en suis à la page 70 environ. Livre qui parle d'enfants dits HP : haut potentiel. Évidemment comme je n'aime pas les étiquettes, je trouve réductrice l'appellation HP elle-même, qui se veut pourtant valorisante. Qui dit HP, dit BP, bas potentiel. On entre avec les étiquettes dans une sorte de jeu de rôles, où le système de tri menace.

 

Les mamans vues par Mamieléa s'observent comme des mères rivales, se jalousent même, comparent leurs rejetons, rient sous cape concernant celle qui se trouve dans la peine, toute cette petitesse au lieu d'une entraide. Toutefois, cette mesquinerie généralisée a lieu  avant la Grande Bascule, que l'auteure prévoit en 2027. Ensuite, que va-t-il se passer ?

 

L'auteure travaille sur le thème de la mère en souffrance, seule avec son amour pour un enfant extra-ordinaire, qui met du désordre et dont la sensibilité peut le faire chuter aussi bien que l'emmener vers un bel épanouissement, selon les réponses de la mère  confrontée aux comportements complexes de son enfant. L'entraide entre femmes n'existe pas dans cette histoire jusqu'ici, on est plutôt dans : "qui est la génitrice de celui-là ?". De ce fait, on peut tout aussi bien imaginer une autre situation du genre : "Son gosse est un HSNS : hyper sensible non scolarisable, la pauvre va en baver !"

C'est la solitude des mères en somme qu'aborde l'auteure. C'est pourquoi je vais lire le bouquin jusqu'au bout.

 

À souhaiter fortement une solidarité allant jusqu'à nous sentir concernées, toutes autant que nous sommes, par le bonheur de l'enfant d'une autre femme en cas de difficulté pour elle et lui.  Je lis la suite pour savoir si l'auteure a prévu cette solidarité pour après la Grande Bascule de 2027.

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17/08/2020

Poésie lue ce soir ♣♣♣ Les HP

 

Extrait de Peuple du ciel de Le Clézio :

 

 

"C'est toujours comme cela, au début, avec la lumière qui tourne autour d'elle, et qui se frotte contre les paumes de ses mains comme les chevaux du vieux Bahti. Mais ces chevaux-là sont encore plus grands et plus doux, et ils viennent tout de suite vers elle comme si elle était leur maîtresse.

 

 

Ils viennent du fond du ciel, ils ont bondi d'une montagne à l'autre, ils sont bondi par-dessus les grandes villes, par-dessus les rivières, sans faire de bruit, juste avec le froissement soyeux de leur poil ras.

 

 

Petite Croix aime bien quand ils arrivent. Ils ne sont venus que pour elle, pour répondre à sa question peut-être, parce qu'elle est la seule à les comprendre, la seule qui les aime. Les autres gens ont peur, et leur font peur, et c'est pour cela qu'ils ne voient jamais les chevaux du bleu. Petite Croix les appelle ; elle leur parle doucement, à voix basse, en chantant un peu, parce que les chevaux de la lumière sont comme les chevaux de la terre, ils aiment les voix douces et les chansons.

 

 

"Chevaux, chevaux,

petits chevaux du bleu

emmenez-moi en volant

emmenez-moi en volant

petits chevaux du bleu"

 

 

Elle dit "petits chevaux" pour leur plaire, parce qu'ils n'aimeraient sûrement pas savoir qu'ils sont énormes.

 

 

C'est comme cela au début. Ensuite, viennent les nuages. Les nuages ne sont pas comme la lumière. Ils ne caressent pas leur dos et leur ventre contre les paumes des mains, car ils sont si fragiles et légers qu'ils risqueraient de perdre leur fourrure et de s'en aller en filoselle comme les fleurs du cotonnier.

 

 

Petite Croix les connaît bien. Elle sait que les nuages n'aiment pas trop ce qui peut les dissoudre et les faire fondre, alors elle retient son souffle, et elle respire à petits coups, comme les chiens qui ont couru longtemps."

 

Page 225/226 Extrait du conte Peuple du ciel, du livre Mondo et autres histoires. Le Clézio.

 

♣♣♣

 

Je lis deux livres en cette période, passant de l'un à l'autre : Mondo et autres histoires, de Le Clézio et Zébraska, d'Isabelle Barry que j'ai commencé à lire jusque la page 46, dans l'ordre, et que je continue à lire en diagonale, avant de le reprendre dans l'ordre, en suivant les pages normalement.

 

Le Clézio, c'est l'imagination qui rejoint un réel autre, à mes yeux. Tandis qu'Isabelle Bary parle de son expérience de mère vivant avec un HP par le biais de personnages, inspirés par son fils HP, et son entourage. Elle y parle des difficultés à ne pas souffrir quand on est la mère d'un enfant différent. HP ne signifie pas que l'on a mis son surdoué de matheux de fiston en HP, mais qu'il est qualifié de "Haut Potentiel". Si j'ai bien compris, mais je dois reprendre les choses dans l'ordre avant d'affirmer, (donc À vérifier), l'enfant HP en question a une sorte de calculette dans la tête, lui permettant de faire des calculs à toute vitesse. Par ailleurs, il est un peu maladroit dans la vie ordinaire, et du coup, l'entourage scolaire se moque de lui. Il demande (page 235/236) à ne plus aller à l'école car il en a assez des moqueries des autres mais sa mère insiste pour l'y laisser.

"Tu serais tout seul", lui dit-elle, à quoi il répond qu'il ne voit pas le problème.

À quoi la maman rétorque : "Le collège, c'est un peu une école de vie, un brouillon pour apprendre à te faire une place dans la société.  Ça t'apprend à vivre avec les autres..." etc.

 

Alors le HP ainsi catalogué dans le livre répond qu'il aimerait se retrouver en cours avec des gens comme lui. La mère lui dit que non, car ce n'est pas la vraie vie.

 

C'est alors que moi, lectrice de Zébraska, je me pose la question des HP car la maman, héroïne du livre, étant infirmière ne saurait pas qu'il y a moult endroits conçus pour mettre ensemble des personnes, parfois dès leur plus jeune âge,  qui sont jugés comme étant "pareilles", ayant certaines caractéristiques communes,  et donc mises au final à l'écart des autres. L'auteur a l'air de penser me semble-t-il, que la société proposerait aux enfants jugés différents des lieux de vie parmi les autres enfants, jugés comme normaux. Or je pense que ce n'est pas le cas. Il me semble que les enfants sont assez vite ghettoïsés en vrai, dans nos sociétés. À moins qu'en Belgique, pays de l'auteure, il n'y ait pas de centres dits spécialisés ? Mais bon. Je me promets de lire attentivement le livre.

 

Et aussi, nous sommes de toute façon dans une société de gens mis selon les "catégories", très hiérarchisée, en général. Hormis parfois dans le milieu des marins bretons. Où les gradés communiquent dans la vie ordinaire avec les marins qui ne sont pas au commandement.  

 

Avec Le Cézio, je suis sur la même longueur d'onde. Il embarque en poésie et je suis toujours partante pour embarquer en poésie.  

 

Et j'aime aussi la mer avec les bretons et les bretonnes marins :

 

  

 

 

05:18 Publié dans Poésie, vidéo | Lien permanent | Commentaires (0)