29/08/2014
le petit bilan
Le chien d'à côté, le beau (ou la belle) canidé, même quand il aboie, il le fait doucement, sans faire de bruit, je dirais presque, discrètement et brièvement. Concentration assurée pour ce billet, merci le chien. Je voulais revenir sur le post concernant notamment Montaigne. Car un sympathique égotiste, ce n'est pas banal. Mais l'est-il vraiment, je veux dire : égotiste... il se base sur ses expériences, sa connaissance de lui sans se complaire... il part juste de ce qu'il connaît le mieux : lui-même. Sans faire d'autocritique, lorsqu'il dit par exemple qu'il n'a pas de mémoire, c'est pour prendre une disposition par rapport à la situation que cela crée, étant de ne jamais mentir afin de ne pas se couper lui-même par la suite ; quand il dit "quand je danse, je danse, quand je mange, je mange" c'est un peu pour signifier, se signifier à lui-même si l'on peut dire, une certaine incapacité à faire deux choses à la fois et finalement trouver à cela un plus pour savourer le moment qu'il goûte. Montaigne s'estime et je pense que discrètement il se donne parfois en exemple. "Voyez comme c'est simple, semble-t-il dire, c'est si bon la vie que ça vaut la peine de ne pas prendre en grippe le viscéralement différent, l'autre, d'ailleurs l'est-il à tout point de vue différent, et tant que ça ? il se peut trouver un terrain d'entente en cherchant bien... regardez comme je suis, je ne suis pas parfait, aussi ne vous demanderai-je pas de l'être, mais quant à moi, je tire de mes défauts mêmes... des qualités" C'est un peu cela que j'entends de lui. Mais je ne le connais pas assez pour savoir s'il parle de ses rêves ce charmant égotiste. Celui que j'ai fait cette nuit m'a fait du bien, même si je me trouvais dans le noir total et que j'ai eu une frayeur certaine qui a dû durer l'espace de deux secondes... ensuite il y eut cette prière bien connue, qui est montée et à laquelle je me suis jointe, la prière devait certainement ramener ce silence nécessaire ; lorsque je me suis réveillée, je ne remuais pas les lèvres et ne me cramponnais à personne. Qu'en dirait Montaigne ? La plupart de mes rêves me font beaucoup de bien... un peu comme la connaissance qu'on acquiert de soi-même de soi-même... répétition voulue, je ne bégaie pas encore. Quand je rêve, je rêve, quand je rêve à m'en réveiller, je rêve à m'en réveiller.
13:10 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)
Un autre extrait des Mythes Grecs
Extrait à la suite de celui que j'ai mis il y a un mois environ :
"Dès le moment où il fut officiellement reconnu que c'est à la suite d'un coït que la femme donne naissance à un enfant — un récit de ce tournant de la religion figure dans le mythe hittite du naïf Appu (H.G Guterbock : Kumarbi, 1946) — les conceptions religieuses de l'homme firent peu à peu des progrès et on cessa d'attribuer aux vents et aux fleuves le pouvoir de féconder les femmes. Il semble que la Nymphe, dans la tribu, choisissait tous les ans, dans son entourage de jeunes hommes, un amant, c'est-à-dire un roi destiné à être sacrifié à la fin de l'année : il était pour elle un symbole de fertilité plutôt que l'instrument de son plaisir sexuel. Son sang servait à faire fructifier les arbres et les moissons ainsi qu'à féconder les troupeaux ; on découpait son corps et les nymphes qui étaient les compagnes de la reine mangeaient sa chair crue — c'étaient des prêtresses portant des masques de chiennes, de juments ou de truies. Puis plus tard, il y eut une modification, le roi mourut dès que la force du soleil, avec qui il était identifié, commençait à diminuer, en été ; et un autre jeune homme, prétendument son frère jumeau — l'ancien terme irlandais "taniste" lui convient assez bien — devenait alors l'amant de la reine et devait être, selon la coutume, sacrifié au milieu de l'hiver ; comme récompense il se réincarnait dans un serpent oraculaire. Ces princes consorts obtenaient le pouvoir exécutif uniquement lorsqu'on leur permettait de représenter la reine en portant ses robes magiques. Ainsi la monarchie mâle gagnait du terrain. Mais bien que le soleil fût devenu un symbole de fertilité mâle dès le moment où la vie du roi eut été identifié avec son voyage à travers les saisons, il demeurait toujours sous la dépendance de la Lune de même que le roi demeura encore sous la dépendance de la Reine, du moins théoriquement, longtemps après que le stade matriarcal eut été dépassé. Ainsi les sorcières de Thessalie, région où l'on était conservateur, avaient coutume de menacer le Soleil, au nom de la Lune, d'être englouti dans la nuit éternelle.
Néanmoins il n'existe aucune preuve, même à l'époque où c'étaient les femmes qui constituaient l'autorité suprême en matière religieuse, qu'un homme n'eût pas le droit d'avoir des champs et d'y faire ce qu'il voulait sans qu'une femme vînt contrôler ses activités, bien qu'il soit possible qu'ils aient adopté beaucoup de traits du "sexe faible" jusqu'alors considérés comme spécifiquement masculins. On pouvait leur confier la chasse, la pêche, la cueillette des aliments, la garde des troupeaux et la défense du territoire de la tribu contre des ennemis, tant qu'ils ne transgressaient pas les lois du matriarcat. On choisissait des chefs mâles pour des clans totémiques et on leur octroyait certains pouvoirs, surtout en période de guerre ou d'émigration. Les règles pour choisir celui qui serait le commandant en chef étaient différentes, semble-t-il, selon les matriarchies : en général on choisissait l'oncle maternel de la reine, ou son frère ou le fils de sa tante maternelle. Le commandant en chef primitif avait aussi qualité pour être juge dans des querelles personnelles entre des hommes, dans la mesure où cela n'empiétait pas sur l'autorité religieuse de la reine. La société matrilinéaire la plus primitive qui subsiste encore de nos jours est celle des Nayars en Inde du Sud, où les princesses, bien qu'elles soient mariées à des maris enfants dont elles divorcent aussitôt, donnent des enfants à des amants sans aucun rang spécial ; et les princesses de nombreuses tribus matrilinéaires d'Afrique occidentale épousent des étrangers ou des hommes du peuple. Les princesses royales de la Grèce préhellénique ne se faisaient pas scrupule de prendre des amants parmi leurs esclaves, à en juger par les cent maisons de Locris et les locres Épizéphyriens."
Extrait de l'introduction des Mythes Grecs de Robert Graves, traduit par Mounir Hafez.
08:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
Montaigne, "toujours prêt à corriger son impression première"
"Le Journal est le fruit de cet "art de voyager" que Montaigne conçut à son égotiste usage - un art qui lui permit de tirer tout le parti possible de son périple pour s'informer directement des "humeurs" étrangères et "frotter et limer [sa] cervelle contre celle d'autruy". C'étaient les rencontres qui faisaient le plus vif agrément qu'un homme tel que lui, avide de "communication", trouvait dans le voyage. Montaigne appréciait les "cognoissances toutes neufves" [...] Le sens de la relativité se développe par les rencontres des personnes mais aussi des lieux. Un voyageur note les différences, dirait Stendhal. Ces différences, Montaigne les recherchait, comparant sans cesse villes, paysages, climats, coutumes - y découvrant des similitudes, parfois ; s'émerveillant le plus souvent de leur diversité. Cela sans d'ailleurs juger ni blâmer jamais, et toujours prêt à rectifier son impression première." Ici :
http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/archive/20...
Mon commentaire. Montaigne est foncièrement pacifique. cela dit, cette nuit j'ai voyagé dans mon lit, par le rêve bien sûr. Un rêve des plus étranges, dont j'ai réalisé la brièveté mais aussi la force, parce qu'il m'a réveillée. J'étais allongée dans un hangar parmi de nombreuses autres personnes, allongées comme moi, nous essayions de dormir quand un vent fort s'est levé. Quelqu'un de fragile se trouvait couché à mes côtés et avait peur du vent. Je ne sais pas qui c'était, si même c'était un être humain, en tout cas l'être, animal ou humain, était fragile et c'est ce qui importait que je sente. Je l'ai entouré de mes bras pour le réconforter, d'un coup le vent est devenu d'une violence impressionnante, je serrais l'être à mes côtés plus fort, c'est alors que la tempête a émis littéralement des hurlements, des persifflages en quelque sorte où se sentait une colère impuissante d'êtres désincarnés, en furie. Le vent voulait nous broyer. Du coup, terrifiée à mon tour et pour ne pas être emportée, j'ai serré plus fort encore l'être à côté, nous nous cramponnions l'un à l'autre. Et s'est élevée du hangar, d'une seule voix, un prière récitée avec ferveur par tous les gens qui restaient couchés dans le noir. Le Notre Père.
03:32 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)