18/05/2014
l'interview
un mois à peu près d'abstinence radiophonique presque complète , et ce matin, requinquée par ma virée à Ambleteuse, je me sentais disposée à écouter ce qui se disait dans le haut-parleur. C'est alors que je tombe sur une interview des frères Dardenne. J'ai aimé leur film de la jeune fille qui vit dans un camping municipal, en caravane. Cela reproduisait une réalité de leur perception de la nature humaine : ni bons ni mauvais, les gens se font des crasses puis se pardonnent et parfois s'aiment, c'était un peu cela ce film pour moi, en substance. Il était sincère ce film à mon sens.
Mais là, dans l'interview, c'était bizarre, même si je pense que le film qu'ils présentaient (promo) sera intéressant. En fait, j'ai retrouvé le trouble ambiant ordinaire des personnes qui parlent dans les micros et même parfois hors micro ces temps-ci. Je ne fais que livrer des impressions, pas des sentences. Rien qui soit définitif, juste cet espèce de trouble que ces gens ont en eux et dont ils nous font part à leur insu. D'abord les frères Dardenne se sont plaints du fait que nombre de gens que l'on filmait jadis ne le sont plus aujourd'hui. Là, on sent une émotion passer, l'un des frères Dardenne parle, la gorge serrée. Je crois comprendre qu'il fait allusion aux Gavroches, ces petits prolos blancs becs des zones grises. Je trouve qu'il a raison, ce sont les grands oubliées d'aujourd'hui. On ne les voit plus, du coup, par ces propos, ils donnent l'impression d'être contre le star système. Même sentiment de Rebecca Manzonni qui leur dit alors : "mais vous avez embauché Marion Cotillard pour le rôle, qui est une star etc." La situation commence alors à se retourner lentement, pas par ce qu'ils déclarent leur amour pour cette comédienne, leur estime et amitié plutôt, mais parce que, petit à petit, quand Rebecca Manzoni leur parle de l'humour belge par exemple, ils prennent un drôle de virage, ils dénigrent l'humour belge lourdingue et font l'apologie de l'humour anglais. Moi aussi j'ai déjà eu ce genre d'attitude, seulement aujourd'hui je me demande si ce n'est pas une forme de racisme. Ensuite ils font l'éloge du cinéma Italien, si bien qu'ils me donnent l'impression de faire allégeance au bout d'un moment, comme des vaincus d'une bataille invisible mais bien réelle, surtout quand ils finissent par dire que c'est à eux, les cinéastes italiens, que l'on doit le star système qu'ils louent. Jouent-ils ? car leur admiration semble sincère. Serait-ce encore ici une forme de mépris des choses positives qui peuvent parfois se produire dans le Nord et qui plus est, de la part de gens de "souche" (lesquels ont souvent, dans le grand nord, des tronches d'asiates d'après le reportage d'Arte) J'ai un certain recul à propos du concept "de souche", mais chacun voit de quoi l'on parle.
Qu'en pensez-vous ?
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Direction Ambleteuse
Direction Ambleuse. Vous me suivez ? Nous allons voir un peu de ce côté.
Derrière ce muret surplombé d'une petite clôture. La végétation a enfoui les vestiges de quel passé ? La porte est fermée, elle ne livre plus passage que sur des herbes folles aujourd'hui. Des amoureux l'ont franchie au siècle passé, ou des jardiniers épris d'un jardin amoureusement entretenu. Je n'imagine que du bonheur concernant ce lieu mystérieux.
Nous étions Patrick et moi à la terrasse du café tenu par ce monsieur. Je lui demande où sont les toilettes. "Là-bas, au fond de la salle me dit-il, mais il y a quelqu'un". "Bon, je vais attendre ici." Je regarde autour de moi, de l'air occupé que l'on prend dans ces cas-là et quelque chose retient mon attention : le mur de pierres derrière moi.
Le voici ce mur. C'est un mélange de pierres de Marquise et de deux autres pierres dont il m'a dit le nom hélas déjà oublié. Il a emménagé avec ses parents à huit ans dans ce café. Il se souvient des cloisons qui recouvraient ce mur quand ils sont arrivés. Elles suintaient. Son papa a alors demandé à des professionnels comment remédier au problème. L'un d'eux lui a répondu que mieux valait faire sauter le "mur de briques", "avec un peu de chance a-t-il ajouté vous trouverez peut-être de la pierre de Marquise dessous." Le petit garçon qu'il était alors a aidé à enlever "morceau par morceau" tout ce qui recouvrait le trésor. Car lui était à la chasse au trésor. Et n'a pas été déçu.
Drôle de photo. La dame qui faisait le ménage a été prise de cour. Sa frimousse de jolie blonde est apparue avant de disparaître aussitôt. Le charmant tenancier du café m'avait dit tout de go, content que je m'intéresse à son bistrot (il m'a peut-être pris pour une journaliste locale) "au fond de la salle qui mène aux toilettes, vous verrez la montée d'escalier en pierres. Elle est à photographier aussi." Voilà, donc.
Puisque nous y sommes, voici le bistrot de l'aimable petit bonhomme, vu de l'extérieur. Pas mal, mais ce qui fait le charme de la photo, c'est le providentiel cycliste quand même, la lumière et ses ombres aussi. Demain, si vous êtes toujours là vous verrez ici d'autres photos d'Ambleteuse.
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Yoko - Note sur les chats
Yoko n'est pas un matou banal, aucun des chats de la maison ne l'est. À y penser plus attentivement, il n'existe pas de chat banal. Si je veux être honnête, je dirais, qu'avec un petit effort vers "l'être soi-même", (c'est-à-dire, pour ce faire, pas de sociabilité poussée outre-mesure, juste ce qu'il faut dans les circonstances qui le requièrent), les gens eux aussi, sûrement, ont chacun un petit quelque chose qui les rend unique. C'est moins facile à voir que chez les chats, qui eux, en manifestant une sociabilité mesurée montrent mieux leur caractère propre. L'autre jour, à l'évocation de certains souvenirs, j'ai comparé des gens à des matous. Injustice crasse pour les chats. Certes, j'ai plusieurs fois vu des chats attraper des oiseaux, et j'avoue que oui, certains peuvent alors manifester un certain sadisme : ils jouent vraiment avant la mise à mort selon moi. Par contre, seulement quelques chats font cela, pas tous, loin de là. Je me souviens de Zen, un félin extraordinaire d'intelligence, tellement intelligent et communicatif que c'en était impressionnant. mais un jour il a chopé un bébé canard, ma réaction à été d'essayer de le lui reprendre et mon erreur de crier sur lui "Non! Arrête!". Il a pris cela comme un acte d'hostilité à son encontre, incompréhensible pour lui, et aussi que je voulais sauver le canard, et s'est mis à gronder, d'un son de gorge continu, grave, menaçant, du plus profond de ses viscères de félin. Le syndrome chasse, comme dans sa peau, c'était l'écorcher vif que de l'empêcher de tuer ce canard. L'instinct de survie et de chasse d'un coup n'ont plus fait qu'un chez lui, dans un navrant téléscopage au fin fond de sa tête de chat... alors que d'autres chats ont un recul certain devant ce qu'ils ne considèrent plus comme leur proie. Notamment le père de Lulu, un chat tout noir, que nous avons observé près de la rivière à côté d'un rat, lequel considérait notre Blacky avec calme, en mordillant des pointes d'herbe.Ce matou l'a laissé tranquillement filer, nous le voyions regarder ce rat avec une sorte de bienveillance durant quelques minutes, bienveillance qui n'était pas feinte et que le rongeur avait ressentie. Alors que son fils Lulu ne fait pas de quartier avec ces mêmes animaux. Étrange tout ça ? Comme si nous avions chacun divers degré d'évolution dans différents domaines. Et Zen, plus touchant que le mime Marceau, qu'il évoquait dans ses expressions et sa robe de couleur noire et blanche, régressait soudain devant ce qu'il ne pouvait pas s'empêcher de considérer comme une proie, tandis que Blacky, en général ballot par rapport à Zen, se montrait d'une retenue et d'une élégance remarquables dans les mêmes circonstances.
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