Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/11/2012

Tchernobyl et la BD

Le lien est sous cet extrait d'interview :

"Vous considérez-vous comme un auteur engagé ?

Non, pas du tout. Je ne suis pas un militant, je n’occupe pas de sites, je ne manifeste pas. La complexité du monde fait que je n’arrive pas à m’engager totalement dans une direction. Mon seul acte de ce genre fut, il y a quinze ans, de refuser un dessin en faveur du nucléaire ! Mais, cette fois, je me suis soudain senti impliqué, investi d’une mission. Les gens du coin [Emmanuel Lepage et les Dessin'acteurs sont basés en Bretagne] nous ont aidés en donnant de l’argent, les coopératives bios ont fourni de la nourriture – il nous a fallu amener de quoi manger, car les aliments sont contaminés là-bas. Nous étions les derniers maillons d’une belle chaîne."

 Le lien : http://www.bodoi.info/a-la-une/2012-10-29/emmanuel-lepage...

 

 

 

06/11/2012

Noyelles

Voici un poème entier de Armand Dehorne, tout un climat derrière les coteaux bleus et les piles d'assiettes. Le poème s'intitule Noyelles ; Noyelles est le nom d'une commune du Pas-de-Calais

NOYELLES

 

Les chaussées Brunehaut pendent bas dans l’histoire.

La croupe du terrain mélodieux remue

Comme une belle hanche avec les cuisses nues.

A quel nom, pour quel monde et vers quel élément

Se dédieront un jour autant de lieux charmants ?

 

Septembre au long des haies avec la pèlerine,

Une rose à la main, la dernière ; Septembre !

O vaches en chaleur des berges de la Sambre.

J’écrase un pis grossier sur ma dure poitrine.

Vaches ! Vos quatre seins dans une même cloche,

Vaches ! Vos sentiments que la brise effiloche,

N’importe quelle idée un ange continue !

 

Or, les choses debout sont des moments forcés ;

Le vent s’occupe mal des endroits effacés !

Et sentir qu’on s’en va colore jusqu’aux nues

L’infinité de mains qui s’emparent des flammes.

Dans les affres du ciel ma part est contenue,

Et j’engouffre assez haut l’offre amère des âmes.

 

Emporté comme avant l’histoire

Par des alcyons de pâtures,

Et, des nuits, dans leurs ailes sourdes,

Est-ce là mon heureux départ :

Vouloir quelque chose d’absurde,

La charité tenue à part ?

 

Routes de table rase et sans profession,

Je participe tendre à des faits en retard

Qui, mouvant la nature, ont des tours admirables,

Mais gardent leurs secrets, passants incomparables !

 

Sur un plan cadastral connais-tu ces lavis ?

Tant de cœurs pour mon cœur qui n’aima que les routes !

Les grappes de maisons noircissent à leur branche ;

A droite, mur pourri crevé de trous sauvages

Laissant voir les plâtras et l’ortie d’un décombre.

A gauche, tas nouveaux de briques odorantes !

 

Mes mains ne sont donc pas égales et pareilles.

Car l’une, vers la mort et vers la pourriture,

Vers le déclin, l’abîme et l’horreur, est tournée.

L’autre regarde l’aube en reflétant des briques :

C’est l’avenir rougi du sang des renaissances !

 

La route entre elles deux s’échappe, marche ou rampe,

Ecoutant si l’on vit dans la paix mitoyenne.

Route des petits pas ou des larges foulées,

Hommes, femmes, enfants quels vieux peuples l’ont faite !

Pieds saignants, déformés, pieds douloureux et laids ?

 

La route, quelle peine et quels temps infinis !

Quel lamentable amas de semelles usées !

Quel déplorable chant de la victoire humaine !

Oh ! Penser à genoux l’histoire de la route…

 

Sur un tel monument de la race locale,

Sur cette addition remuante de pas,

A mon tour je me dresse, il faut partir, et simple,

Moi le dernier de tous et le plus ressemblant,

Je convertis du songe en fureur musculaire.

 

Le vide tourbillonne et mon ombre est sonore.

De la pointe du cœur forçant les portes claires,

Ma poitrine commande aux pays circulaires.

Anxieux et tranquille à la fois, déjà double,

Je me laisse happer par le but que je trouble.

La distance est vorace et le temps me dévore !

 

— Tu vois, c’est l’homme à visions

Pratiquant mal l’évasion

Dans la plus chaude incohérence.

 

L’insolite des aventures

N’est pas du tout pour ces natures,

Mais le spectacle de leur transe !

 

Bleus coteaux, les piles d’assiettes…  

09:13 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

05/11/2012

Tout ne s'explique pas

Les écrivains du 19e,,souvent adeptes de la phrénologie, attachaient beaucoup d’importance au physique, les descriptions concernant l’apparence des personnages sont du même coup méticuleuses. Le Visage, mais aussi le corps, la silhouette retiennent l’attention des auteurs, (que c’en est presque gênant) et, évidemment, le look est toujours en corrélation avec l’état moral des personnages. Chez Eugène Sue La Chouette est physiquement monstrueuse, barbue, borgne, édentée, et, cela va de soi, moralement abjecte. On retrouve les mêmes considérations chez Dickens, lui emploie le mot "crochu" pour décrire un nez aquilin, (on n’est pas loin du délit de faciès), émaille ses récits de marques de sympathie ou d’antipathie pour tel ou tel caractéristique physique dont il dote ses personnages, leurs qualités morales, ou au contraire leurs vices, correspondant à ces types de faciès ; Balzac, Victor Hugo, Chateaubriand marquent aussi très fort leur préférence ; selon le physique, leurs personnages héritent de caractéristiques morales, mais de façon peut-être un peu moins systématique que chez Dickens. Chez Hugo par exemple, Cosette commence modestement par être laide, et son protecteur n’est pas spécialement beau non plus et va même pâtir de marques laissées par le bagne. En général, pour s’attirer la sympathie totale de leur auteur et des lecteurs, les personnages masculins ne doivent pas être trop grands, quant aux petits, ils sont souvent plus intelligents que la "moyenne" ; Le Chourineur de Sue, de haute taille, prend d’entrée de jeu une raclée bien méritée que lui administre Rodolphe, bien moins grand que son adversaire. Au 20e siècle, l’importance du look est toujours de mise, quoique différemment. On a vu le mal que s’est donné Mikael Jakson pour changer d'apparence, et comment, d’un autre côté, des blancs prennent le risque d’attraper un cancer de la peau pour bronzer. J’estime qu’il y a eu du progrès malgré tout. De nos jours, le monde s’est ouvert à toutes les esthétiques et la beauté est au rendez-vous de la jeunesse, elle est même banale à force d’être courante, tant que l’on est jeune. Hélas, avec les méfaits du temps, il reste que c’est difficile, malgré les progrès de la médecine, de s’apprécier physiquement, sachant que l’état de santé se répercute gentiment sur notre physionomie. Pour en revenir au 19e siècle, en lisant les sévices de la Chouette sur Fleur-de-Marie, je me dis que la vieille chipie, dont le délabrement physique n’a d’égal que son délabrement moral, se serait peut-être améliorée en pratiquent un sport, qui sait ? Un esprit sain dans un corps sain. L’adage n’est pas si bête, vu sous cet angle, même si, à mon sens, la clé du mystère ne réside pas vraiment dans son apparence. Par quel mystère en effet certains êtres, beaux ou moins beaux, jeunes ou moins jeunes, échappent-ils à la laideur morale qu’engendre chez les autres une même misère matérielle ? Misère matérielle elle-même engendrée par les trop gros appétits de certains riches dont l’ambition se limite à l’accumulation de biens qu‘ils gèlent. Le mystère persiste. Idem avec les Mystères de New-York que j’ai regardé hier sur Arte, là on y voit des Gavroches juifs dont l’un, se fait canarder comme un lapin par un mafieux du camp adverse ; ça tourne mal pour eux par la suite au niveau de l'amitié ; bien que plutôt séduisants, les personnages chutent moralement dans cette histoire. Pourquoi ? Eh bien, je ne sais pas.

10:05 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)