05/11/2012
Tout ne s'explique pas
Les écrivains du 19e,,souvent adeptes de la phrénologie, attachaient beaucoup d’importance au physique, les descriptions concernant l’apparence des personnages sont du même coup méticuleuses. Le Visage, mais aussi le corps, la silhouette retiennent l’attention des auteurs, (que c’en est presque gênant) et, évidemment, le look est toujours en corrélation avec l’état moral des personnages. Chez Eugène Sue La Chouette est physiquement monstrueuse, barbue, borgne, édentée, et, cela va de soi, moralement abjecte. On retrouve les mêmes considérations chez Dickens, lui emploie le mot "crochu" pour décrire un nez aquilin, (on n’est pas loin du délit de faciès), émaille ses récits de marques de sympathie ou d’antipathie pour tel ou tel caractéristique physique dont il dote ses personnages, leurs qualités morales, ou au contraire leurs vices, correspondant à ces types de faciès ; Balzac, Victor Hugo, Chateaubriand marquent aussi très fort leur préférence ; selon le physique, leurs personnages héritent de caractéristiques morales, mais de façon peut-être un peu moins systématique que chez Dickens. Chez Hugo par exemple, Cosette commence modestement par être laide, et son protecteur n’est pas spécialement beau non plus et va même pâtir de marques laissées par le bagne. En général, pour s’attirer la sympathie totale de leur auteur et des lecteurs, les personnages masculins ne doivent pas être trop grands, quant aux petits, ils sont souvent plus intelligents que la "moyenne" ; Le Chourineur de Sue, de haute taille, prend d’entrée de jeu une raclée bien méritée que lui administre Rodolphe, bien moins grand que son adversaire. Au 20e siècle, l’importance du look est toujours de mise, quoique différemment. On a vu le mal que s’est donné Mikael Jakson pour changer d'apparence, et comment, d’un autre côté, des blancs prennent le risque d’attraper un cancer de la peau pour bronzer. J’estime qu’il y a eu du progrès malgré tout. De nos jours, le monde s’est ouvert à toutes les esthétiques et la beauté est au rendez-vous de la jeunesse, elle est même banale à force d’être courante, tant que l’on est jeune. Hélas, avec les méfaits du temps, il reste que c’est difficile, malgré les progrès de la médecine, de s’apprécier physiquement, sachant que l’état de santé se répercute gentiment sur notre physionomie. Pour en revenir au 19e siècle, en lisant les sévices de la Chouette sur Fleur-de-Marie, je me dis que la vieille chipie, dont le délabrement physique n’a d’égal que son délabrement moral, se serait peut-être améliorée en pratiquent un sport, qui sait ? Un esprit sain dans un corps sain. L’adage n’est pas si bête, vu sous cet angle, même si, à mon sens, la clé du mystère ne réside pas vraiment dans son apparence. Par quel mystère en effet certains êtres, beaux ou moins beaux, jeunes ou moins jeunes, échappent-ils à la laideur morale qu’engendre chez les autres une même misère matérielle ? Misère matérielle elle-même engendrée par les trop gros appétits de certains riches dont l’ambition se limite à l’accumulation de biens qu‘ils gèlent. Le mystère persiste. Idem avec les Mystères de New-York que j’ai regardé hier sur Arte, là on y voit des Gavroches juifs dont l’un, se fait canarder comme un lapin par un mafieux du camp adverse ; ça tourne mal pour eux par la suite au niveau de l'amitié ; bien que plutôt séduisants, les personnages chutent moralement dans cette histoire. Pourquoi ? Eh bien, je ne sais pas.
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