10/05/2009
Analyse
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"Des modèles élaborés par croisement d’« approche structurale » et « psychologique » servent de matrice initiale pour penser l’objet étudié par Eitan Azani. Il illustre, de ce fait, des lieux communs : un système gouvernemental faible, comme c’est le cas au Liban, « facilite la croissance de milices locales sur la base de facteurs communs » ; un mouvement de protestation passe par quatre ou cinq phases – établissement, consolidation, expansion, bureaucratisation (institutionnalisation), déclin lié à la réussite des objectifs (par l’exercice ou non du pouvoir) ou, au contraire, à la contestation interne ou la mise en cause externe. Le rappel des interprétations qui tournent autour de la notion d’« islam radical » n’est pas davantage opératoire. La mise en évidence de l’élément religieux dans l’engagement et le fonctionnement de ce type de mouvement, dont rendent compte les termes de jihâd, dawa (prédication), Umma (communauté des musulmans), istishhâd (martyre), signifie-t-elle que nous sommes en présence d’un phénomène exceptionnel, propre aux sociétés majoritairement musulmanes ? "
http://www.altermonde-sans-frontiere.com:80/spip.php?arti...
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... elle réside dans l'intention
J’aime les contes derviches parce qu’ils sont poétiques. De cette poésie qui transcende les étiquettes de toutes sortes, de même que les statuts sociaux, pour atteindre l’esprit. Poésie et spiritualité vont ensemble. Jésus m’interpelait, enfant, en tant que grand poète. Je m’en rends compte aujourd’hui. Pourtant il ne parlait pas beaucoup. La poésie réside peut-être dans l’intention. Les attitudes ne sont pas les mêmes en poésie parce qu’elle passe par une mentalité. Sinon, ce ne sont que des mots.
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09/05/2009
La fortune en or
extrait du livre Contes Derviches, de Idries Shah
"Il était une fois un marchand qui s’appelait Abdul Malik. On l’avait surnommé l’Homme Bon du Khorassan parce qu’il puisait dans son immense fortune pour faire la charité et offrir des festins aux indigents.
Mais un jour il s’avisa qu’il ne faisait rien de plus que de donner une partie de ce qu’il possédait et que le plaisir que lui procurait sa générosité l’emportait de loin sur le coût réel de son sacrifice : il ne sacrifiait après tout qu’une part infime de ses richesses. Dès que cette pensée lui vint à l’esprit, il décida d’abandonner jusqu’à son dernier sou pour le bien de l’humanité. Et c’est-ce qu’il fit.
Après s’être défait de tous ses biens, et résigné désormais à faire face à tout ce que la vie pourrait lui réserver, Abdul Malik entra dans sa chambre pour y méditer, comme il le faisait chaque jour pendant une heure. Et il était là, plongé dans sa méditation, lorsqu’il vit une étrange silhouette qui semblait surgir du sol. Un homme était en train de prendre forme sous ses yeux. Il était revêtu de la robe rapiécée des mystérieux derviches.
" O Abdul Malik, homme généreux du Khorasan ! Entonna l’apparition, je suis ton être réel, qui t’est devenu maintenant presque réel parce que tu as fait quelque chose de réellement généreux en comparaison de quoi ta bonté passée n’est pour ainsi dire rien. À cause de cela, et parce que tu as su te séparer de ta fortune sans en ressentir de satisfaction personnelle, je te récompense en puisant dans la source réelle de toute récompense.
" À l’avenir, je t’apparaîtrai chaque jour de cette façon. Tu me frapperas et je me transformerai en or. De cette image d’or tu pourras prendre autant que tu voudras. Ne crains pas de me faire mal, car ce que tu auras pris sera aussitôt remplacé par la source même de tous les dons."
Et sur ces mots, il disparut.
Le lendemain matin, Abdul Malik se trouvait en compagnie de son ami Bay-Akal, lorsque le spectre derviche commença à se manifester. Abdul le frappa de son bâton et la silhouette tomba à terre, transformée en or. Il le partagea avec son hôte.
Or Bay-Akal, qui ne savait pas ce qui s’était passé précédemment, en vint à se demander comment il pourrait bien lui aussi accomplir pareil prodige. Il savait que les derviches ont d’étranges pouvoirs et il en conclut qu’il suffisait de les battre pour obtenir de l’or.
Il organisa donc un banquet et fit savoir à la ronde que tous les derviches y étaient conviés et qu’ils pourraient s’y régaler à leur aise. Quand les derviches eurent bien mangé, Bay-Akal empoigna une barre de fer et il en roua de coups tous ceux qu’il put atteindre jusqu’à ce qu’ils gisent sur le sol, meurtris, les os brisés.
Ceux d’entre les derviches qui n’avaient pas été mis à mal s’emparèrent de Bay-Akal et le traînèrent devant le juge. Ils expliquèrent l’affaire en détail et montrèrent les derviches blessés à l’appui de leur déposition.
Bay-Akal raconta ce qui s’était passé chez Abdul Malik et exposa les raisons qui l’avaient conduit à essayer de reproduire « ce tour de passe-passe « .
Abdul Malik fut appelé à comparaître et sur le chemin du tribunal son être d’or lui murmura ce qu’il devait dire.
« S’il plaît à la cour, dit Abdul Malik, cet homme me fait l’effet d’un fou, ou bien alors il essaie de dissimuler un penchant maladif à assaillir les gens sans motif. Je le connais, c’est vrai, mais son histoire ne correspond pas à ce que j’ai vécu chez moi. »
Bay-Akal fut donc placé dans une maison de fous et il y resta un certain temps, jusqu’à ce qu’il fût calmé. Les derviches guérirent presque aussitôt par l’effet d’une science d’eux seuls connue et personne ne voulut croire une histoire aussi surprenante que celle d’un homme qui se changeait en statue d’or — et de surcroît quotidiennement.
Pendant bien des années encore, jusqu’à ce qu’il ait rejoint ses ancêtres, Abdul Malik continua de briser l’image qui était lui-même et à en distribuer les trésors qui étaient lui-mêm à ceux qu’ils ne pouvaient aider autrement que par ce soutien matériel."
***
"Dans la tradition derviche, on souligne que si les clercs présentent souvent leurs enseignements moraux édifiants sous forme de paraboles, les derviches cachent leurs enseignements plus profondément. Parce que seul l’effort de compréhension, ou les efforts d’un maître chargé d’enseigner, peuvent créer l’effet qui contribuera réellement à transformer l’auditeur.
Ce conte, plus que tout autre, tend vers la parabole. Mais le derviche qui le racontait sur la place du marché, à Peshawar, dans les années cinquante, prévenait ainsi son auditoire : " Ne vous préoccupez pas de la morale : concentrez-vous sur le début de l’histoire. La méthode s’y trouve indiquée.""
08:46 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)