Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/10/2013

Ces petits riens

Les petits riens

Je me suis levée tard, et très vite me suis rendue compte qu’il fallait faire les courses. Corvée. En route pour la grande surface. J’achète les produits habituels, plus un "col maille". Un col de laine qui remplace avantageusement l’écharpe, pratique, quand on pense que le simple cache-nez, pour peu qu'il soit un tantinet trop long risque de se prendre dans une roue de vélo et, au pire, vous étrangler un cycliste en un rien de temps, et puis il est élégant ce col avec ses petites paillettes argentées, et en hiver il fait une sorte de faux cou avantageux lorsque le vrai s’est par mégarde un peu fripé. La caissière bavarde tout en exécutant son boulot avec un zèle qui tient de l’automatisme. Elle secoue l'un de mes sacs au fond du caddy, celui qui fait office de porte-sac, afin de vérifier que rien d’illicite ne s’y trouve,  guillerette face à cette sorte de poupée russe. Un brin d’ironie dans la voix j'avoue n'avoir commis aucun larcin. Elle rit, me demande ce que c’est un larcin "vous avez déjà oublié ? Lui dis-je, il y a une quinzaine de jours vous m’avez déjà répondu que vous ne saviez pas ce que c’était un - larcin -, et après vous m’avez blagué avec votre collègue."

Elle me répond que non,  elle ne se souvient pas, j'affirme alors la comprendre, vu le nombre de clients qu’elle voit dans la journée, "de drôles de clients ah oui, s'exclame-t-elle, il y en a de drôles, c’est pour ça, on oublie. Mais vous savez, j’ai la tête parfois …  c‘est vrai, je ne sais déjà plus ce que ça veut dire - larcin -" Je lui donne le synonyme et cela la fait rire encore. "Je viendrai vérifier si vous avez avez mémorisé - larcin -, un de ces jours. Retenez-le, ça peut servir pour les mots croisés." Elle déclare alors avec enthousiasme qu’elle n’en fait jamais, ne comprenant pas les mots croisés. Tiens, une caissière qui se la joue vraiment tête de linotte, qui le revendique presque à moins qu’elle ne se moque de moi, pas banal au fond. Elle voit le col de laine, le tourne en tous sens, le trouve beau ce qui donne lieu à d’autres bavardages anodins qui dérivent sur sa diarrhée de la veille juste après qu’elle soit allée à un vin d’honneur où elle n’a pourtant mangé que des petits biscuits et bu juste un peu de vin blanc. Nous rions sans savoir pourquoi comme deux  idiotes imparfaites et nous disons au revoir, j’ai la nette impression qu’elle va m’oublier aussitôt ainsi que le larcin non commis en question. Il me plaît ce col de laine, à peine arrivée au parking, je l’enfile. Rentrée à la maison, je l’enlève et me rends compte que la caissière a oublié d’enlever du col le clou antivol, et moi, non moins étourdie par le tourbillon époustouflant de la vie quand elle s'y met, je ne me suis pas aperçue que je me trimballais, un col clouté au cou. En voiture personne n’aura rien remarqué.

Je râle, projette de retourner au magasin le plus vite possible afin de libérer le bout de laine de l’affreux machin et concocte sans tarder une petite tambouille, après quoi je me lance, le petit repas avalé en bonne compagnie, dans une petite sieste bien méritée ma foi, bercée par les voix de Monsieur X et son compère, sur France Inter ; sommeillant à demi, j’entends des choses étranges provenant de la radio : « les Peuls ne sont pas très aimés en Guinée, on les accuse de trop aimer l’argent ; ils sont un peu comme les juifs de l’Afrique… » Je me secoue « Dis, on aura appris quelque chose aujourd‘hui, les Peuls en Afrique… tu entends ? Les Peuls… » Mais mon ami dort profondément, non pas que les historiens de France Inter soient soporifiques, il s'agit simplement  du temps qui nous joue encore un de ses tours à lui. Cependant, l’émission terminée me voilà fin réveillée, d’attaque, je fouille dans mon sac, mets la main sur mon ticket de caisse et emporte le fameux « col mailles » à faire déclouter ; en avant toute sur ma bicyclette toujours serviable, à toute épreuve telle le cheval de Lucky Luc. À l’accueil  une belle femme brune d‘une cinquantaine d‘années me prend en charge « Bonjour madame, lui dis-je, j’ai eu de la chance cette fois de ne pas avoir jeté le ticket de caisse comme je le fais souvent. Vous pouvez vérifier, j’ai bien acheté ce col. Regardez, la caissière a oublié d’enlever l’antivol. »

L’hôtesse jette élégamment un "Ah oui !" qui se veut incrédule et décloue le col illico. Sur ce je lui avoue que la petite laine me plaisait tellement que l’ai enfilée avant de retourner chez moi sans me rendre compte de la présence du …

" Ah ! Ah ! Ah !" ... et moi de même. Nous rions comme si nous ne voulions pas nous priver de l’occasion qui nous était donnée de nous réconforter mutuellement ; courte rencontre avant disparition, ainsi va la vie. Le petit incident m’a mise en jambes, je pars dans l’envolée faire un tour du côté de Verquin, là où se trouve un parc écolo, avec oies et canards très accueillants ; cette fois j’y trouve des lamas (les ruminants) et de petits chevaux noirs, ce petit monde broute en paix dans la prairie sauvage, chacun attaché à une longue chaîne. Une musique de foire foraine me parvient du village, juste à côté. À l’autre bout du terrain herbeux, je vois la tente bariolée du petit cirque auquel ces animaux doivent appartenir. Les enfants sont en joie, c’est pourquoi, tout à l’heure ceux qui s’étaient réunis sur la passerelle ont dit et répété lorsque je devais l’emprunter « laissez passer la dame, elle est très gentille. » et m’ont fait une haie d’honneur. Je dois aux forains cette heureuse disposition des adolescents à l‘égard des vieilles passantes. Cependant, après avoir nourri les volatiles affamés, je pars côté village, afin d’éviter un nouvel élan d’empathie confondante de la part des jeunes qui sont sûrement à discuter encore sur le petit pont. Et puis, sait-on jamais, s‘ils étaient lunatiques ! Arrivée près d’une caravane garée derrière l’église je vois un jeune homme d’environ dix-huit ans, bronzé, le visage marqué de grands cercles de peinture blanche autour des yeux bien qu'il n’ait pas encore enfilé le costume de clown ni posé le nez rouge. Il évite soigneusement mon regard et s’applique à arroser d’un faible jet d’eau sa caravane, ignorant également la petite pluie qui commence à tomber. Il a l’air mélancolique ce petit clown bronzé, peut-être pense-t-il à Léonarda, à l’ambiance bizarre du pays ces temps-ci. Il ne partage pas la bonne humeur que sa présence et celle de ses pairs fait naître chez les  enfants. Il se dit peut-être que s’il est bien accueilli c’est parce qu’il a quelque chose à leur vendre, quelque chose qui leur plaît bien, mais qu'il n’en est pas de même pour ceux qui n’ont rien de spécial à proposer, à "échanger" contre le fait de se trouver là avec des caravanes en nombre.

« C’est ainsi, dit le silence, cette loi s’applique à tous désormais, tout voyageur, tout passant ostensible se doit de proposer quelque chose à vendre. On ne peut plus aller et venir tranquillement… sauf à avoir l’air du coin, comme les canards, les oies, les vieilles dames. Tu as raison, il faut garantir un numéro sensationnel, une prouesse contre un ticket de séjour. Tout ça est compliqué... peut-être, au fond en a-t-il toujours été plus ou moins ainsi, mais nous ne nous en étions pas aperçus, comme s'il avait fallu cette insistance, criant d'on ne sait où ... » L’entrée du petit sentier qui longe l’église est bloquée par la cabane d’un chien, les forains se sont donc créés temporairement un petit territoire que je suis en train de traverser sans vergogne. Une longue chaîne relie l’animal qui ressemble au Milou de Tintin, à cette niche. J’avance prudemment vers lui, m’éloignant du même coup du jeune homme triste, toujours en train d’arroser, avec la même indifférence sous la pluie plus dense, la caravane. Le chien, c’est une chance, cherche des caresses, il avance câlinement vers mes mollets son joli museau orné d’un petit sparadrap. Un dernier regard à son maître, à lui quelques mots caressants et je m’éclipse sous l’averse.

grisaille

À la lecture de cet article sur l'euthanasie des mineurs je me sens plongée dans le gris. D'où ces mesures viennent-elles ? De la gauche ? En ce cas, je ne verrais plus les conservateurs du même œil, à moins qu'eux aussi ou surtout, n'approuvent ces nouvelles dispositions en cours  accouchées bientôt, c'est à craindre, de notre société ultra moderne occidentale,  car l'euthanasie pratiquée à gogo, ça se passe actuellement en Belgique, pays où il y a une monarchie donc un conservatisme influent. La version française de l'article est sous le texte anglais et ensuite vous trouverez un poème, pour l'espoir. En anglais d'abord  :

"Euthanasia for minors: The Belgian Senate starts general discussions

 

On Wednesday, 9 October 2013, the Belgian Senate Commission for Justice and Social Affairs "started general discussions on the legislative proposal that extends the option of euthanasia to minors". This proposal, which was submitted before the summer recess by liberal and socialist MPs following numerous debates which started last February, was then put on hold because of opposition from the government (Gènéthique press review on September 30th, 2013 and Gènéthique press review on April 22nd, 2013).

 

As far as some parliamentary groups are concerned, this proposal has several limitations. This having been said, ecologists in particular have drawn attention to "the role that parents could play in the process leading to euthanasia of a minor". The Greens are concerned about "future socio-economic pressures facing parents and the impact this might have on requesting euthanasia for their children". Finally, several senators are demanding clarification on numerous points and other hearings focusing primarily on the concept of legal capacity, minority and even representation.

 

Euthanasie des mineurs : le Sénat belge commence la discussion générale

 

 

 

Mercredi 9 octobre 2013, en Belgique, la Commission de la Justice et des Affaires sociales du Sénat "a commencé la discussion générale de la proposition de loi qui étend la possibilité de l'euthanasie aux mineurs". Cette proposition de loi, déposée avant les vacances d'été par des élus libéraux et socialistes après de nombreux débats entamés en février dernier, avait ensuite été reportée grâce à l'opposition gouvernementale (Cf Synthèses de presse Gènéthique du 21/02/2013, 24/04/2013, 02/10/2013).
Pour certains groupes parlementaires, cette proposition présente plusieurs limites. A ce titre, les écologistes ont plus particulièrement attiré l'attention sur "le rôle que les parents pourront jouer dans le processus qui mène à l'euthanasie d'un mineur". Les Verts, eux, s'inquiètent "des pressions socio-économiques que pourraient subir à l'avenir des parents et des répercussions de celles-ci sur la demande d'euthanasie des enfants". Enfin, pour plusieurs sénateurs, de nombreux points nécessiteraient un éclaircissement, et donc d'autres auditions, notamment concernant la notion de capacité juridique, de minorité ou encore de représentation."

 

Poésie  ...

 La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

Paul ÉLUARD Capitale de la douleur1926

 

 

 

 

 

 

04:06 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

En réthorique on parle d'hypotypose

"En réthorique, on parle d'hypotypose ("description énergique"). En histoire, on parle d'exagération. Deutsch ne prend pas de gants, seulement sa cape et son épée. Il écrit comme on joue aux petits soldats et ne s'embarrasse pas des chicaneries d'historiens (lesquels débattent toujours des motivations d'Abd al-Rahman en 732 à Poitiers ; désir de conquête ou simples pillages ?). Le comédien choisit la version épique plutôt que l'option savante, tranche en faveur du grand récit national. Est-ce grave ? Tout dépend de l'autorité qu'on lui accorde.

Les trois adversaires de Lorànt Deutsch évoquent avec justesse la résurgence d'un discours conservateur sur l'identité française, chrétienne et monarchiste, mais donnent par moments l'impression de se tromper de cible - ou de la surestimer, accordant au comédien une influence qu'il n'a pas. Son livre n'a pas été écrit depuis une chaire de la Sorbonne mais sur le strapontin d'un café-théâtre des Grands Boulevards. C'est un baladin en carton-pâte, à peu près aussi crédible en historien qu'Arielle Dombasle en chanteuse lyrique. Quand bien même se réclamerait-il de Maurras, on ne verrait en lui qu'un Stéphane Bern de plus, fasciné par les dynasties et le folklore féodal. Il faut reconnaître que Laurànt Deutsch cherche parfois des noises - qu'est-il allé tourner, en 2011, ce (mauvais) documentaire sur Céline avec Patrick Buisson ? Mais il peut s'agiter tant qu'il veut dans son costume du méchant, on continue à ne voir en lui qu'un enfant buveur de Yop et lecteur de Chrétien de Troyes, un frêle comédien rigolard dans des film plus attachants que ses livres."

Lu dans le Télérama de cette semaine, extrait de l'article de Erwan Desplanques

 

    

02:15 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)