04/01/2008
Rêve de cette nuit
Des images récurrentes du rêve de cette nuit me trottent dans la tête.
Je me promène sur un boulevard. Je vois sur les trottoirs de vieilles dames qui ont l’air un peu misérables et discutent entre elles sur un banc, un peu plus loin des ânes affalés par terre et le cadavre d’un ânon.Plus tard, je le vois revivre à mon grand contentement. Je voudrais ramener les ânes chez moi, car ils font partie de la famille, mais quand un peu plus tard je reviens les chercher, ils ont disparu. J’interroge une vieille dame, qui me répond d’un air un peu accablé. Elle me dit quelque chose sans que j’entende sa voix, il s’agit probablement de voleurs. Je les plains, elles ont l’air abandonnées et je me fais du souci pour mes ânes.
Je vois un train, des vols, des bagages perdus.
Plus tard, vers le boulevard une des femmes que j’y avais vues se promène avec sa fille. Je la reconnais de dos. Elle se retourne, me sourit, me montre sa fille qui me sourit à son tour et toutes les deux reprennent leur marche. La fille visitait sa mère sur le boulevard et l’emmenait balader vers la gare, avant de la ramener à son banc.
Le visage de la mère était hâlé, un peu ridé, les yeux marrons. Il s’en dégageait quelque chose de méditerranéen ; sa fille était beaucoup plus grande, le visage nordique, très pâle. son sourire poli dévoilait une dentition un peu négligée. Elles avaient l’air de s’aimer beaucoup toutes les deux. Surtout la maman, très fière de son enfant et un peu exclusive, qui serait ramenée à son banc dans la résignation, sans révolte.
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Georges Castera
Haiti : Bow ! Un grand bruit de tonnerre de Georges Castera
Vient de paraître aux éditions Mémoire d’encrier le recueil créole BOW ! du poète Georges Castera.L
Le mot BOW ! indique un éclat, une explosion. C’est le bruit des balles perdues. Explosion de sens, de formes ! Le terme signifie aussi en créole baiser sur la bouche. Le recueil rassemble cinquante quatre poèmes autour des thèmes différents comme l’amour, l’eau, la vie, etc.
À côté de l’amour sensuel et libertaire, thème récurrent chez Castera, une grande partie des poèmes évoquent l’eau et les éléments de la nature. On trouve un poète avec de grandes préoccupations écologiques.
Voici un extrait de la présentation du recueil à propos de l’écologie : « Des poèmes sur l’écologie, sur l’homme face à la nature. L’homme qui menace la vie et l’avenir de l’homme, son alter-ego. Soit parce que l’eau douce est en train de disparaître, soit parce qu’il y a trop d’eau qui inonde les terres et qui détruit hommes, animaux, maisons et jardins. Mais l’eau, c’est aussi la vie.
Le lien
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03/01/2008
Tian
Nonus tenta une nouvelle fois d’attraper d’un coup de patte maladroit, la drôle de mouche fluorescente qui venait de le piquer et paradait maintenant devant lui. Ça n’avait pas été douloureux, juste un petit pincement, mais comme toujours lorsque son estomac le tiraillait, gagné par le découragement, il en voulait au moindre insecte qui se présentait. Sur ce constat fataliste, le lion bailla avant de s’affaler à terre de tout son long, profondément endormi.
La gazelle aux aguets, se mit alors à découvert ; une escouade de mouches-bouclier la précédant, elle alla retrouver d’un pas léger Rinla,victorieusement campée sur l’oreille du félin.
— Tu n’y es pas allée trop fort cette fois-ci j’espère, j’ai peu de temps, ma harde m’attend.
— Tu as seulement une minute pour lui faire tes adieux. Prudence, Tian ! N’oublie pas que ce lion est affamé, n’attends pas qu’il se réveille pour t’en aller.
La robe feuille-morte de Tian frémit quand l’escadron de mouches la quitta. À peine ses amies atterries sur le museau du fauve, elle entra en contact avec lui. Il semblait l’attendre et l’accueillit par ces mots :
— Je savais qu’il me faudrait beaucoup de courage pour t’aimer, Tian. Comme il en faut pour mourir.
— Que se passe-t il ? Que veux-tu dire, Nonus ?
— J’ai quitté ma lionne et ses petits parce qu’ils te tueraient dès la première rencontre. M’éloigner d’eux était la seule solution pour te voir encore.
Cette soudaine déclaration bouleversa Tian qui tenait le lion, récemment encore, avant l’expérience des rencontres en miroir, pour le plus cruel des animaux. Elle était simplement venue aujourd’hui le remercier et lui témoigner son estime en l’informant de l’expérience. Mais les choses se compliquaient. Il fallait le raisonner.
— Pourtant, si tu te réveillais, Nonus, ton instinct de conservation serait le plus fort et tu m’égorgerais de même pour te nourrir.
— Mais je ne dors pas, Tian, rugit le lion, je suis autant réveillé que toi !
— Nous sommes en réalité dans une autre dimension. Mes amies les mouches- télescopes ont permis ces rencontres ponctuelles en terrain neutre. Ton esprit seul est en éveil. Rinla projette notre image en adéquation. C’est un peu comme si tu rêvais. J’étais venue t’expliquer tout cela, nous avions besoin ma harde et moi de mieux vous connaître.
Interloqué, Nonus n’osa pas s’approcher d’elle, de peur qu’elle ne s’évanouisse, et se contenta de humer l’herbe sèche de la savane.
— Alors restons dans cette dimension, décida-t-il
Tian, subjuguée, entrevoyait tout à coup de nouveaux horizons en compagnie de son nouvel ami, quand elle sentit les griffes du Quéléa, l’oiseau-messager de Rinla, légèrement s’enfoncer dans sa chair. Puis, celui-ci prit place sur sa corne et cria :
— Je viens d’échapper de justesse au lance-flamme des paysans ; juste ciel, c’est bon de trouver un peu de répit en votre compagnie ; personne ne crache le feu pour défendre sa nourriture ici !
Cette mise en garde à peine voilée de Rinla, par la voix de son émissaire le plus fidèle, lui rappela l’urgence de conclure l’entretien :
— La lionne et ses petits t’attendent. Je voudrais simplement que tu te souviennes de moi, Nonus.
Le lion ne l’entendait sûrement pas de cette oreille, et s’apprêtait à riposter, quand un violent orage éclata sur la savane. Les mouches se télescopèrent alors en vitesse, formant une boule-miroir qui les emmena sous un arbrisseau, tandis que Nonus se réveillait dans un effroyable rugissement de douleur devant Tian médusée.
— Je me souviens de toi ! Va-t-en maintenant ! rugit-il une dernière fois.
Jamais gazelle n’avait vu douleur aussi poignante chez aucun autre animal. Le lion redevenu sauvage lui ordonnait de courir. La chasse allait commencer. Presque malgré elle, Tian bondit et courut jusqu’à épuisement.
Il ne l’avait pas poursuivie. Bientôt une nuée de ces mouches extraordinaires, presque invisibles filles des airs, la rejoignirent. Rinla lui raconta les gémissements de Nonus alors qu’elle s’enfuyait.
Ce sont ses larmes à lui, Tian. Il s’est souvenu.
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