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04/07/2012

Le retour de Jeudi

— Non mon amie, cette drogue est plus douce. C’est une question d’éthique. Patientez que diable ! Vous le retrouverez bientôt votre cher compagnon, regardez voilà Hector qui se pointe, par robot infirmier interposé cette fois.

En effet la porte du tribunal où se trouvaient Jeudi et ses ennemis, avachis à souhait et toujours larmoyants, s’était entr’ouverte pour laisser passer un robot d’apparence humaine. Il se dirigea vers Jeudi d‘un pas assez assuré, arrivé à proximité du malheureux, il se mit en devoir de se présenter et déclara de sa voix métallique : « Robot-infirmier. Provisoirement en automatique. Téléguide Hector d’ici vingt secondes. Le diagnostique a été établi à 14 heures quarante minutes douze secondes. Une piqûre antidote va vous être faite. En cas de résistance, plaquage au sol. »

Pour toute réponse Jeudi renifla un grand coup et demanda laconiquement au robot s’il lui arrivait d’uriner. Un petit bruit mécanique se fit entendre. 

— Je viens de reprendre les commandes. Re-salut Jeudi. J’ai mis le robot en automatique le temps d’aller pisser. Il t’a mis au courant du protocole ? Si tu bouges trop brusquement, plaquage au sol. Il met en place le garrot ;  il est très perfectionné, très souple. La piqûre va très vite te remettre les idées en place et tu pourras prendre la voiture qui t’attend en face du tribunal. Il n’y a pas de temps à perdre. Nous craignons que Le Noble ne soit qu’un pion du gouvernement. Quand ils vont s’apercevoir que quelque chose cloche à Bléassengh et que Le Noble est dans les vapes, ils vont envoyer d’autres gens à la rescousse. Il faut faire vite. »

Jeudi se frottait le bras à l’endroit de la piqûre, il émergeait doucement en écoutant la voix d’Hector. « J’ai coupé le contact avec les chiens dit celui-ci, Dora et Dross sont déconnectés. Il paraît que Dross voulait te faire un petit cours sur notre philosophie non violente, basée sur le principe d'une relative indifférence concernant les personnes très violentes. Ces individus n’ont besoin selon nous, ni de notre amour dont ils n’ont que faire, ni de notre haine, voilà en résumé. Dross t'aurais expliqué cela mieux que moi mais nous n’avons pas le temps. Laisse Piéaumur et ses gens là où ils sont et  suis le robot. Ah oui c'est vrai, il te tient la main. Il est doux  en dépit de la ferraille. »

— Il me pince les doigts.

— Je desserre, ça va mieux ?

— Oui, c’est bon. Sauf qu’il accélère drôlement l’allure, on court presque maintenant.

— Il a raison répondit Hector. Voilà, vous êtes sortis. La voiture qui clignote en feux de détresse, juste devant les marches, c’est la nôtre, tu montes dedans et tu laisses faire, profites-en pour faire un petit somme de récupération. D’ici une demi-heure je te réveille en personne et nous boirons un café ensemble. »

Hector mit le robot en automatique et tout se passa cette fois comme prévu. Jeudi se laissa emporter, épuisé, vers la Corne d’abondance.

 

Les Marcheurs - Retrouvailles retardées

— Un robot-voiture va arriver, il va les ramener à Bléassengh. Nous allons rendre à Le Noble ses hommes de main. Un autre, direction La Corne d’abondance va venir vous rechercher tous les deux. Jeudi ne devrait pas tarder lui aussi à rentrer en voiture téléprogrammée. Là-bas la police-robot de Bléassengh a neutralisé les habitants agressifs en même temps que ceux-là qui nous auront servi de sirène d’alarme. Jeudi a été libéré par la même occasion. J’ai réussi à le joindre par chien interposé pendant que Dora vous parlait. À propos des Bléassengh, je n’aurai pas cru devoir en arriver là. Il faut croire que nous les aimions un peu ces démons, jusqu’au bout nous avons espéré un changement de leur part…

Dora répondit d’une voix émue 

— Nous ne serons jamais assez sentimentaux…  

 

Le docteur Dross conseilla à Dora qui venait d'entrer en conversation avec lui de ne pas se mettre tout de suite en contact avec Jeudi via l’un des chiens robots qui encerclaient ses ennemis.

— Je ne vous conseille pas de lui parler maintenant Dora, il a reçu une flèche accidentellement, il pleure, il  soupire sans cesse, et il délire de temps à autre en raison du choc des dernières heures vécues avec les Bléassengh. Il vaudrait mieux le laisser tranquille jusqu’à demain.

 

— Merci de m’avoir prévenu Charles. Je connais les effets de cette drogue, je saurai faire la part des choses. 

Là-dessus Dora se connecta au réseau de Bléassengh 

— Tu m’entends Jeudi ? J’étais tellement inquiète ! 

Jeudi se taisait, essayait de reprendre son souffle, reniflait, elle l’entendit soudain parler à Madame Piéaumur, qu'elle put voir grâce à la caméra incorporée, recroquevillée dans un coin de la pièce où trônait un bureau massif en haut d'une estrade assez monumentale.

— Au fond, vous avez gagné Madame Piéaumur, je suis devenu comme vous, je n’éprouve d’empathie pour aucun de vos enfants que vous exhibez si fièrement et ça me rend très mal. Je voudrais retourner quelque part où je pourrais éprouver de nouveau de l’empathie parce que vivre comme vous, de la haine de l’autre, moi je ne pourrais pas. C’est tout simplement impossible pour moi. Je préfèrerais le suicide. Je ne sais pas comment vous faites. Ouais, nous sommes radicalement différents, c'est bien ce que je disais.

Le docteur Dross, gêné tenta une intervention :

— C’est la drogue qui vous rend triste Jeudi. Pleurez et taisez vous. Dora vous entend.

— Toi le chien ferme ta gueule. Je suis comme le saint Maçon des Râteaux libres, je ne crois que ce que je vois. Et je ne pense pas que dans ce clébard, il y ait mon ami Dross, pas plus que dans celui-là, il y ait Dora. Dora, je l’ai perdue. Je les ai perdus mes amis et en les perdant j’ai trouvé Piéaumur et sa clique. Sa clique qui me faisait un procès truqué, à la va-vite comme d'hab. et m’envoyait pour la seconde fois à la potence. Je pense, clébards, que vous faites partie du jeu sadique de ces salauds. Un de leurs mauvais jeux avant mon exécution et je voudrais dire à ces pleurnichards aux larmes de crocodiles qu’ils ont gagné. Effectivement, parce que leurs enfants me débectent aussi. Je suis devenu aussi mauvais qu’eux et de ce fait, je ne crois pas en l’innocence, pas même en celle des mioches. Avant j’étais candide, j’aimais, je respirais. J’ai accueilli  Dora comme un cadeau du ciel. Mais elle n’était qu’un rêve et vous Piéaumur, ma semblable, vous êtes la réalité.

Un chien ouvrit tout grand sa gueule, et Dora se fit entendre :

— C’est la drogue qui te fait cet effet Jeudi. Patiente un peu. Tu reconnais ma voix tout de même.

Cela ne fit qu'exaspérer Jeudi.

— Vous êtes allé jusqu’à lui piquer sa voix mes salauds, s'exclama-t-il, grandiloquent. C’est comme si vous lui voliez son âme. Cessez cette comédie, qu’on en finisse, achevez-moi.

Autour de lui Madame Piaumur et monsieur Todi, le visage dans les mains pleuraient silencieusement sans discontinuer, parfois à gros sanglots mal étouffés. Dora s’adressa à Dross :

— ça va faire effet combien de temps cette drogue ?

 — Le temps de lui administrer un contre-poison, pour les autres ça va durer quelques jours, le temps de recompartimenter l’hôpital en plusieurs fusées et de mettre les voiles. Si l’État trouve trace de cet engin sptial, nous pourrions apporter de l’eau au moulin de Le Noble.

Dora maugréa :

— Adieu la zone verte alors, nous abdiquons, Le Noble a réussi de toute façon à nous faire partir.

Jeudi avait suivi la conversation, il se recroquevilla avant de déclarer :

— Oui méchant chien, le chien méchant a raison, adieu l’amour, ce n’était qu’un rêve. Je suis piqué. frère chien, mon semblable, tu m‘as piqué.

Dora exaspérée soupira « quelles retrouvailles ! De bons somnifères auraient fait mieux l’affaire ! »

— Non l'amie, cette drogue est plus douce, rétorqua le docteur Dross. C’est une question d’éthique. Patientez bon sang ! Vous le retrouverez bientôt votre  compagnon, allez.

 

02/07/2012

Les Marcheurs, suite et presque fin

«  Les voilà ! » cria un homme aux abois ! «  ça correspond à la photo ! «  Une équipe de gueux sans chiens leur bloqua le passage. « N’ayez pas peur ! Nous sommes vos amis. »

« ça tombe bien, répondit Peter, nous voulions justement nous joindre à vous. J’explique : nous voulions faire mine de nous joindre aux touristes avec nos déguisements, puis vous contacter ensuite. Nous savons que vous êtes avec Jeudi. »

« Il s’en est fallu de peu. Nous avons failli nous faire enrôler de force comme subalternes des robots de police de la ville. Jeudi nous avait demandé de ne pas déclencher les sirènes s’il était en danger, c’est à nous d’avertir de vive voix les chercheurs, selon ses ordres. Ils doivent évacuer les lieux. Dès que Le Noble reviendra, d’ici quelques jours, tous vont traverser la forêt, ils veulent renverser leurs anciens demi-dieux, s’ils restent là, il se pourrait qu’il y ait un carnage. »

"Merde !" s’exclamèrent ensemble Tom et Odette. 

"Les gars ! dit un gueux, pas de temps à perdre, et vous, retour à la case départ. Jeudi n’a pas besoin de vous."  À ce moment, les gueux restèrent interdits. Une meute de chiens se tenaient devant eux, mais ils n’en reconnurent aucun. Ceux-ci avaient la tête qui dodelinait bizarrement, comme s’ils étaient constamment pris d’un malaise. Odette  évita aux hommes la crise cardiaque en émettant l’hypothèse de robots déguisés. Quand ils entendirent la voix d’Hector sortir de la gueule de l’une de ces machines Tom et Odette en furent rassurés.

— Tom et Odette, vous nous décevez, nous devons coordonner nos actions. Ici Hector, j’ai entendu le message de vos amis. Personne ne traversera la forêt plus loin pour le moment. Nous avons intérêt à neutraliser toute avancée vers nous. 

— Excusez-nous implora Odette, c’était pour vous aider. Vous aviez l’air en complet désaccord, il fallait bien que quelqu’un prenne une décision.

Un autre chien ouvrit la gueule, la voix de Dora en sortit :

— Je sais Odette, c’est ma faute. Hector me dit que si les gueux avaient neutralisé les robots de la police de Bléassengh, il serait le premier au courant, il a pris les commandes de ces robots avant d’envoyer Jeudi en mission me dit-il et les a lui-même neutralisés. Vous avez probablement affaire à une expédition punitive de l’équipe de Le Noble. Dieu sait ce qui est arrivé aux véritables gueux. Regardez, « vos amis » sont déjà hors d’état de vous nuire. Hector a fait un travail de pro, espérons que Jeudi soit sorti d’affaire lui aussi. »

Les chiens avaient paralysé les hommes par un moyen qui échappait totalement au couple. Une dizaine d’individus déguisés en gueux, les yeux éteints soupiraient et pleuraient silencieusement sous l’emprise d’un incompréhensible pouvoir. Les chiens les avaient auparavant encerclés, de leur museau avaient jailli les flèches qui s’étaient fichées dans le corps des hommes de Le Noble.

Hector reprit la parole par la gueule de son fidèle chien.

— Un robot-voiture va arriver, il va les ramener à Bléassengh. Nous allons rendre à Le Noble ses hommes de main. Un autre, direction La Corne d’abondance va venir vous rechercher tous les deux. Jeudi ne devrait pas tarder lui aussi à rentrer en voiture téléprogrammée. Là-bas la police-robot de Bléassengh a neutralisé les habitants agressifs en même temps que ceux-là qui nous auront servi de sirène d’alarme. Jeudi a été libéré par la même occasion. J’ai réussi à le joindre par chien interposé pendant que Dora vous parlait. À propos des Bléassengh, je n’aurai pas cru devoir en arriver là. Il faut croire que nous les aimions un peu ces démons, jusqu’au bout nous avons espéré un changement de leur part…

Dora répondit d’une voix émue 

— Nous ne serons jamais assez sentimentaux …