05/11/2020
Poèmes ce matin
http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/archive/20...
Et aussi ceci :
L'auteure écrit sur ceux qui cherchent à exister dans un monde qui leur fait violence...
http://www.m-e-l.fr/renata-ada-ruata,ec,228
*
J'ai aussi lu un poème de cet auteur ce matin :
Extraits
Poèmes extraits de Le Paysage immobile
à Gustavo Montes,
sur les pétroglyphes de San Rafael (Mexique)
pierres brisées
pierres qui crient dans le désert
enfances du trait
rendues au chaos sigillé de l’origine
veillant au seuil du monde
pierres patientes
méprisées, oubliées
lentes à parler
mots signes obstinés
pierres obscures sous le jour
comme des crânes
mémoire muette d’un peuple
pierres dont on ne bâtit rien
parce qu’elles sont pierres opprimées
pierres accroupies, prêtes à bondir
pierres sources, polies parmi les plantes
douces à la pluie et aux cœurs brûlants
pierres de long espoir, de toute fondation
pierres qui chantent aux quatre vents
elles disent la roue, le disque
le soleil, la lune et l’étoile
comptes de troupeaux et d’astres paisibles
la ronde des hommes dans le cycle des temps
et nous lisons aveugles notre faute
notre honte
et la souffrance d’avoir trahi nos frères
Poèmes extraits de Le Paysage immobile
09:28 Publié dans Blog Mémo, Lecture, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
31/10/2020
Extrait de l'entretien avec Michel Le Bris
Extrait d'un entretien avec Michel Le Bris, du Télérama de la semaine du 19 au 25 mai 2018. N° 3566.
Propos recueillis pas Michel Abescat pour Télérama :
Michel Le Bris dit notamment en réponse à la question : Si la Bretagne est un pilier de votre existence, Mai 68 en est un autre. Quel souvenir en gardez-vous ?
[...] "J'étais [ainsi] dans ce moment complexe où je me demandais comment avouer à ma mère que je n'utiliserais jamais mon diplôme d'HEC, dont elle avait tellement rêvé. Je l'avais obtenu pour elle, pour qu'elle y trouve sa revanche ; elle voulait que j'aie un "bon métier", que je devienne un de ces patrons pour lesquels elle avait travaillé. Je savais que ce n'était pas ma voie. Comment le lui dire ?
D'une manière générale, les gens de mon âge craignaient l'avenir qu'on leur proposait, c'était un film en noir et blanc façon Jean Gabin, quand nous étions d'un monde en couleur. Le Flower Power, le rock, le jazz, la BD... j'avais toutes ces contradictions dans la tête quand, brusquement, Mai 68 est venu tout régler. Il n'était plus question du monde ancien. Je me souviens que les gens se souriaient, quelque chose de très fluide passait entre eux, de spontané, qui contrastait avec les violences dans la rue, les cocktails Molotov, les flics. Je m'étais engagé dans la gauche prolétarienne, mais je garde d'abord le souvenir de cette tendresse, de cette allégresse, de ce sentiment que chacun avait d'être plus grand que lui. Dans le fond, l'inconscient du mouvement susurrait qu'il n'était pas principalement politique, mais d'abord culturel. Au-delà d'une revendication classique, c'était une volonté de vivre autrement qui s'exprimait."
Ensuite Michel Le Bris dit avoir quitté la gauche prolétarienne après avoir purgé huit mois de prison en raison de son poste de directeur du journal La cause du peuple. Il garde un souvenir extraordinaire de l'après-soixante-huit dit-il, qu'il a vécu aux côtés de Sartre, de Michel Foucault, de Maurice Clavel, d'André Glucksmann, de Guy Lardreau, de Christian Jambet. Il s'agissait alors pour eux de : "penser une philosophie de la liberté accordée à ce que nous avions vécu, en ayant le courage de mettre en cause les dogmes marxistes qui jusque-là paraissaient indépassables."
Plus loin il déclare : "Il s'agissait d'annoncer la possibilité d'un âge de la fiction, de mettre en avant la dimension poétique de l'être humain qui le fonde dans sa grandeur, sa liberté, sa capacité d'imagination et de création, de rêve et d'invention, d'affirmer qu'il y a en chaque homme quelque chose de plus grand que lui. Quelque chose qui ne peut pas être réduit au social. Si nous étions uniquement déterminés par notre milieu social, je travaillerais aujourd'hui sur les parcs à huîtres de la baie de Morlaix. je sais d'où je viens, j'ai vu la souffrance et l'humiliation de ma mère, et je me suis dit quand j'étais petit : jamais ! Jamais je n'accepterai cela. Il y a quelque chose qui se dresse en soi à ce moment-là qui est plus fort que tout. Nous sommes plus grands que nous. C'est à partir de cette déflagration de l'imaginaire qu'on peut redéfinir une philosophie de la liberté. L'histoire de ce que j'ai écrit, l'histoire du festival Etonnants Voyageurs, tout, s'ordonne autour de cette idée."
Commentaire : J'espère que ce festival aura lieu ! Par ailleurs ce que dit Michel Le Bris pose la question des "petits boulots" qui, s'y on s'y enferme peuvent nous faire croire que nous sommes nous-mêmes petits, dans le sens mesquin. Personnellement "j'ai eu fait" des petits boulots et j'ai essayé de ne jamais m'identifier à ces "petits" boulots, que je faisais avec pragmatisme et pour gagner un salaire, dans le même esprit que les baroudeurs américains. Évidemment, si on s'assimile à ce travail cela devient dangereux pour soi-même.
Les éboueurs, par exemple, si on ne les amalgame pas avec leur "petit" travail, on peut les voir comme des héros ; des fées, concernant les femmes de ménage dans le sens non ironique ici de fées du logis. Mais sans doute ne faut-il pas trop longtemps les faire ces petits jobs ? À moins que d'être particulièrement forts dans sa tête, car ils peuvent sans doute finir par écrabouiller les personnes, surtout si on ne les respecte pas en retour. Et puis, ils sont pleins de contre mouvements qui usent l'organisme, mettent le dos en compote etc. Ils ne sont pas bons pour la santé physique et cela peut se répercuter sur la santé mentale.
En tant que chrétienne d'éducation je me souviens de Jésus nettoyant les pieds de ses apôtres, du Seigneur se mettant au service des petits, les petits étant finalement les bourgeois parfois. Mais si ce n'était pas un jeu pour Jésus, cela peut devenir chez les hommes ordinaires un jeu dangereux hélas où le sadisme prend le pas, avec des rapports sado/maso malsains.
07:03 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)
30/10/2020
Lecture du jour : Jean Sulivan ♣♣♣ Il n'est pas allé à l'école mais n'empêche...
"Jean Sulivan
La conversation quotidienne n’est que rengaine jusqu’au moment où quelqu’un parle de son propre regard, de sa voix, remonte de son fond une impression, une révélation qui est sienne; comme dans les livres tout est vain qui n’est pas cela, le jaillissement irrépressible de la vérité la plus intime qui appartient à tous… Et sans doute l’exil n’est-il supportable que parce qu’il y a cette frontière perdue, retrouvée, au-delà de ce qui protège et masque, mots, briques, papiers peints…
Comme si ces impressions qui peuvent surgir d’un magma de médiocres souvenirs et qui vous envoient à l’improviste un coup léger, vous griffent le cœur d’une fine blessure, comme si ces impressions, ces traces actives en nous, presque sans nous et souvent à jamais ignorées, étaient ce qu’il y a de plus intime, de plus incommunicable et cependant de plus universel, si du moins la parole vient à leur donner existence.
Point n’est besoin de toujours les avoir ressenties soi-même, chacun les croit reconnaître dans le tremblement de la voix, d’une écriture, participe au bonheur de celui qui les exprime sans les avoir peut-être vécues, mais parce qu’il les a reconnues sur un visage, car ce qui se tient aux profondeurs est aussi, une seconde, surface et forme, une lumière dans un regard, une ombre, ce pli du front, des lèvres, aussi nécessaire, inattendu, imprévisible que les traces sur la pierre que laissent la pluie, le vent, la mer; aussi vraies, plus vraies que les idées abstraites mais que nous ne savons déchiffrer, et les mots ne nous sont donnés que pour retrouver la palpitation de ces secondes perdues, retrouvées, immuables tout au long d’une vie, la joie secrète hors du temps, quand l’éternité déborde.
Jean Sulivan, Car je t’aime ô Eternité (Gallimard, 1966)"
Lu sur le site Jubilate Deo.
Jean Sulivan :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Sulivan
♣♣♣
Luchini parle du ressentiment :
Un lièvre en son gîte songeait :
https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/jean_de_la_fontaine/le_lievre_et_les_grenouilles
07:40 Publié dans Blog Mémo, Lecture, vidéo | Lien permanent | Commentaires (0)