Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/02/2013

Extrait du Dossier concernant La peste de Camus

L'humanisme de Camus, dans ce contexte de crise sociale, où des chômeurs se donnent la mort (voir la video postée précédemment) est plus que jamais d'actualité. Extrait de ce dossier élaboré par Yves Ansel :

"Répondant à un critique (Roland Barthes) qui s’ingéniait à ne pas vouloir voir l’arrière-plan historique du roman, Camus crut devoir faire cette mise au point, au demeurant totalement superflue pour les premiers lecteurs : «  La peste, dont j’ai voulu qu’elle se lise sur plusieurs portées, a cependant comme contenu évident la lutte européenne contre le nazisme. La preuve en est que cet ennemi qui n’est pas nommé, tout le monde l’a reconnu, et dans tous les pays d’Europe ».

La peste est donc visiblement la « traduction » (le terme est de Camus) d’une expérience collective; la peste « représente » évidemment la « peste brune » (l’expression désignait communément les nazis), et innombrables sont les notations qui évoquent les années noires, l’Occupation allemande et la Résistance : l’incapacité des pouvoirs en place (la « préfecture » et la « municipalité » ne prévoient rien, ne font rien qui soit à la hauteur de la situation); la presse ignorante, futile, mensongère et bâillonnée (les journaux se faisant l’écho de la version préfectorale, des communiqués officiels, P.91, 258) ; le rationnement de l’essence et des vivres (p.92) ; les ruptures de stocks, la pénurie de papier p.134) ; le problème du ravitaillement (p. 193) — le « souci le plus pressant » (p.291-292), le marché noir, la prospérité des trafiquants (p.93-94) ; le « four crématoire » (p.196-198) et les « camps d’isolement » (p.259 et suiv.), etc., sans oublier tous les sentiments (peur, sentiment de l’exil, agressivité…), toutes les souffrances éprouvées par « les prisonniers de la peste » (p.185).

Place dans l’œuvre

Indissociable des articles écrits par le journaliste dans Combat, La peste fait également corps avec l’État de siège (1948), Les justes (1949) et, surtout, L’homme révolté."...

 

07:40 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

13/02/2013

Le caractère fétiche de la marchandise et son secret.

Le Capital Livre Premier :

http://le.capital.free.fr/text/livre1/ch1/txt4.html

11/02/2013

"Ji lon fous à la poche" Ubu roi - Alfred Jarry

ACTE IV

 

Scène V

 

Une caverne en Lithuanie. Il neige.

Père Ubu, Pile, Cotice.

 

Père Ubu. — Ah ! Le chien de temps, il gèle à pierre fendre et la personne du Maître des Finances s’en trouve fort endommagée.

 

Pile. — Hon ! Monsieuye Ubu, êtes-vous remis de votre terreur et de votre fuite ?

 

Père Ubu. — Oui ! Je n’ai plus peur, mais j’ai encore la fuite.

 

Cotice, à part. — Quel pourceau !

 

Père Ubu. — Eh ! Sire Cotice, votre oneille, comment va-t-elle ?

 

Cotice. — Aussi bien, Monsieuye, qu’elle peut aller tout en allant très mal. Par conséquent de quoye, le plomb la penche vers la terre et je n’ai pu extraire la balle.

 

Père Ubu. — Tiens, c’est bien fait ! Toi aussi, tu voulais toujours taper les autres. Moi j’ai déployé la plus grande valeur, et sans m’exposer j’ai massacré quatre ennemis de ma propre main, sans compter tous ceux qui étaient déjà morts et que nous avons achevés*.

 

Cotice. — Savez-vous, Pile, ce qu’est devenu le petit Rensky ?

 

Pile. — Il a reçu une balle dans la tête.

 

Père Ubu. — Ainsi que le coquelicot et le pissenlit à la fleur de leur âge sont fauchés par l’impitoyable faux de l’impitoyable faucheur qui fauche impitoyablement leur pitoyable binette, ainsi le petit Rensky a fait le coquelicot, il s’est fort bien battu cependant, mais aussi il y avait trop de Russes.

 

Pile et Cotice. — Hon ! Monsieuye !

 

Un Écho. — Hhrron !

 

Pile. — Qu’est-ce ? Armons-nous de nos lumelles.

 

Père Ubu. — Ah ! Non ! Par exemple, encore des Russes, je parie ! J’en ai assez ! Et puis c’est bien simple, s’ils m’attrapent ji lon fous à la poche. 

*« achevés » : Dans une comédie-ballet de Molière, La Princesse d’Edile (1664), c’est en jouant avec l’écho qu’un personnage de bouffon, Moron, attire un ours ; du haut de l’arbre où il s’est réfugié, il invoque le Ciel tout en encourageant les chasseurs à se battre et conclut « maintenant que vous l’avez tué, je vais l’achever ».

 

08:08 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)