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18/10/2013

Décalage

"Even out there sitting on the pavement and freezing, George is still your son."

dw-world.com 

 

le 'even' est révélateur d'une déperdition d'amour assez conséquente. Je me serais plutôt attendue au terme

'particularly' ou 'especially'. Ce petit mot - even - et tout est dit sur l'état d'un cœur. 

 

"Même assis dehors et grelottant de froid, George reste votre enfant."  

 

14:53 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

17/10/2013

Articulations hors contrôle

« À Soweto, elles mènent la danse

En Afique du sud, la fin de l’apartheid leur a entrouvert la porte des écoles de danse. Mais, pour cette génération de femmes chorégraphes déterminées, s’exprimer demeure un combat quotidien.

— Johannesburg, début des années 1980. La jeune Robyn Orlin, dont la famille juive originaire d’Europe de l’Est avait trouvé refuge en Afrique du Sud dans les années 1930, revient enseigner la danse dans les townships après s’être formée à Londres. Elle ose, dans ses solos, dénoncer ouvertement l’apartheid. Et révélera plus tard une nouvelle génération d’interprètes, Nelisiwe Xaba en tête. « Elle nous a ouvert la voie !» reconnaissent ses consœurs les plus jeunes - même si la relation avec cette figure de mère un peu écraante est parfois compliquée. A voir aujourd’hui Robyn Orlin, Dada Masilo, Nelisiwe Xaba, Mamela Nyamza ou Désiré Davids, impressionnante cohorte de femme chorégraphes à l’identité bien trempée, débarquer en France à l’occasion de la saison sud-africaine organisée par L’Institut français, on constate l’existence d’une constellation féminine singulière.

Début des années 1990. Nous sommes aux dernières heures de l’apartheid. La danse contemporaine sud-africaine n’est encore qu’un tout petit creuset, en marge des ballets classiques considérés, dans chaque grande ville, comme le standard bourgeois et européen où les corps noirs n’entrent pa! Ni sur scène ni dans la salle. Mais l’étau commence à se desserrer de Soweto (Neliwise Xaba) ou de Gugulethu, un township près de Cape Town (Mamela Nyamza) parviennent à intégrer des cours classiques tout en pratiquant les danses de rues après l’école. « les deux styles m’ont construite, et je l’éprouve sur scéne : le contrôle de mon corps vient du classique. Du coup, si j’aborde les rives de la transe, c’est toujours en danseuse entraînée », raconte Mamela Nyamza, la quarantaine, devenue chorégraphe-performeuse radicale après un long parcours en compagnie. »

 

 J’ai lu cet extrait d'article dans Télérama, écrit par Emmanuelle Bouchez

 

À mon avis intégrer la danse classique européenne c’est un peu dommage, elle risque d’ôter la spontanéité des danses africaines. Cela me rappelle le témoignage d’une jeune fille que j’ai rencontrée à Auch dans le contexte du travail. Une jolie jeune fille dont les parents avaient émis le vif désir de faire d'elle une danseuse classique. Son corps a été mis à si rude épreuve qu’elle devait voir un kiné régulièrement. Ses articulations craquaient avec un petit bruit de brindilles sèches, qu’elle tenait à ce que j'entende parfois  en étirant ses bras en signe de preuve tangible des méfaits des cours de danse classique sur son organisme. Maltraitance involontaire de parents trop zélés ou enclins aux fantasmes de gloire dirons nous,  et beauté.    

09:47 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)

15/10/2013

Pas une voile ne s'inclinait sur l'onde grise

"Pas une voile ne s’inclinait sur l’onde grise, pas une traînée de fumée ne se dessinait, pas un clapotis ne scintillait dans l’espace.

Et les sabots claquetaient sans cesse. Hors des ruelles étroites, des maisonnettes en granit, des routes blanches, les femmes s’élançaient ; elles allaient par deux, par trois, par quatre ; elles tricotaient des bas et s’avançaient fixant les lointains gris, elles allaient rapides ; les cornettes tremblaient et les rubans blancs flottaient derrière elles.

Elles grimpaient sur les pentes abruptes, sur les masses élevées de rochers jetés au loin dans la mer par la main des cyclopes, vers la chapelle svelte, poussée entre les hauts blocs de granit étagés, et regardaient le désert de l’océan, écoutant le calme avec crainte.

Puis elles s’assirent en rang au bord du précipice comme des oiseaux de deuil à têtes blanches ; elles tricotaient des bas, les aiguilles scintillaient entre leurs mains et parfois un murmure s’échappait de leurs lèvres pâlies. Assises immobiles, elles fixaient les flots silencieux, opaques, et leurs âmes glissaient sur les profondeurs de l’horizon, planaient au-dessus des sombres gouffres déserts, fouillaient les eaux livides, appelant de leurs voix muettes et douloureuses.

Pas une voile n’émergeait des abîmes et le silence ne répondit par aucun clapotis de rames.

Vers les cœurs en détresse s’avançait lourdement l’Inconnu.

Alentour quelque chose d’inconcevable s’accomplissait.

C’était comme si soudain le ciel se fût effondré ; les corps gigantesques des nuages fondirent sur la terre et les eaux, en masses monstrueuses de brumes grises.

Un insondable tourbillon s’éleva, ouragan muet de poussière et, silencieusement, les brouillards couvrirent le monde. Ils s’élevaient des eaux en trombe vacillante, montaient de terre, emmêlés, et les inépuisables cratères du ciel soufflaient des colonnes de fumée pâle qui rampait lentement, jaillissait en fontaines, s’épandait de plus en plus largement et coulait sans trêve comme une mer écumante de grisaille et de tristesse.

Les femmes se hélaient entre elles et, errant parmi les tourbillons, s’assemblaient sous la chapelle, se blottissaient contre les murs, s’asseyaient sur le seuil ; leurs aiguilles scintillaient toujours et elles regardaient le monde avec une inquiétude croissante."

 

Intégral :

http://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Reymont%20-...

20:53 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)