16/09/2019
Aptère ♣♣♣ Constantin Brancusi ♣♣♣ Le poème
concernant les aptères :
https://fr.wiktionary.org/wiki/apt%C3%A8re
♣♣♣
Constantin Brancusi :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Constantin_Br%C3%A2ncu%C8%99i
♣♣♣
Ici, la poète parle de la sculpture d'un grand artiste roumain : Constantin Brancusi, qui était dans une forme d'abstraction, à l'inverse de Rodin, plus dans le figuratif.
Le poème est ici :
Brancusi’s Golden Bird
Mina Loy
Dessous, ma traduction du poème. Il y a sur le site un enregistrement audio du poème.
Le jouet
devient l'archétype de l'esthétique
Comme si
un patient dieu paysan
avait frotté et frotté
l'alpha et l'oméga de la forme
dans une pièce de métal
Une pure orientation
sans ailes sans plumes
— Le rythme ultime
a supprimé les extrémités
de la crête et des griffes
du noyau du vol
L'acte absolu de l'art
conforme à la sculpture du continent
- nu comme le front d'Osiris -
ce dévoilement de la gorge
une courbe incandescente
léchée par des flammes chromatiques
dans des labyrinthes de reflets
Ce gong
d'hyperesthésie polie
gronde de tout son cuivre
comme la lumière agressive
crie
sa signification
La conception
immaculée
de l'oiseau inaudible
survient
dans la splendide réticence...
Commentaire : quand elle parle de "conception immaculée", je pense qu'elle se rappelle la fraîcheur de l'artiste, non savant ou cultivé, qui crée tel un "patient dieu paysan", réticent, c'est-à-dire, sobre, à mon sens.
09:02 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
15/09/2019
Fixer le regard du chat ♣♣♣ Neuville-en-Ferrain ♣♣♣ Griffes de chat
Expérience :
J'ai eu peur d'un chat, petite. Je me souviens de l'expérience. On était autour d'une table lors d'un repas de famille et le chat avait focalisé son attention sur moi. Je l'intriguais. J'avais l'impression que je lui déplaisais, qu'il était hostile. Il me fixait, du coup je le fixais, un peu hypnotisée par ce que je prenais pour de l'animosité, sensation de me perdre dans un abîme, faisant cela. Au moment où la panique est montée, le chat a manifesté une plus grande animosité à mon égard, comme en présence d'une proie. Il était à deux doigts de me sauter au visage. Je crois que j'ai crié. On a mis le chat à la porte et le repas a continué.
Aujourd'hui quand un chat me fixe, je lui souris avec les yeux et j'aime garder mon regard plongé dans le sien. Je pourrais faire cela longtemps si le chat ne finissait pas par "lâcher prise". Ce que je vois dans les yeux des chats n'a plus rien à voir avec l'abîme vu autrefois. Au contraire, au lieu de me perdre dans le regard du chat au point de paniquer, je me retrouve en présence avec un être bienveillant, c'est donc agréable.
Chat d'hier, chat d'aujourd'hui. Le chemin parcouru me rassure.
♣♣♣
Neuville-en-Ferrain. Il y a là-bas un centre commercial, sans doute plusieurs, mais celui où nous étions renferme le Cultura, où Patrick vendait ses livres. Pour ne pas perdre une journée, j'ai emmené son manuscrit à corriger, (repérage d'éventuelles fautes d'orthographe ou de syntaxe, et aussi au niveau de la cohérence, voir si tout se tient), l'écrivain de polar a toujours besoin d'un œil extérieur pour ce travail, que je fais pour lui depuis "Potion amère", car auparavant je ne voulais pas lire ses livres, de peur de me retrouver en source d'inspiration intempestive.
Le centre commercial est par essence tout bétonné, mais j'ai pu trouver de l'ombre grâce à un des rares arbres encore jeune mais dont le feuillage produisait déjà de la fraîcheur. Les quelques arbres repérés étaient dans le petit espace réservé aux enfants. Mais je ne craignais rien avec le manuscrit de Patrick. J'avais de quoi faire et donc les parents des enfants ne pourraient pas me suspecter de regarger "mine de rien" leurs bambins et me signaler au vigile. Chose qui ne m'est jamais arrivée mais avec l'hystérie autour des enfants aujourd'hui, je peux très bien imaginer un tel scénario. Le manuscrit en talisman donc.
J'ai serré une branche de l'arbre avant de commencer le travail, et je l'ai salué rondement en murmurant "Merci l'arbre", car j'avais envie de lui donner un peu de ma voix.
Le manuscrit de Patrick était intéressant. Je m'attachai aux personnages : pour la chercheuse de fautes ou petites incohérences, c'est "dangereux" : le correcteur, s'il se laisse accaparer par l'histoire, risque de se laisser en même temps distraire de sa tache initiale.
À un moment donné, je relève la tête pour probablement détendre ma nuque. Que vois-je ? Un vigile. Le soleil le drape de sa lumière et m'éclipse son visage, mais je reconnais l'uniforme. Je dédie un petit sourire à la lumière du soleil, pas à lui, ne le connaissant pas et ne le voyant pas en fait, car tout est dans le visage, n'est-ce pas, au niveau de la tentative de lecture des intentions d'une personne.
Je reporte mon attention sur mon travail, me disant : "au cas où", te voilà frustré. Pas de pédophile en vue. Je tourne même le dos aux manèges. Hi ! Son arrêt sur image sur moi m'a fait dresser l'oreille par rapport à ceux sur qui il doit exercer sa vigilance. Je constate, à l'oreille, que les enfants s'en donnent à cœur joie sur les manèges.
Plus tard, il y a une autre scène charmante aux toilettes. Les toilettes du Centre commercial de Neuville en Ferrain sont hyper propres et spacieuses. Un hall doté d'un canapé et un fauteuil, plus un pouf, comprend deux portes, chacune donne sur l'espace réservé, pour l'un, aux femmes, pour l'autre, aux hommes. L'espace femme s'ouvre sur un long couloir desservant d'un côté les miroirs, sous lesquels vous trouvez de quoi appuyer sur un machin pour avoir du savon, et diriger vos mains sous l'autre machin pour bénéficier du ventilo sèche-mains, c'est comme cela tout le long de ce miroir... qui cache donc plus d'une vingtaine d'appareils "hygiéniques" ; de l'autre côté du couloir, en face, évidemment, l'enfilade de cabinets.
Un endroit magnifique qui vous permet de ne pas déféquer n'importe où.
Et le hall, grâce à la propreté des lieux, à la vigilance de la dame qui s'en occupe, est agréable. Je pris place sur le canapé. La dame préposée à l'entretien de ces toilettes me dit qu'en réalité, elle est vigile de sécurité. Elle ne fait que remplacer la préposée à ce travail, qui souffre de problèmes de santé. Je lui dis que les lieux sont vraiment nickel, du coup, agréables... on a même envie de prolonger la pause. Je n'en rajoute pas car la dame me fait part de sa fatigue et me dit qu'être agent de sécurité est tout aussi éprouvant. Mince ! Je n'aurais pas cru. Avant, elle était commerciale dit-elle, et pense retourner dans la vente. En effet, je la vois bien en vendeuse : visage à la Barbara, mais cheveux plus clairs. Grande et mince. Elle s'intègrerait bien dans ce milieu. Il y a comme cela des cursus étranges. Le soir, me confie-t-elle, elle ne dort pas bien à cause des douleurs aux jambes que lui procure son excès d'efforts physiques au travail. Là-dessus, de jeunes adultes arrivent. Dynamiques, mignonnets et tout sourire. L'un d'eux dit à la dame :
— Madame, c'est combien pour se rendre aux toilettes ?
— C'est gratuit.
— Ah c'est super. À la gare de Lille, il faut payer deux euros pour aller aux toilettes.
— Je serais riche si on faisait payer deux euros à chaque personne... dit la dame.
— Ah mais les sous vont à la ville, madame, ils n'iraient pas à vous. Dis donc, Alain, madame m'y fait penser. Si on montait une entreprise de toilettes privées, pour faire concurrence à la ville ?
Neuville-en-Ferrain, je me souviens.
♣♣♣
Le revoilà, je répète, le revoilà.
Griffes de chat, je répète, griffes de chat. Ici Londres.
Yoko me regarde de face, le sourire en bandoulière.
Un ange passe, la souris trottine à toute vitesse. Une vie dans une autre, risque de douloureusement se confondre. Ici bas, la chaîne alimentaire. Le sang. C'est pourquoi d'aucuns, humains, veulent devenir herbivore, comme pour se nourrir de lumière, d'amour et d'eau fraîche.
En effet, c'en serait alors fini de la loi du plus fort.
Hitler lui-même, fatigué, sa conscience essayant de se frayer un chemin dans les méandres d'une mentalité abracadabrante, ne pouvait plus manger carné. En avait-il marre de se faire la guerre ? de faire la guerre au faible qu'il avait extériorisé en métèque ? Son propre engrenage n'en finissait plus de le broyer. En réponse à cet état de fait, il demandait de la lumière en passant par le végétal. Hitler inconsciemment ne voulait plus d'abattoirs, mais ne savait pas comment arrêter le processus de leur mise en place. Hitler n'aurait pas eu ces idées sanguinaires à l'endroit des hommes en vivant parmi des animaux réconciliés, hors chaîne alimentaire les uns envers les autres.
07:13 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)
13/09/2019
Le déni de l'histoire
«Mon père, Luis Carrasco Tamez, Jr. (1935-1996), m'a rendu visite dans des rêves, entre novembre 1996 et septembre 2001. Des souvenirs persistants de ses propos m'ont poussée à (re) visiter des lieux familiaux intimes à Lipan Apache (Ndé). homelands, dans le sud du Texas, où il est apparu. Son décalage temporel dans l'espace a mis en place un langage pictural, m'aidant à déchiffrer la violence historique ressentie par Ndé au Texas et les impacts persistants du traumatisme historique qui saturait les paysages historiques de Ndé continuellement obscurcis en raison de l'effacement agressif opéré par la rature coloniale. La mémoire spirituelle en tant que conscience, paysage, lieu, désespoir - l’internalisation collective de l’exil spatial indien - a une influence sur ma compréhension du refus de mon père. Ce poème, faisant écho à la mémoire des survivants du génocide intergénérationnel Ndé, explore comment la mémoire historique de la violence perturbe les structures linéaires qui ont nié les expériences vécues par des Amérindiens - même après leur mort. "
“My father, Luis Carrasco Tamez, Jr., (1935-1996), visited me in dreams between November 1996 and September 2001. Lingering memories of what he said pressured me to (re)visit intimate familial places in Lipan Apache (Ndé) homelands, in South Texas, where he appeared. His spatial time-bending emplaced a pictorial language, helping me decipher historical violence felt by Ndé of Texas, and lingering impacts of historical trauma which saturate Ndé storied landscapes continually obscured by aggressive settler colonial erasure. Spirit memory as sentience, landguage, place, despair—the collective internalization of Indigenous spatial exile—influence my understanding of my father’s refusal. This poem, echoing post-memory of Ndé intergenerational genocide survivors, explores how historical memory of violence disturbs linear structures which have denied Indigenous peoples’ our lived experiences—even after death.”
—Margo Tamez
Ici :
Father replays the funeral in Dream #28
Margo Tamez
05:28 Publié dans Histoire, Philosophie, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)