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03/10/2011

Desproges

J’ai pris en cours une émission sur Desprosges diffusée sur TV5 Monde. Je n’avais pas d’avis sur le bonhomme, n’ayant auparavant pas vraiment prêté attention à ses textes. Des petits bouts de sketches égrenaient l’émission, me donnant des d’impressions diverses et variées, plutôt très positives, à son sujet. Desproges un peu réanimateur même, compte tenu que je n’étais pas loin de m’endormir avant de le voir faire ses numéros. Ceux qui l’ont bien connu témoignaient durant l’émission de sa singularité, exposaient leur analyse de son humour, laquelle venait parfois contrecarrer celle d’un autre proche. L’un pensait que cet humour émanait d’un anticonformisme dont Desproges avait fait, à son insu, une idéologie ; l’autre le voyait plutôt en a-conformiste par nature. Selon lui, l’humoriste ne pouvait adhérer à quoi que ce soit de trop convenu. Humoriste qui avait aussi des adversaires. D’aucuns l’ont soupçonné par exemple d’antisémitisme, jugeant notamment l'un de ses textes « limite ». Sa femme pour le défendre a mis en avant l’exagération évidente des propos, concernant le texte incriminé, propre à la caricature et au second degré. On ne peut donc douter de cet humour, je suis d’accord avec elle. Desproges déclare dans le texte que ses détracteurs jugent borderline quelque chose du genre "Je soupçonne que quelques juifs se sont glissés dans la salle …" puis il ajoute en mimant la condescendance : "Ils peuvent rester…" Remarquable comédien soit dit en passant, si bien que certains y ont vu un camouflet au lieu de l’imitation d’un vrai cas plus que limite en l’occurrence, faite avec une subtilité cocasse dans ce contexte puisqu'il se met dans la peau de l'antisémite sans personnage intermédiaire. Desproges non coupable parce que faux méchant. Un autre de ses défenseurs a raison, "la fausse méchanceté est préférable à la fausse gentillesse."

Par ailleurs, Desproges m’a paru être effectivement un "écorché". Comme ceux qui sont revenus de tout peut-être ne sait-il plus pleurer. Il évacue ainsi l’équivalent du petit paquet de larmes  perdu en chemin en faisant un détour par le rire et le fait sublimement parce que ce rire, qu’il cherche à provoquer en lui autant que chez son public, n’a rien de méchant.Comme si Desproges, ne voulait plus être dupe de quoi que ce soit et bossait en premier lieu pour sa pomme.

Une autre personne durant l’émission a repris la formule selon laquelle "on peut rire de tout", en précisant que l'"on peut rire de tout quand il s’agit de soi, pas quand il s’agit des autres."  Conseil  pertinent adressé à mon avis à tout le monde. Ne soyons pour autant pas trop sévères, ce n'est pas facile d’être un bon humoriste. Écrire un texte humoristique tient du numéro d’équilibriste, une mauvaise chute est toujours possible. Lorsque ses ras le bol sont proches de ceux de son public et qu’il a su les sublimer, un humoriste a  fait son job. Il se déleste, momentanément ou plus, de ses propres fardeaux avant de soulager les autres des leurs, plus ou moins durablement.

Au cours d’une bonne comédie diffusée ce week-end sur la trois, un enseignant de théâtre déclare en substance à ses élèves clown : "Le bon clown doit être sa propre victime." Sûrement une réduction de l'ego contribue-t-elle également en soi à un certain allègement.

Et maintenant, si cela vous dit d'écouter Desproges :

 

 

 

 

 

 

       

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02/10/2011

Je cuisine donc je pense

Le journal auquel je suis abonnée comprend une rubrique culinaire intitulée « La Cocotte », j’y ai trouvé avant-hier la recette toute simple de la soupe au pistou. Une occasion de sortir, ce matin même, le mortier acheté il y a peu, qu’on n’a pas souvent l’occasion d’utiliser dans la cuisine du Nord. J’ai mis à exécution les préceptes du Chef, pilé consciencieusement mes feuilles de basilic, mes gousses d’ail, et deux tomates préalablement dépiautées et hachées. Ensuite j’ai ajouté mon huile d’olive. Pendant ce temps j’avais mis les haricots et autres légumes à cuire.

Ambiance propice à la réflexion que celle d'une cuisine, c’est pourquoi sans doute pas loin de cette rubrique, juste au-dessus, on trouve La pensée du jour, à méditer entre les fumets des marmites. Celle d’aujourd’hui : " Dans une discussion, le difficile, ce n’est pas de défendre son opinion, c’est de la connaître." André Maurois (1885-1967), romancier et essayiste français.

11:38 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

Reflet d'image

Mathurin avait fait comme beaucoup de chauves lorsqu’ils avaient découvert le début de leur calvitie. Durant des vacances prolongées, il s’était laissé pousser une longue mèche côté droit, qu’il avait rabattue à gauche, sur la partie dénudée du crâne. Mathurin, connaissant la méchanceté ordinaire de collègues aigris, les imaginait trop contents, sans cela, de lui infliger de dégoutants camouflets. Certains, il en était persuadé, profiteraient de l’occasion pour évacuer leur bile sur lui. Une classique épaisse moustache de compensation venait, en auxiliaire, apporter une nuance d’ombre à un visage qu’il trouvait trop lumineux à son goût, au moindre sourire qu’il s’adressait au hasard des vitrines et autres glaces se trouvant sur son chemin. Jamais par contre il ne s’était laissé aller à se regarder dans les flaques d’eau, de peur d’être pris pour un attardé.

Une pensée émue pour certains de ses fans trop zélés qu‘il allait peut-être contrarier, mais pour leur bien, l’effleura. Comment l’idée de la moustache ne lui était-elle pas venue plus tôt ? Au fond, même un chanteur de son importance sur le plan international, avait une certaine éthique. L’abus de pouvoir de charme, cela ne lui ressemblait pas. Après ces quelques tergiversations, il se fit face devant le miroir, conscient que cette calvitie naissante lui donnait déjà d’autres impératifs. La crainte de tomber en disgrâce lui serra la gorge et la pensée d’une perruque à se mettre, au cas où, ne le rassura pas. Il avait bâti une petite fortune sur une apparence qui partait à vau-l’eau. Même les implants paraissaient dérisoires au philosophe qu’il se sentait devenir. Il décida de soumettre humblement à son imprésario cette proposition toute bête de se raser le crâne, un projet de voyage au long cours en tête.