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02/10/2011

Reflet d'image

Mathurin avait fait comme beaucoup de chauves lorsqu’ils avaient découvert le début de leur calvitie. Durant des vacances prolongées, il s’était laissé pousser une longue mèche côté droit, qu’il avait rabattue à gauche, sur la partie dénudée du crâne. Mathurin, connaissant la méchanceté ordinaire de collègues aigris, les imaginait trop contents, sans cela, de lui infliger de dégoutants camouflets. Certains, il en était persuadé, profiteraient de l’occasion pour évacuer leur bile sur lui. Une classique épaisse moustache de compensation venait, en auxiliaire, apporter une nuance d’ombre à un visage qu’il trouvait trop lumineux à son goût, au moindre sourire qu’il s’adressait au hasard des vitrines et autres glaces se trouvant sur son chemin. Jamais par contre il ne s’était laissé aller à se regarder dans les flaques d’eau, de peur d’être pris pour un attardé.

Une pensée émue pour certains de ses fans trop zélés qu‘il allait peut-être contrarier, mais pour leur bien, l’effleura. Comment l’idée de la moustache ne lui était-elle pas venue plus tôt ? Au fond, même un chanteur de son importance sur le plan international, avait une certaine éthique. L’abus de pouvoir de charme, cela ne lui ressemblait pas. Après ces quelques tergiversations, il se fit face devant le miroir, conscient que cette calvitie naissante lui donnait déjà d’autres impératifs. La crainte de tomber en disgrâce lui serra la gorge et la pensée d’une perruque à se mettre, au cas où, ne le rassura pas. Il avait bâti une petite fortune sur une apparence qui partait à vau-l’eau. Même les implants paraissaient dérisoires au philosophe qu’il se sentait devenir. Il décida de soumettre humblement à son imprésario cette proposition toute bête de se raser le crâne, un projet de voyage au long cours en tête.

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