27/11/2017
L'ours joyeux
Du blanc, du gris, un soupçon de bleuté, le froid au dehors mais pas dans son corps.
Les peintres en laissent tomber leurs pinceaux ; lui, l'ours, se rit des températures à moins je ne sais combien sous zéro et se réjouit de cette lumière-là, si douce, les éclats sont ailleurs, dans son rire.
La photo est d'Élisabeth Haslam, trouvée dans le Daily Ray d'il y a quelques jours.
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De saint Augustin ♣♣♣ le don de dessins éphémères
Les pauvres mêmes peuvent se donner l’un à l’autre. Que celui-ci prête ses pieds au boiteux, que celui-là serve de guide à l’aveugle; que l’un visite les malades et que l’autre ensevelisse les morts. Ces services sont à la portée de tous, et il serait fort difficile de rencontrer quelqu’un qui n’eût rien à donner.
Saint Augustin, Sermon XCI, dans: Sermons sur l’Ecriture (coll. Bouquins/Laffont, 2014)
Lu dans Jubilate ce matin
♣♣♣
Don de dessins éphémères qui dégagent une grande joie de vivre, du questionnement aussi dans les yeux (très beaux il faut bien le dire... bien qu'ils ne soient pas noirs, monsieur Simenon....) de la femme voilée, et des clins d'œil avec l'oiseau qui se perche sur le panneau "oiseau interdit" ; de la couleur comme en Inde. J'aime !
C'est ici :
http://dessinsmuraux.hautetfort.com/
08:55 Publié dans Blog Mémo, Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)
25/11/2017
Lu à l'instant et film vu
"Elle avait cru d’abord, elle aurait voulu croire toujours, que l’espèce d’indifférence heureuse, ce sommeil heureux du désir, n’était rien d’autre que la miraculeuse insouciance des enfants, leur pureté… Bien avant qu’elle en eût fait confidence à personne, ou même qu’elle fût capable de la concevoir clairement, la pauvreté, une pauvreté surnaturelle, fondamentale, avait brillé sur son enfance, ainsi qu’un petit astre familier, une lueur égale et douce. Si loin qu’elle remontât vers le passé, un sens exquis de sa propre faiblesse l’avait merveilleusement réconfortée et consolée, car il semblait qu’il fût en elle comme le signe ineffable de la présence de Dieu, Dieu lui-même qui resplendissait dans son coeur. Elle croyait n’avoir jamais rien désiré au-delà de ce qu’elle était capable d’atteindre, et toujours cependant, l’heure venue, l’effort avait été moins grand qu’elle n’eût osé l’imaginer, comme si l’eût miraculeusement devancée la céleste compassion."
Georges Bernanos, trouvé dans le Jubilate ce jour
Je pense qu'il y a des êtres en connexion avec une force surnaturelle qui leur fait ressentir ce qu'ils n'auraient peut-être pas ressenti dans un autre état, physiquement parlant. Bernanos parle d'une personne faible sur le plan physique et forte sur le plan spirituel.
Juste avant de lire ces quelques lignes de Bernanos, j'ai regardé le film s'intitulant Ceux qui restent. Il y a beaucoup d'honnêteté dans ce film. Dès le départ, Lorraine jouée par Emmanuelle Devos avoue et s'avoue à elle-même qu'elle n'est pas une sainte. Elle pensait que le cancer de son mari allait révéler chez elle des trésors insoupçonnés de générosité et de dévouement et il lui semble que c'est l'inverse qui est en train de se produire. La révolte contre le destin ? Se sent-elle abandonnée comme le titre du film l'indique par son compagnon qui est entré dans l'univers particulier de l'hôpital pour un bon bout de temps... alors qu'elle ne peut s'intégrer à ce monde, étant en pleine forme ? Cela pourrait poser aussi la question de l'accueil des aidants à l'hôpital. Mais ce n'est pas le thème du film. La question du film est qu'est-ce que l'on devient lorsque votre compagne ou votre compagnon est obligé de vous laisser continuer seul ou seule la vie ordinaire. Le malade étant absorbé dans l'autre univers où il est parti combattre la maladie. Solitude soudaine pour les compagnons qui sont dehors, "qui restent". C'est ainsi que deux aidants, l'un a sa femme malade d'un cancer du sein en phase terminale, luttant depuis cinq ans à ses côtés, l'autre, Lorraine, vient d'emménager avec son compagnon quand il attrape un cancer des intestins, c'est ainsi disais-je que deux aidants vont faire connaissance et peu à peu s'aimer, se raccrochant l'un à l'autre dans un amour réciproque. Il est intéressant de voir la scène où Bertrand, joué par Vincent Lindon, embrasse d'un coup, "sans prévenir", Lorraine. Il s'embrase, ils font l'amour comme à la sauvette dans la voiture au sous-sol, cela ressemblerait presque à un viol, sauf que c'est Bertrand qui culpabilise et non Lorraine, qui en outre ne se sent pas non plus victime d'un viol. Elle va lui dire quelque chose du genre "Tu ne vas pas me faire le coup de "maintenant que je t'ai baisée je ne te connais plus"... on va rester amis, non ? se comporter en personnes civilisées." La différence avec ce qui se passe aujourd'hui dans le contexte passionnel de la lutte légitime de femmes contre le harcèlement sexuel, c'est qu'ici, il y avait réciprocité des sentiments. Les deux aidants "dérapent" ensemble, seuls sur la même longueur d'onde et on n'a pas le droit de les juger. Juste de comprendre. Comprendre cette solitude soudaine, cette panique que l'on peut ressentir dans un univers hostile, car les hôpitaux restent jusqu'à ce jour des univers fermés et hostiles en quelque sorte à ceux qui "n'ont rien à y faire", n'étant pas employés là, et en pleine forme, ils n'y sont que des passagers relativement inintéressants pour la profession ... sans vouloir justifier ou expliquer par cela uniquement le comportement des deux protagonistes. J'ai aimé la confiance que l'on accorde aux spectateurs pour oser montrer cela, la confiance en la compassion aussi que tout spectateur attentif devrait pouvoir éprouver pour ces deux êtres apparemment pas très réglos vis-à-vis de leurs compagnons respectifs. J'ai donc aimé ce film qui s'appelle Ceux qui restent, de Anne Le Ny.
15:59 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)