29/12/2008
Les chaussures noires et l'éclat du papillon
" L’ombre et la lumière : voilà un thème cher non seulement à la littérature, mais aussi à d’autres arts, notamment visuels, comme la peinture ou la photographie. Si dans les œuvres comme dans les regards critiques que s’y portent, le diptyque ombre/lumière est récurrent, devenu un classique, il faut dire aussi qu’il en reste encore beaucoup à dire. Le chantier est vaste et riche, non seulement dans la confrontation des deux éléments comme antonymes parfaits, mais surtout dans les différents rapports qu’écrivains, peintres et autres artistes arrivent à leur procurer."
..." Jeu de fils qui s’entrecroisent, palette aux variations multiples, entre l’ombre et la lumière se faufile un espace de l’entre-deux, comme le soulignent quelques auteurs du volume, dont Peter Schnyder dans son texte de clôture. La pénombre apparaît ainsi comme configuration privilégiée de l’union de l’ombre et de la lumière. Les poètes belges et suisses de langue française vont, dans les espaces de leurs créations, chercher des solutions dans l’hybridité et dans les possibilités présentées par les temps et les espaces d’indétermination."
... " Ainsi arrive-t-on aux pages de clôture où Peter Schnyder trace les contours d’un portrait complétant celui des auteurs étudiés auparavant. En prenant comme axe et exemple le Romand José-Flore Tappy, Schnyder nous fait envisager l’actualité et l’avenir lorsqu’il se propose de regarder de plus près la pénombre comme l’entre-deux, résolution finale de la dialectique de l’ombre et la lumière. Cet espace de rencontre et d’entrecroisement se montre indubitablement «un avatar particulièrement prometteur du traitement de l’ombre» (p.468). La poésie se lance ainsi vers cet «envol hybride» (p.469), qui ne va sans faire songer au bel oxymore de Philippe Jaccottet : «rien de plus obscur que la lumière» (p.279)."
Par Lénia Marques
http://www.fabula.org:80/revue/document4761.php
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Dessine-moi un poème
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28/12/2008
Vus en DVD
Dans La nuit des forains, film d’Ingmar Bergman, les personnages principaux se laissent déborder par des sentiments contradictoires, pris de panique dans la recherche d’une survie possible, ils se montrent parfois faibles, lâches, n’assumant pas leur marginalité, avec dans ces moments-là des airs minables de clowns ratés. Cheveux sur la soupe, humiliés, presque « christiques » ils surjouent les sentiments en véritables personnages des films expressionnistes des années 20, mais savent se montrer étonnamment forts aussi, se sortant presque miraculeusement de fiasco à la limite du tolérable sur le plan de leur amour propre à fleur de peau. Maladroits comme les albatros de Baudelaire entourés de marins qui se fichent constamment d’eux, ils repartent pourtant vivants, mais à plaies ouvertes. Bien que frisant toujours la caricature, l’expressionnisme ne vire pas au pathos, c’est toujours poétique, comme visuellement lyrique. Vous aurez compris que hier soir en visionnant ce DVD , j’ai vécu un grand moment de cinéma.
J’avais regardé juste avant Rêves de femmes, de Bergman toujours, où les bourgeois se relèvent mal de leurs petits compromis avec la réalité ; hésitant entre le confort et la passion ou la soumission et le rêve, ils finissent par ressembler quelque peu à l’enfant « à tête de loup » que croit voir en sa fille l’épouse de l’un d’eux. Fille à laquelle son père dira quelque chose comme « derrière ce beau visage se cache une âme sordide" (au moment où celle-ci sera confrontée à son exact contraire en la personne d’une jeune fille presque candide). Pourtant, sordides, ces hommes ne le sont pas vraiment, juste désemparés face à l’amour, ou au manque d’amour ou encore au désamour des femmes, à ce qu’ils leur inspirent de rêves et de désillusions. Là encore, un grand moment de cinéma pour moi face au génie du cinéaste.
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