28/12/2008
Vus en DVD
Dans La nuit des forains, film d’Ingmar Bergman, les personnages principaux se laissent déborder par des sentiments contradictoires, pris de panique dans la recherche d’une survie possible, ils se montrent parfois faibles, lâches, n’assumant pas leur marginalité, avec dans ces moments-là des airs minables de clowns ratés. Cheveux sur la soupe, humiliés, presque « christiques » ils surjouent les sentiments en véritables personnages des films expressionnistes des années 20, mais savent se montrer étonnamment forts aussi, se sortant presque miraculeusement de fiasco à la limite du tolérable sur le plan de leur amour propre à fleur de peau. Maladroits comme les albatros de Baudelaire entourés de marins qui se fichent constamment d’eux, ils repartent pourtant vivants, mais à plaies ouvertes. Bien que frisant toujours la caricature, l’expressionnisme ne vire pas au pathos, c’est toujours poétique, comme visuellement lyrique. Vous aurez compris que hier soir en visionnant ce DVD , j’ai vécu un grand moment de cinéma.
J’avais regardé juste avant Rêves de femmes, de Bergman toujours, où les bourgeois se relèvent mal de leurs petits compromis avec la réalité ; hésitant entre le confort et la passion ou la soumission et le rêve, ils finissent par ressembler quelque peu à l’enfant « à tête de loup » que croit voir en sa fille l’épouse de l’un d’eux. Fille à laquelle son père dira quelque chose comme « derrière ce beau visage se cache une âme sordide" (au moment où celle-ci sera confrontée à son exact contraire en la personne d’une jeune fille presque candide). Pourtant, sordides, ces hommes ne le sont pas vraiment, juste désemparés face à l’amour, ou au manque d’amour ou encore au désamour des femmes, à ce qu’ils leur inspirent de rêves et de désillusions. Là encore, un grand moment de cinéma pour moi face au génie du cinéaste.
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