24/03/2012
petite cogitation matinale
Dans le contexte des différences plus ou moins bien vécues, (note précédente), n’oublions pas l’humour, viatique possible quand il crée un pont entre des mondes très différents, ou facteur aggravant de pesanteur ambiante, tout dépend de ce que l’humoriste en fait. Si le refus de certaines différences qui ne sont pas acceptables parce qu'elles génèrent de la misère est souhaitable, le refus de la simple différence par rapport à des univers qui co-existent dans un même espace en essayant de le faire pacifiquement est, par contre, très inquiétant, c'est le moins que l'on puisse dire.
Un bon humoriste peut mener un très bon combat contre le fascisme et/ou le nazisme comme le fit en son temps Charlie Chaplin, même s'il ne put empêcher la montée de Hitler. Parallèllement d’autres humoristes surfaient sur la vague nazie et tournaient en dérision leurs victimes. Ces derniers, cela va sans dire, faisaient preuve d’une lâcheté évidente, et pourtant pas mal de monde riait à gorge déployée. Certains films témoignent de cela, où l'on en voit qui stigmatisent les juifs dans leurs sketches, ou les blacks, par le biais de représentations animales. Le singe était souvent utilisé. Aujourd'hui, c'est la vache, pour d'autres cibles, qui a l'air de servir d'étrange exutoire. Ces innocentes et magnifiques bêtes n'ont rien à voir avec la bêtise crasse de ces mauvais humoristes, qui sous-estiment en même temps l'humanité et les animaux.
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23/03/2012
Certains défis pas pertinents
Les différences ne sont pas toujours de bon augure. Notre société très clivée en génère d’abyssales qu’on appelle aussi inégalité. Mais parfois c’est une simple différence de mœurs qui prend une mauvaise tournure ; un amateur de silence confronté à un voisin qui a besoin de bruit pour rythmer son existence et dont il ne se sent pas respecté, peut éventuellement disjoncter. C’est bien connu, imposer consciemment ou non son mode de fonctionnement à l’autre n‘entretient pas des relations de bon voisinage, sur le plan des idées c’est un peu la même chose. Si un homme, à titre d'exemple, a la conviction que la femme libérée est celle qui se met en condition de pouvoir encore se promener fièrement en string sur la plage à soixante dix ans, un autre peut penser au contraire que la libération de la femme passe par des voies moins « physiques« . Ces sortes d’hommes vivant dans un même espace ont du mal à cohabiter pour peu que les uns veuillent imposer leur point de vue aux autres et dresser comme une référence la femme de leur choix. Que dire des féministes qui cherchent à s’exprimer sur le sujet alors que d’autres femmes essaieront de contrecarrer leurs arguments, les unes et les autres se ralliant parfois aux hommes dont les points de vue sont potentiellement aliénants. La menace du vouloir dominer à tout prix est omniprésente et prend sa source dans les multiples différences d'idées... c‘est pourquoi il vaut mieux que ces dernières, même profondes, se manifestent sans arrogance, et donc dans une certaine légèreté. Pour finir sur une note optimiste, chacun sait que les différences de condition de vie aboutissent plus généralement au malaise qu’au conte de fée en raison de l’injustice qui les fait naître. Colère et intolérance de la part de ceux qui s’estiment lésés. Les touristes pas assez inspirés pour créer autre chose que de la frustration chez ceux à qui « ils rendent visite » en sont une illustration plutôt banale. Il y a comme cela nombre de violences muettes provenant de différences "légitimement" mal vécues qui aboutissent à l'imminence d'un défi à relever, que les uns lancent aux autres, sans trop s'apercevoir.
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17/03/2012
Laïque ou pas
Bonté et dignité vont ensemble, sinon ce n’est que de la dignité d’apparat. Or, la bonté, celle dont on fait preuve vis-à-vis des innocents ou des demandeurs de tout poil, équivaut parfois aussi, et même assez souvent, à savoir dire non. Ceux qui savent la garder en eux sur le long cours, les religieux les appellent des saints et parfois des martyrs. La complexité de la nature humaine étant ce qu’elle est, certains hommes peuvent se montrer extrêmement généreux vis-à-vis de ceux qu’ils estiment être leurs semblables et ignobles vis-à-vis d’autres hommes, qui ne leur ont rien fait, et dont ils ne reconnaissent même pas l’humanité. Il y a des témoignages qui tendent à montrer combien les choses sont potentiellement réversibles de l’humain à l‘inhumain chez un même homme. De grands résistants de la seconde guerre mondiale qui avaient héroïquement combattu la folie et la hargne des nazis pratiquèrent la torture durant les guerres suivantes, d’Indochine et d’Algérie. À une autre époque, Gilles de Rais, héroïque compagnon de Jeanne d‘Arc, se fit le triste parangon de cette réversibilité possible toujours redoutable quand elle va dans le mauvais sens, lui qui employa son oisiveté au massacre d’enfants, sans distinction d’appartenance pourvu qu‘ils soient le plus vulnérable possible. La bonté, si elle est en germe évident chez le petit enfant, est souvent perdue au détour de désillusions ou d’illusions qui ne tardent pas à les envahir, et ne revient qu’au prix d’une maturation plus ou moins lente selon les individus et leurs expériences. Qualité magnifique, quel que soit le contexte, laïque ou pas, dans lequel elle se manifeste.
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