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23/06/2011

Ludovic Degroote

Ludovic Degroote, aujourd'hui dans la rubrique Le Regard de La Voix du Nord. L'écrivain y parle, entre autre, de Bernard Noël, "Il y avait une trentaine de personnes au Bateau Livre le soir de sa venue. La métropole lilloise : un million d'habitants, dont combien d'étudiants, de lecteurs, d'amateurs de littérature contemporaine ? Quelques centaines ? Milliers ? Les 30 personnes qui étaient là avaient raison d'être venues. Pas une ne le regrette. Elle ont entendu un homme qui ne parlait pas sur comment on fait le buzz. C'était si peu banal. Lol."

Ludovic Degroote a consacré son dernier livre au peintre Eugène Leroy

Son site poésie : http://terreaciel.free.fr/poetes/poetesldegroote.htm

10:11 Publié dans Culture, Site | Lien permanent | Commentaires (0)

19/06/2011

Andromaque — Racine

Suite et dernier extrait ici de la préface de Patrick Dandrey :

"Son théâtre comptera certes bien d'autres victimes innocentes — mais, même marqués par la souffrance et les larmes, Britannicus et Junie, Hippolyte et Aricie, Bérénice ou Iphigénie n'épuiseront pas tout le deuil qui a marqué Andromaque, silhouette sombre dressée sur un fond d'incendie. D'eux tous, elle est la seule à aimer hors de l'amour, à aimer un enfant et un mort. Épouse, elle n'est plus que l'austère prêtresse d'un rite funèbre. Mère, elle n'entend pas même chanter en son fils la frêle mélodie d'un avenir possible : Astyanax n'est pas pour elle l'espoir d'un lendemain, mais plutôt l'image perpétuée d'Hector et de Troie. Or jamais Hector ni Troie ne revivront. Le seul avenir d'Andromaque, c'est l'éternité ; la seule issue offerte à sa nuit, c'est la lumière surnaturelle du martyre consenti pour sauver un enfant sans trône, sans appui, sans espoir.

Le martyre, cette dignité sacrée conquise dans la torture de l'âme et l'humiliation, est inconnu aux damnés de la passion que sont Pyrrhus, Oreste et Hermione. leur univers ne connaît pas de communication, encore moins de communion avec celui d'Andromaque. Se perdant et perdant leur âme pour s'abandonner au feu qui les dévore et qui dévaste tout ce qui les entoure, ils prolongent le carnage de la guerre et l'incendie de Troie dont l'horreur a pour jamais désespéré la veuve d'Hector. Sont-ils pour autant les plus sombres des damnés dont le cortège traverse l'œuvre entière de Racine ? Nullement : Pyrrhus, Oreste ni même Hermione n'ont la stature démoniaque d'un monstre naissant comme Néron, la cruauté raffinée d'un cœur endurci par l'âge comme Mithridate ou éduqué aux mœurs du sérail comme Roxane, ni l'envergure tragique d'une proie privilégiée de Vénus vengeresse comme Phèdre. ceux-là, et d'autres encore, marqués par la faute, l'horreur,  les dieux, seront bêtes fauves ou victimes illustres du destin. Nos trois malheureux amants ont plus de spontanéité, de naïveté même, et de jeunesse aussi : leur seule faute est l'opiniâtreté qu'ils mettent à aimer, ou plutôt qu'aimer, simplement à espérer.

C'est là leur triste lot : ne savoir ni pouvoir, même désabusés, renoncer à l'amour ni à l'illusion d'être aimés." 

08:22 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0)

18/06/2011

Rencontre avec Andromaque

Hier, très tard le soir (pour moi qui me lève toujours très tôt), on jouait  Andromaque de Racine, la pièce était  diffusée sur  la 2. Admirable mémoire, souffle, et énergie des comédiens. hélas ! j'en ai loupé une petite partie à cause de ma journée chargée : dans les vappes  pendant une dizaine de minutes où je devine, à l'assurance de chacun des protagonistes, qu'aucun trou de mémoire n'a été à déplorer sur la scène de ce théâtre d'Orange durant ce laps de temps. Un sursaut salutaire m'a permis de suivre le dénouement. Je me suis procuré ce matin même le livre de poche dont je vous offre, disons à l'occasion de la fête des pères et, voyons plus large, celle des fils et filles,  un extrait de la préface de patrick Dandrey :

"Andromaque dans la thématique tragique de Racine

Fidélité et rupture, ce sont justement les thèmes de cette tragédie. Andromaque est l'image même de la fidélité : envers Hector disparu, envers Troie détruite, envers Astyanax menacé. Comme jadis Antigone, elle vit par fidélité à un mort, à la mort ; et comme Électre, elle se trouve condamnée à lui vouer un être jeune, innocent et aimé : Astyanax, seule promesse d'une race anéantie, seule affection de son cœur esseulé, et surtout seul reste du héros qu'elle a perdu. Sa fidélité se trouve ainsi toturée par un dilemme : car sacrifier ce fils qu'Hector lui a confié ou le sauver en épousant Pyrrhus, c'est toujours trahir la mémoire de l'époux défunt. Veuve et mère, captive et courtisée, Andromaque vit le martyre d'une fidélité condamnée à se trahir malgré elle.

Autour d'elle, par et pour elle, on ne cesse de trahir et de se trahir : c'est aussi par fidélité, mais fidélité aveugle et délirante à leur amour-passion, que Pyrhus, Oreste et Hermione se parjurent. Trahis, l'honneur, la patrie, la mission, la parole donnée. Trahi, même, l'être aimé, que dans une fureur dépitée ou jalouse on menace, on torture, on immole. Fureur qui va jusqu'à cette trahison de soi-même qu'est la folie : au dénouement, Hermione pas plus qu'Oreste ne se reconnaissent dans l'horreur qu'ils ont engendrée.

Telle est, face à la fidélité sacrée et à l'amour épuré d'Andromaque, l'horreur infernale de la passion.

 

Et c'est ici que réside peut-être la principale originalité de cette tragédie : dans l'affrontement entre ces deux mondes, entre ces deux façons d'aimer. Originalité, car c'est la première fois que Racine constitue cette structure d'affrontement dont on retrouvera le modèle dans toute son œuvre à venir. mais originalité aussi parce que, plus jamais peut-être jusqu'à ses tragédies sacrées (Esther et Athalie), il n'opposera deux univers si essentiellement différents." 

  

16:05 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0)