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18/06/2011

Rencontre avec Andromaque

Hier, très tard le soir (pour moi qui me lève toujours très tôt), on jouait  Andromaque de Racine, la pièce était  diffusée sur  la 2. Admirable mémoire, souffle, et énergie des comédiens. hélas ! j'en ai loupé une petite partie à cause de ma journée chargée : dans les vappes  pendant une dizaine de minutes où je devine, à l'assurance de chacun des protagonistes, qu'aucun trou de mémoire n'a été à déplorer sur la scène de ce théâtre d'Orange durant ce laps de temps. Un sursaut salutaire m'a permis de suivre le dénouement. Je me suis procuré ce matin même le livre de poche dont je vous offre, disons à l'occasion de la fête des pères et, voyons plus large, celle des fils et filles,  un extrait de la préface de patrick Dandrey :

"Andromaque dans la thématique tragique de Racine

Fidélité et rupture, ce sont justement les thèmes de cette tragédie. Andromaque est l'image même de la fidélité : envers Hector disparu, envers Troie détruite, envers Astyanax menacé. Comme jadis Antigone, elle vit par fidélité à un mort, à la mort ; et comme Électre, elle se trouve condamnée à lui vouer un être jeune, innocent et aimé : Astyanax, seule promesse d'une race anéantie, seule affection de son cœur esseulé, et surtout seul reste du héros qu'elle a perdu. Sa fidélité se trouve ainsi toturée par un dilemme : car sacrifier ce fils qu'Hector lui a confié ou le sauver en épousant Pyrrhus, c'est toujours trahir la mémoire de l'époux défunt. Veuve et mère, captive et courtisée, Andromaque vit le martyre d'une fidélité condamnée à se trahir malgré elle.

Autour d'elle, par et pour elle, on ne cesse de trahir et de se trahir : c'est aussi par fidélité, mais fidélité aveugle et délirante à leur amour-passion, que Pyrhus, Oreste et Hermione se parjurent. Trahis, l'honneur, la patrie, la mission, la parole donnée. Trahi, même, l'être aimé, que dans une fureur dépitée ou jalouse on menace, on torture, on immole. Fureur qui va jusqu'à cette trahison de soi-même qu'est la folie : au dénouement, Hermione pas plus qu'Oreste ne se reconnaissent dans l'horreur qu'ils ont engendrée.

Telle est, face à la fidélité sacrée et à l'amour épuré d'Andromaque, l'horreur infernale de la passion.

 

Et c'est ici que réside peut-être la principale originalité de cette tragédie : dans l'affrontement entre ces deux mondes, entre ces deux façons d'aimer. Originalité, car c'est la première fois que Racine constitue cette structure d'affrontement dont on retrouvera le modèle dans toute son œuvre à venir. mais originalité aussi parce que, plus jamais peut-être jusqu'à ses tragédies sacrées (Esther et Athalie), il n'opposera deux univers si essentiellement différents." 

  

16:05 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0)

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