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13/01/2013

La peste - Albert Camus

"Au bout de ces semaines harassantes, après tous ces crépuscules où la ville se déversait dans les rues pour y tourner en rond, Rieux comprenait qu’il n’avait plus à se défendre contre la pitié. On se fatigue de la pitié quand la pitié est inutile. Et dans la sensation de ce cœur fermé lentement sur lui-même, le docteur trouvait le seul soulagement de ces journées écrasantes. Il savait que sa tâche en serait facilitée. C’est pourquoi il s’en réjouissait. Lorsque sa mère, le recevant à deux heures du matin, s’affligeait du regard vide qu’il posait sur elle, elle déplorait précisément le seul adoucissement que Rieux pût alors recevoir. Pour lutter contre l’abstraction, il faut un peu lui ressembler. Mais comment cela pouvait-il être sensible à Rambert ? L’abstraction pour Rambert était tout ce qui s’opposait à son bonheur. Et à la vérité, Rieux savait que le journaliste avait raison, dans un certain sens. Mais il savait aussi qu’il arrive que l’abstraction se monte plus forte que le bonheur et qu’il faut alors, et seulement, en tenir compte. C’est ce qui devait arriver à Rambert et le docteur put l’apprendre dans le détail par des confidences que Rambert lui fit ultérieurement. Il put ainsi suivre, et sur un nouveau plan, cette espèce de lutte morne entre le bonheur de chaque homme et les abstractions de la peste, qui constitua toute la vie de notre cité pendant cette longue période." (P.104)

 

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08/01/2013

Les gens s'expriment

J’ai aimé Les Enfants du Marais, film de Jean Becker. Le côté candide des personnages principaux m’a touchée. Parti pris d’oublier un temps la politique, on est encore mal remis de la Grande Guerre, mais on veut vivre. Une envie d’école buissonnière, de voyage. J’ai marché à fond, avec l’impression de m’être bien baladée. Amédée, bien que coincé aux entournures dans un carcan culturel un peu lourd, s’évade enfin de son milieu bourgeois grâce aux deux principaux protagonistes du film. Les incultes : Jo Sardi, Pépé, Marie, Le Vieux, semblent plus aptes à vivre pleinement leur vie, un peu trop pleinement en ce qui concerne Jo. Sans doute un peu illusoire tout ça mais cette grande récré m’a fait du bien, des murs tombent, des gens que la société veut séparer en raison de parcours différents se retrouvent. Ils n’entrent pas dans le moule des conventions, et c’est drôle. J’ai lu un tout autre « ressenti » de ce film dans Télérama, voici la critique, qui tient à mon avis du catéchisme sans surprise, mais elle a bien le droit de penser ce qu'elle pense Marine Landrot :

« C'est Laurel et Hardy, version rupestre et franchouillarde. Avec une grosse louche de bons sentiments et une petite cuiller de poujadisme. Domiciliés au bord d'un étang dans des bicoques délabrées, un benêt corpulent (Jacques Villeret) et son copain flandrin (Jacques Gamblin) battent une campagne mordorée pleine d'inégalités sociales. Adapté d'une historiette champêtre sans relief, le film est construit sur leurs fades rencontres avec plus riches qu'eux : un Trissotin bas du canotier (caricatural, André Dussollier perd les pédales pour la première fois de sa carrière), un boxeur à l'uppercut facile (Eric Cantona, toujours pas acteur, malgré des répliques courtes, ponctuées d'anachroniques « enfoiré ! »), un papy pêcheur de grenouilles (Michel Serrault, placide comme le passager d'une croisière troisième âge)... Abonné aux rôles de « petits ronds au coeur tendre », Jacques Villeret exécute à plusieurs reprises les deux gags phares du film : se saouler au pommerol couleur grenadine et trembler devant un majordome sénégalais qu'il traite de Banania. Y a bon, Becker ? Pas très. »

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02/01/2013

Multitudes

"Qu’est-ce qu’une crise qui dure depuis trente ou quarante ans ? Une manière d’être caractéristique d’un système, c’est-à-dire un régime. Crise est sans doute l’opérateur d’un régime politique et économique de domination qui constate le caractère insupportable du moment présent et s’efforce de le faire admettre en entretenant le sentiment illusoire de la sortie de crise, du rétablissement, plus ou moins proche, du patient en le perpétuant dans son état. « Il serait temps de s’apercevoir du leurre qui anime toute référence à « la crise », et qui en fait l’opérateur de pression le plus massif déployé dans nos sociétés actuelles. » (p. 93-94). Telle est l’une des fins que vise Yves Citton dans le livre qu’il publie aujourd’hui, fruit d’une réflexion qui est partie d’un travail collectif animé notamment au sein de la revue Multitudes." Intégral :

http://www.laviedesidees.fr/Pour-une-politique-des-fluide...

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