17/01/2021
Montréal
"De Michel David, je lis le tome 4 de La poussière du temps. Cela se passe à Montréal. Le français s'enrichit d'expressions étonnantes, stimulantes ; lire la vie d'une famille nombreuse (9 enfants) à Montréal : naissances, mariages, enterrements, noces d'or des jubilaires, n'a rien d'ennuyeux. On voit le tissu social à Montréal, le contexte politique, l'installation de la communauté italienne, la vie empreinte de la religion catholique qui a une place très forte dans ces années-là. Les parents envoient leurs enfants à la messe. Cependant, dans le même temps, en cette période charnière, ce sont les premiers divorces. Extrait :
"— Ben. Je voulais te dire que c'est fini entre Martin et moi. On divorce.
— Voyons donc ! s'exclama Jeanne, alarmée. Vous y pensez pas ! Et la petite dans tout ça ?
— Elle va rester avec moi, déclara Francine sur un ton sans appel.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? Ça fait même pas dix ans que vous êtes mariés. Vous venez de vous acheter une maison. La petite a même pas cinq ans.
— J'aime plus Martin et il m'aime plus non plus. On a décidé de divorcer, c'est tout.
— Mais le mariage, c'est pour la vie, ma fille, protesta Jeanne.
— Ça, c'était bon de votre temps, m'man. À cette heure, on n'endure pas toute sa vie pour rien. Quand ça marche plus, on divorce et chacun prend son bord. Moi, c'est rendu que je peux plus sentir Martin Guérard et il le sait. "
Les expressions colorées sont nombreuses dans le livre. C'est vivant comme du Audiard. Années soixante-dix : on a l'impression de passer d'un monde dans un autre. On voit notamment le consumérisme s'imposer. À l'époque les gens de la classe ouvrière et de la classe moyenne étaient confondues à Montréal. Professeur, employé de banque et mécanicien font partie de la même fratrie sans qu'il y ait la moindre tension à ce propos. À un moment donné du récit du quotidien de la famille, c'est sujet à plaisanterie. Une plaisanterie bon enfant qui fait rire tout le monde de bon cœur.
De nos jours, du moins en France, cela peut créer des clivages au sein d'une fratrie.
Le livre ne raconte rien de particulier mais le quotidien de ces personnes, dans leur train-train même n'a bizarrement rien d'ennuyeux. Je lis le livre avec beaucoup de plaisir.
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Commentaire de lecture
J'ai écouté le roman intitulé L'ami retrouvé, dont j'ai mis les liens audio au post précédent. L'écrivain est sincère, confiant, en quelque sorte en confession. Ce roman ressemble à une longue confidence faite de confiance et en appelle au respect de celui qui écoute. Il y a du courage de la part de l'auteur de ce roman car se confier comporte un risque, on s'expose. Le talent de plume fait fonction de talisman mais ne peut pas parer au manque de compréhension d'un lecteur.
Le roman en question est peut-être une fiction, il n'en comporte pas moins un témoignage qui a valeur de confidence car on rentre dans l'univers intime de deux adolescents.
On voit l'état d'esprit de deux adolescents qui vont vivre une amitié si importante qu'elle dépasse ici l'amour dit charnel. Ils s'estiment mutuellement jusqu'à une admiration mutuelle. Une admiration, il ne s'en rendent pas compte, exclusive. Les autres sont vus de loin, ils n'ont pas grande importance. On est souvent comme cela à l'adolescence, presque méprisants sans s'en apercevoir, car obnubilés par notre centre, nous-mêmes.
Dans cette bulle d'amitié, l'auteur l'avoue, le politique est oublié. Pour les ados en question, le politique est secondaire. Or il va leur être asséné violemment, faire intrusion dans leur vie, les forcer à se séparer, à se détourner l'un de l'autre et finalement à se dépasser.
Les situations politiques sont faites de tensions et ici, avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir c'est la catastrophe. Hitler cristallise autour de lui les bas instincts d'hommes s'estimant à tort ou à raison victimes d'un système. Les gens qui s'estiment oubliés, lésés, voire mis en péril par le système vont vouloir faire d'Hitler leur héros, leur sauveur. Dans cette histoire, deux adolescents qui s'ennuyaient avant de tomber en amitié l'un pour l'autre, vont recevoir en boomerang la frustration des oubliés, affamés transformés par la misère, pour certains, en décervelés, incarnation de la méchanceté la plus vile.
Ces deux ados ignoraient dans quel monde ils vivaient. Le jeune ado juif explique (par le biais de l'auteur) combien la religion avait peu d'importance aux yeux de son père, qui trouvait Jésus sympathique mais ne comprenait pas pourquoi un Dieu aurait laissé tomber Jésus, et de ce fait Jésus lui-même ne pouvait en être un.
Pour le jeune aristocrate, pas d'explication non plus de la traversée chrisitique. Sa réponse est d'avouer son incompétence en la matière. Il se réfère à des intelligences supérieures à la sienne pour élucider le mystère.
Pourquoi, lui demande encore son ami, dans leur ville, trois enfants connus d'eux ont-ils brûlé tout vifs ? Pourquoi Dieu a-t-il laissé faire cela ?
Je ne me prends pas pour une intelligence supérieure mais tente néanmoins d'apporter une réponse.
Et si Dieu était ce bébé que l'on tient dans les bras ? Qui réveille en soi l'envie d'un monde meilleur, du meilleur pour l'humanité et tout être vivant ? Ainsi Jésus s'est-il fait d'un coup notre bébé, celui de la crèche, pour nous interpeler dans sa nudité.
La mort de trois enfants rappelle aux voisins leur propre défaillance. Quand Dieu nous appelle à les sauver, nous comptons sur Dieu pour les sauver...
Toujours est-il que les deux adolescents du roman, dans leur bulle, ne s'attendaient pas à ce que leur amitié survive à l'hostilité du monde, hostilité concernant en particulier leurs rêves d'adolescents. Des rêves que d'aucuns voudraient prolonger, voulant du même coup oublier le politique. Mais l'on verra que le héros prendra à bras le corps la question du politique à un moment donné.
À ce propos, Benoît Hamon n'oublie pas non plus le politique. Il parle d'un revenu universel. Il est un de ces hommes allant au secours de nombreux être "nus", vulnérables, en devenir.
00:45 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)
16/01/2021
L'ami retrouvé
“Au sujet de ce poème :
This poem was written after a reunion with an old friend. Maya and I connected again after five years. We talked about so much: cooking big, slow dinners—graveyard gardening—the Death card in tarot. On my way home, I wondered what it would mean if Maya was time. If time was with us that day, wandering the rainy city or drinking a coffee two tables over. If time was smiling, marveling with us at how we’d grown.”
—Sanna Wani
Tomorrow is a Place |
00:32 Publié dans Lecture, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)