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23/09/2020

Le chien se souvient ♣♣♣ Douceur de bon augure

"Mon champion" a perdu son maître. Il est à sa recherche. Il se souvient de leurs moments difficiles comme ceux qui furent merveilleux.

 

Un des moments difficiles fut lorsque l'associé de son maître, Vilder, devenu demi fou, le jeta au feu. Il fut récupéré par son bienfaiteur in extremis. Cas de force majeure, je pense que là, le chien éternel serait bien mort, mais pas de sa belle mort, ce qui ne présentait aucun intérêt en plus de la douleur physique qu'il endura.

 

Autre souvenir atroce du chien bien aimé, celui où, toujours avec son maître, il se trouvait à la cour lors de la présentation à celle-ci du bébé qui deviendrait le roi Louis 14. Un faon à demi déchiqueté fit irruption dans la salle de réception, immense, perçant un mur de robes, celles que portaient les courtisanes à qui il arracha des cris d'horreur. Bientôt le faon fut rejoint par un dogue qui finit de le déchiqueter tout vivant devant l'assemblée, faisant hurler de douleur le faon, avant de lui donner le coup de grâce par égorgement.

Le chien merveilleux de Damien Dibben, dont l'esprit est à l'opposé de la cruauté du dogue, se souvint toujours du regard suppliant du faon. Dès lors il puisa ses protéines non dans la viande mais dans les haricots. Il devint un chien végétarien. Ne voulant rien avoir à voir avec le dogue assoiffé de sang.

 

Un extrait page 218, 219. Le chien se souvient de moments passés avec son maître en regardant des dessins réalisés par celui-ci :

 

"Sur un autre, mon maître et moi étions assis côte à côte dans une loge du théâtre parisien du Palais-Royal. Je me souviens de la nuit où nous allâmes voir jouer son acteur préféré (le même infortuné qui, un an plus tard, durant la représentation d'une pièce sur les médecins malhonnêtes, Le Malade imaginaire, cracha des caillots de sang avant de s'écrouler sur scène, raide mort). Lorsque le rideau tomba, le public — et même la reine en personne — se leva aussitôt, s'extasiant, lançant des hourras, les gens agitant leurs éventails et secouant les pans de leurs vêtements, jusqu'à ce que la troupe de comédiens en ait les larmes aux yeux. En me remémorant ces moments, j'ai honte d'avoir choisi de me souvenir de notre vie comme d'une existence laborieuse, presque un travail de forçat, à suivre les armées, à parcourir les champs de bataille, et à attendre impatiemment pendant que mon maître travaillait à son fourneau, dans ses ateliers de palais. Un tout autre univers colorait aussi nos voyages. Il me montrait les royaumes.

 

Une série de portraits d'une dame dont mon maître était proche, à l'époque d'Amsterdam, me fait brusquement tressaillir. Le souvenir de cette cité, où je ne suis jamais retourné, avait été si inextricablement lié à mes sentiments concernant Vilder que j'avais presque oublié l'autre grand événement qui s'y était déroulé. Mon maître avait nourri pour cette femme un amour plus profond, et, au bout du compte, plus douloureux, qu'aucun autre auparavant. Quelle honte pour moi de n'avoir réservé une meilleure place au souvenir de Jacobina ! C'était une personne rare, de celles que les gens appellent "une force de la nature", pleine de vie, de bonté et d'intelligence.

 

— Je viens du Ghana, avait-elle annoncé de sa voix puissante lorsqu'il l'avait rencontrée, à l'entrée de la Bourse d'Amsterdam.

 

Elle était encore plus grande que lui, et arborait un sourire caractéristique qui ne la quittait jamais, à une seule exception près.

 

— Je suis venue étudier vos esprits de riches marchands, observer toutes vos ruses et vos astuces, afin que nous, Ghanéens, puissions vivre un jour comme vous."

 

Page 218, 219 Damien Dibben auteur du livre Demain.

 

 

Commentaire : ici l'auteur parle du piège de la colonisation. L'alchimiste tombe amoureux de la belle Ghanéenne. Elle est aussi belle qu'intelligente mais le piège ici est : "nous puissions vivre comme vous" car il induit une imitation de modes de vie délétères au final,  au vu de la souffrance des laissés pour compte, du futur prolétariat, et qui deviendra catastrophique pour la planète. Mais sous l'effet de l'esclavage, de la domination brutale, on peut comprendre, même d'un esprit très intelligent cette première réaction, celle de l'imitation du dominant dans l'espoir de sauver son peuple de la misère induite par la colonisation.

 

 

 

♣♣♣

 

Contrairement à ce que ce blog pourrait laisser penser, étant donné la musique que j'écoute désormais, je ne suis pas une grande lectrice de la bible. En fait je n'ai en mémoire que des passages de l'évangile. Pour l'Ancien testament, je sais qu'il a été demandé à un prophète "par Dieu en personne", de tuer son fils (celui de Sarah) car Dieu voulait ainsi l'éprouver. Abraham, confiant était prêt à obéir et ce fut au final un mouton qui passa à la casserole. Franchement, ce que je retiens de la religion, ce sont les Béatitudes dites par Jésus, certaines paraboles de Jésus, qui respectait les Anciens, ne les a pas reniés. Mais pour moi, l'histoire du sacrifice du mouton ou du fils, c'est incompréhensible. Mais la douceur des chants, de Marie, de Jésus, de Mathieu, de grands saints, comme Saint François... cela est pour moi extraordinaire, divin. Et les chants, comme  Kadosh, par exemple :

 

https://youtu.be/CJX43l9-Qx0

 

 

 

16:52 Publié dans prière, vidéo | Lien permanent | Commentaires (0)

22/09/2020

Jonathan Stagge, Le cercle écarlate

Belle surprise en allant au parc du centre ville de Béthune : derrière la vitrine de la boîte aux livres, j'ai trouvé un vieux livre aux pages jaunies, intitulé Le cercle écarlate, que je vais lire en parallèle de Demain, roman étonnant dont j'ai presque terminé la lecture, qui emmène les lecteurs dans le labyrinthe que peut créer la candeur d'un scientifique d'antan, alchimiste, curieux de science, curieux des arts, enthousiaste et aimant ; la candeur et la curiosité ;  en effet ces deux ingrédients de son caractère l'amèneront à tester un médicament qu'il a créé à partir de diverses substances, et qui rend éternel, à moins que le bénéficiaire ne se noie ou ne se pende. Où l'on s'aperçoit au fil des pages qu'il n'est pas facile d'être éternel pour un homme. Le chien qui a reçu lui aussi le médicament en question possède une nature aimante, et aussi fidèle au maître, qui lui permet de survivre aux multiples pertes des amis qu'il se fait. Car être éternel implique d'endurer tout au long de l'existence la perte d'être chers, plus jeunes que vous. La vie de ces "passants" apparaît aux "éternels" comme un  passage trop court et on chérit d'autant plus ces passants que l'on sait que la vieillesse va vite avoir raison d'eux. L'associé de l'alchimiste, à la vie sur terre également éternelle en a perdu la boule et est devenu diablement mauvais, plein de rancœur, en voulant "à mort" à l'autre alchimiste, plus doué que lui, ce qui lui permet de se défausser, car il ne parvient pas à reconnaître avoir choisi lui-même sa condition d'immortel.

L'autre livre, découvert ce matin dans la bibliothèque miniature du parc donc, vient en contrepoint. J'aime faire des lectures parallèles, parfois les livres se répondent. Il s'agit pour le deuxième d'un "whodunit", une structure spéciale de romans policiers. Jonathan Stagge est un pseudo qui recouvre deux auteurs nés dans les années 30 du siècle passé. Psychologie fouillée des personnages. Les anglais sont des écrivains plutôt surprenants, à l'imaginaire puissant mais avec aussi un grand sens de la déduction pour résoudre moult énigmes.   

14:59 Publié dans Lecture, Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

21/09/2020

Fernando Pessoa "personne et tant d'être à la fois" (être, sans le pluriel) ♣♣♣ Tant d'être

Ici :

https://www.cairn.info/revue-psychanalyse-2009-1-page-113...

 

♣♣♣

 

"Je suis" a-t-il dit et dit-il toujours. On apprend cela au catéchisme ou au hasard d'une rencontre ; Pessoa me fait penser à cette assertion intéressante.

 

Mais je vais rendre compte à moi-même ici, et aux quelques lecteurs et lectrices que ce blog a peut-être du film vu hier soir où Isabelle incarne Éva Jolly, confrontée à l'affaire Elf et non hélas aux elfes, autrement plus gracieux que les hommes qui ont détourné de l'argent pour satisfaire aux besoins notamment d'une maîtresse.

 

Il fallait beaucoup de foi pour se confronter au cynisme des personnes délinquantes, qui cultivaient cet état d'esprit stérile. Or on voit les personnages insulter à plusieurs reprises l'idée de sainteté. Comme si c'était ringard d'aimer la beauté. Du coup, l'action d'Éva était beaucoup plus dure à mener. Je n'ai pas été étonnée quand à la fin, le personnage dit :

"démerdez-vous !"

Il dit cela comme on baisse les bras. Quid des vieux que l'on va du coup coller dans les mouroirs, des structures valables pour les personnes handicapées, des effectifs de professeurs etc. ? 

 

J'ai beaucoup de recul par rapport aux institutions, mais mieux vaut laisser l'argent public à ceux qui en ont besoin.