21/03/2013
La phrase
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It seems to me that you skewered the argument, if you will, to ignore that section of the Constitution, and we are left with analogous grounds. Il me semble que vous avez biaisé l'argument, si vous voulez, de façon à ignorer cet article de la Constitution pour nous entraîner sur le terrain de l'analogie. |
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Enfance d'un poète
Un extrait ci-après tiré des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand. Je découvre peu à peu ce livre, émaillé de beaux passages poétiques par ailleurs. Ici l’auteur expose finalement ses idées sur l’éducation. Argumentaire biaisé contre Voltaire ? Se profile incidemment un éclairage rétrospectif sur l’écriture très incisive de Voltaire lorsqu'il lutta contre cette idée, commune à l’époque, que "Dieu fait bien tout ce qu’il fait, et c’est sa providence qui nous dirige etc." Où l’on comprend mieux également d’où peut bien provenir ce masochisme et ce narcissisme de Chateaubriand, qui n’empêchent pas chez lui un certain génie de l'écriture.
L’extrait :
« Quand mon ami rentrait avec un œil poché, il était plaint, caressé, choyé, habillé ; moi, j’étais grondé, mis en pénitence, et je demeurais tout nu. Le coup que j’avais reçu était dangereux, mais jamais La France ne put me persuader de rentrer chez mes parents, tant j’étais effrayé. Je m’allai cacher au second étage chez Géril qui m’entortilla la tête d’une serviette. Cette serviette le mit en train. Elle lui représenta une mitre ; il me transforma en évêque, et me fit chanter la grand’messe avec lui et ses sœurs jusqu’à l’heure du souper. Le pauvre pontife fut alors obligé de descendre ; le cœur me battait de frayeur. Mon père surpris de ma figure et me voyant tout barbouillé de sang, ne dit pas mot, ma mère poussa un cri, La France conta mon histoire en m’excusant ; je n’en fus pas moins grondé ; on pansa mon oreille, mais il fut résolu qu’on me séparerait de Géril et qu’on me ferait sortir de Saint Malo le plus tôt possible.
Tels furent les jeux et les premiers attachements de mon enfance. Je ne sais si une éducation aussi rude est bonne en principe, mais elle fut adoptée par mes parents sans système et seulement par une suite naturelle de leur humeur. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle a pu donner à mes idées quelque chose de moins semblable à celles des autres hommes. Ce qu’il y a de plus certain encore, c’est qu’elle a imprimé à mes sentiments un caractère de tristesse, né chez moi de l’habitude de souffrir même physiquement, pendant mon enfance. Dira-t-on que cette manière de m’élever aurait pu me conduire à détester mes parents et à devenir mauvais fils ? Loin de cela. Le souvenir de leur rigueur m’est presque agréable. J’estime et honore les grandes qualités des auteurs de mes jours. Quand mon père mourut, mes camarades au régiment furent témoins de mes regrets. C’est à ma mère que je dois la gloire et le bonheur de ma vie, puisque c’est d’elle surtout que je tiens ma religion. Aurait-on mieux développé mes talents naturels en me jetant de bonne heure dans des études communes aux hommes ? J’en doute : les flots, les vents, cette solitude, qui furent mes premiers maîtres, convenaient peut-être mieux à la nature de mon esprit et de mon cœur. Peut-être dois-je à cette éducation sauvage quelques vertus que j’aurais ignorées. La vérité est qu’aucun système n’est préférable à l’autre ; les enfants aiment-ils mieux leurs parents aujourd’hui qu’ils les tutoient et ne les craignent plus ? Géril était gâté dans la même saison où j’étais battu, nous avons été tous deux d’honnêtes gens et des fils tendres et respectueux. Telle chose que vous croyez mauvaise devient la chose même qui rend votre enfant distingué ; telle autre qui vous semblait bonne, fera de votre fils un homme commun. Dieu fait bien tout ce qu’il fait, et c’est sa providence qui nous dirige lorsqu’elle nous réserve pour jouer un rôle sur la scène du monde. » Mémoires d'outre-tombe, page 84/85
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20/03/2013
la faute à Voltaire
J’ai écouté ce matin à la radio des extraits de Candide, le conte de Voltaire. L’auteur jubile. Sa jubilation toute littéraire ne me suffit pas pour me donner envie de le relire. Trop de jubilation estompe l’émotion du lecteur, j’aime la mélancolie des textes. Pourtant, pas seulement. J’apprécie Molière par exemple, mais chez lui justement, il n’y a pas cet arrière fond de nihilisme comme chez Voltaire. "Cultivons notre jardin", "pour éviter de penser" commenta l'interviewé, spécialiste de Voltaire, c’est assez dire le pessimisme de fond de l’auteur, lequel à mon sens plombe quelque peu le dynamisme de l’écriture, comme si l’écriture était en porte à faux avec la pensée.
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