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15/02/2011

Les Haïchtis de Damien Gabriels

cloque du soir –

l’brut d’ches pronnes
blettes qui tchett’
 
cloche du soir –
le bruit des prunes
gâtées qui tombent
 

 

C'est ici : http://haikus-au-fil-des-jours.wifeo.com/haichtis-textes....

Le rêve de cette nuit

Il arrive que les rêves soient comme innocemment humoristiques, hélas d’autres sont cauchemardesques. C’est le cas de celui que je viens de faire, qui m’a emplie de compassion pour le genre humain. Tout est allé trop vite pour l’homme que l’on avait décidé d’exécuter. Physiquement il est très banal : moyen, plutôt grand, les cheveux châtains mi-long, il a une tenue négligée, un vieux tee-shirt un peu ample qui laisse deviner une petite bedaine. On vient l'arrêter. Il est mis sur câble, pendu par les pieds et on va le diriger de cette façon vers la guillotine, après un long circuit, ce qui laisse le temps d’alerter un journaliste célèbre afin de tenter d’empêcher l’exécution sommaire. L’épouse du journaliste, une femme que j’entrevois vaguement dans ce rêve, est humaniste, travaille dans le social et est chargée d’accompagner la victime, c‘est donc probablement elle qui a envoyé l‘alarme. L‘homme ne sait pas vraiment ce qui va lui arriver. Je me réveille à demi, pensant ne pas avoir rêvé, mais le rêve me revient peu à peu à la mémoire et je me rendors. Je revois le condamné avant qu’on l’interpelle, cette fois il a l’aspect d'un homme plutôt costaud portant un petit bouc, la tête assez massive, il me salue en souriant un peu. Je le vois aux abords d’un champ, puis entrer ensuite dans un café. Il sourit encore, essaie d’être sociable, mais déjà il est traité en pestiféré. Il tente vainement d’entrer en communication avec un client de ce café, qui du coup hèle la patronne, réserve sa table et celle d’à côté, signifiant ainsi à l’autre de se tenir à distance de lui, le condamné en puissance respecte ce "choix". On vient le chercher. Je sens sa peur et j’assiste en femme invisible et impuissante à cette arrestation arbitraire. On guide l’accompagnatrice désolée dans ce qu’elle a à faire. L’homme reste debout un certain temps, puis l’accompagnatrice, arrivée à une certaine étape, est contrainte de lui passer une sangle autour du cou. Je sens la peine de cette femme et la peur du condamné. Il est soudain renversé, les pieds tenus par un câble, puis soulevé, il a donc basculé, la tête en bas, on le redescend ensuite peu à peu, son corps est dirigé vers une sorte de friteuse électrique d'un jaune pâle, sa tête entre à l’intérieur, on entend ses cris, sa détresse est colossale et me serre la gorge. la tête ressort, toujours sur les épaules de la victime, mais l’on voit la coupure au cou, on sait qu’elle va tomber. Là-dessus, détresse encore de l’équipe journalistique qui n’est pas arrivée à temps. On enquête pour réhabiliter la mémoire du mort. On questionne, j’apprends que la victime était Berckoise et vivait relativement isolée. J’entends l’indignation des journalistes et me réveille pour de bon. La personne en question dans ce rêve, m’est apparue sous deux aspects, celui de la première phase du rêve et celui de la seconde. Sensation d’avoir assisté à un abattage et sentiment de totale compassion. Il n’y a pas de morale à cette fugitive et macabre histoire, les rêves ne font pas dans la dentelle, mon sens moral par contre était à vif, en lien serré avec le genre humain qui se trouvait dans le camp de la victime et de celle qui peinait à ses côtés.

Trois heures pas loin de dix minutes, je vais essayer de me rendormir après relecture de ces quelques lignes ... mais auparavant, quelques écoutes de Chopin pour évacuer les émotions. Je vous conseille de l'écouter.

13/02/2011

Mes lignes de ce matin

J'ai écrit ce texte ce matin, et je  le confie à mon blog Regards :

La chance de Line

Line avait connu des épreuves dans la vie, mais les dernières étaient sans nul doute les plus dures pour elle. Il avait fallu déménager à l’hôtel à cause des crises à rebondissements : du travail, du logement, et voilà. Mais ce n’est pas fini, son époux ne supportant pas ce genre de bouleversements avait sombré dans la maladie du sommeil. Elle n’avait rien d’autre à faire que vaquer dans les couloirs de l’hôtel sans trop savoir comment occuper ses journées. Le désœuvrement n’avait aucune prise sur elle malgré son inaction. A vrai dire, elle semblait comme suspendue au-dessus des choses, tel un nuage à la mélancolie naturelle. Cette attitude appela-t-elle la chance ? Un jour qu’elle se trouvait profondément inoccupée dans le hall de l’hôtel, elle vit passer un homme doté de deux mèches dressées en tirebouchon sur le front, l'une penchant à gauche, l'autre à droite, et chantant un air de rock’on roll, il semblait ne voir personne. Elle le suivit à l’étage et le vit entrer prestement dans sa chambre. Cette vision lui rafraîchit les idées, un sentiment de légèreté, comme s’il avait balayé les ennuis de sa seule présence. Line s’arrangea pour le rencontrer, se mettre incidemment sur son chemin lorsqu’il sortirait de la chambre et, surprise, quand il en ressortit son visage avait changé d’apparence : il avait maintenant la tête enfarinée, et un joli grand nez en trompette qu'elle aima immédiatement. Ce qui enlaidissait ce nouveau visage était cet acné qu’il n’était pas parvenu à dissimuler sous l’épaisse couche de poudre blanche. Il descendit, Line le suivant discrètement, elle le vit se rendre au restaurant de l’hôtel. Des personnes déjà attablées l’y attendaient. Quand elle s’approcha de la table, une vieille dame souriante l’invita à s’asseoir et l’artiste poudré la salua enfin. "J’ai mon spectacle dans quelques minutes" lui dit-il. Sur scène, il amusa tout le monde, c’était un clown extraordinaire qui changeait tout le temps de tête : il apparut les cheveux noirs gominés plaqués sur la tête, imitant un homme d’affaires, il reprit son visage grêlé, puis passa à l’apparence d’un jeune premier aux yeux bleus sous l’œil ravi du public qui ne se lassait pas de son numéro, on se sentait léger en sa présence. Line souhaite alors qu’il lui propose de faire un bout de chemin avec elle. Il était homme à entendre les souhaits et y répondit grâcieusement, allant même jusqu’à l’inviter un de ces soirs dans son lit. La plupart du temps il lui apparaissait avec le visage grêlé, elle s’entendait rire de bon cœur à ses côtés. Mais elle n’oubliait pas l’époux atteint de la maladie du sommeil et le clown enchanteur un jour avait laissé sa valise ouverte, comme pour la laisser découvrir son secret. La photo lui montra une femme et un enfant. Les choses étaient bien ainsi, on les attendait. S’il abandonnait ces deux êtres-là, l’artiste perdrait toute sa magie, Line en était convaincue.