22/01/2010
Guillaume Trouillard
Vos cowboys sont des hommes en complet noir…
Oui, un peu comme ceux de Kafka, parce que nous ne voulions pas refaire l’histoire des États-unis. Certains y voient des traders, des agents du FBI ou des hommes politiques.
Pourquoi faire alterner des cases de bande dessinée et le journal de bord de l’un de vos héros?
Simplement parce que j’ai toujours aimé toucher à tout, sans forcément réduire la BD à un enchaînement de cases. Ce mode de fonctionnement peut dérouter certains lecteurs, et en même temps il me semble que c’est en prenant un vrai plaisir à travailler qu’on a le plus de chance de le rendre communicatif, non ? Après tout, la grammaire de l’image est gigantesque, pourquoi n’en utiliser qu’une petite partie?
L'entretien : http://www.bodoi.info/a-la-une/2010-01-11/guillaume-troui...
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21/01/2010
Encore un peu d'Histoire
RADICALITÉS ET MODÉRATIONS, POSTURES, MODÈLES, THÉORIES
Naissance du cadre politique contemporain
Par Pierre Serna
En soi, la Révolution est radicalité, rupture nécessairement violente, pensée, et vécue comme telle. Le hors norme, l’exagération s’imposent à tous, dans l’immédiateté de la prise de conscience de ce qui se passe, dès le printemps 1789. Quelque chose se produit qui dépasse l’entendement. Une série d’événements inattendus a exigé une énergie, une mise en jeu des forces, inventant une dynamique qui repousse toute idée de modération, de prudence, vers le passé, rapidement constitué en Ancien, puis en Ancien Régime qui ne sera plus. Et avec lui le cortège de ses représentations, parmi elles sa douceur, sa tempérance, rapidement érigées en souvenirs nostalgiques… par une minorité qui seule pouvait y goûter.
Dans les correspondances privées, là où les âmes s’épanchent plus volontiers, surgissent aux détours des confidences, les marques des événements qui scandent les mois de mai, juin, juillet, août 1789, que les hommes à Versailles essaient de traduire dans leurs mots, lorsqu’ils écrivent à leurs épouses, à leurs régisseurs, cherchant dans leur vocabulaire convenu les marques de ce saut dans l’irréel radical de la révolution en marche. Points d’exclamations, adjectifs admiratifs ou inquiets, aveux de la faiblesse des mots (« je ne saurai vous dire… »), marquent la limite d’un vocabulaire convenu et déjà insuffisant pour exprimer le réel bouleversé. À la fin de l’année 1789, plus de 300 journaux ont vu le jour. La libération de la parole offre un miroir à l’ampleur des transformations en cours : dans un jeu de fondu-enchaîné, les écrits décrivent le réel, lui donnent une épaisseur réflexive qui à son tour, dans la réalisation de l’inimaginable de la veille permet toujours plus d’audace intellectuelle. Dans cette société française soudainement libre, dire c’est faire, et faire c’est déjà provoquer le dire. Le verbe est performatif, le faire est déjà discours, double performance qui donne au réel, dès le mois de juillet 1789, une dimension de surréalité qui induit forcément le sentiment d’une existence et d’une pensée ayant basculé dans une radicalité, jusque là inconnue.
...
La droite politique ne saurait rester indifférente à ces formes énergiques de l’action et de la pensée politique. Elle aussi connaît, par le biais de l’expérience révolutionnaire traumatisante, une radicalisation que la modernité politique de la fin du XVIIIe siècle va lui conférer. Épurée par la flamme de l’adversité, la pensée dite ultra, n’a jamais cessé d’exister, confortée par les échecs de la révolution.
Les avocats de la monarchie d’origine divine voient dans les épreuves le sens même d’une régénération qui doit valider leur dévotion à un pouvoir absolu, fondé sur le mystère de la foi catholique, vécue dans la radicalité de la soumission aux autorités temporelles, et le don total de soi à l’autorité du principe divin. Une autre famille de droite trouve un biais de radicalisation, non dans une idéologie de la Restauration, mais dans la sociologie politique de la Contre-Révolution, dans un apport a priori inespéré, celui d’une partie d’un peuple, soudé dans un anti-révolutionnarisme ne révélant nullement son indécrottable archaïsme, ni son passéisme atavique, mais sa claire compréhension des nouveaux modes de domination urbains et bourgeois que la Révolution a créés, confisquant au plus grand nombre une émancipation espérée. Pensée contre-révolutionnaire, mobilisation des pratiques populaires antirévolutionnaires, esquissent du côté droit de l’échiquier une radicalisation qui n’a rien à envier à l’autre bord politique.
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Le spectacle de l’exécution avant et après la Révolution constitue un lieu important d’une réponse possible de l’ordre public à ce qu’il perçoit toujours comme un désordre ou la rupture d’une règle mettant en danger les formes de fonctionnement de la cité. La justice du roi invente une réponse qui malgré sa violence se veut toujours réponse mesurée. Ainsi, le juste et l’injuste se trouvent au cœur d’une réflexion sur le radical et le modéré. La scène initiale de Surveiller et punir de Michel Foucault racontant en détail l’exécution de Damiens en mars 1757, met en scène non la radicalité mais la réparation voulue comme juste et présentée dans la suite des supplices infligés au régicide et ce faisant, permet de mesurer un décalage avec une nouvelle sensibilité née du rejet de cette violence légale, perçue par un public éclairé (et jusqu’au roi lui-même) comme l’expression même de l’abus du pouvoir et de sa justice exécutante disproportionnée.
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Le site de Nono
De quoi réfléchir : http://nono.hautetfort.com/
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