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02/11/2009

À propos de l'Aztèque

L’Aztèque, personnage du livre intitulé Azteca de Gary jennings, a quand même le mérite de ne pas employer la langue de bois ; il est franc, carré, forcément indélicat, par moment assez stupide, surtout avec certaines femmes. Fruste et bourré de talents, tout cela à la fois ; doué pour les langues, le dessin etc. C’est un homme qu’on dirait réac aujourd’hui, politiquement incorrect. Il ne croit pas au métissage des peuples par exemple. Vu l’écroulement soudain d’un monde dans lequel il se sentait parfaitement dans son élément et la violence des intrus, on peut comprendre ce genre de réaction. Le personnage est assez cohérent dans le contexte d’une telle époque.

Les conquistadors pleins d’effroi face aux sacrifices humains des Mexica, amènent sans vergogne nombre de personnes récalcitrantes à la foi chrétienne au bûcher ; l’aztèque, de son côté, ne s’indigne pas plus que cela des pratiques sacrificielles des prêtres de sa communauté, sauf quand c’est sa propre fille qui va vers « la mort fleurie » ; il éprouvera alors le besoin de faire un carnage pour la venger mais finalement s’en relèvera sans remettre foncièrement en cause ce genre de "rituels" et continuera de faire son chemin jusque l’arrivée de Cortés et de ses troupes. l’Aztèque est pourtant beaucoup plus humain que ses ennemis et leurs curés, à la désinvolture induite d’un sentiment inébranlable de supériorité. Enfin, tout cela n’incite pas à la nostalgie. Le bouquin fait 1052 pages, toutes lues dans le bon ordre, page après page, avec une interruption de quelques jours au milieu, le temps de reprendre un peu mon souffle, car j‘étais quand même un peu secouée.

21:48 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

bâtons à message

" ... Bon, commençons, qu’est-ce que des bâtons à message? Simple! C’est un point de repère, un message visuel que l’on dispose au bord du chemin pour indiquer aux autres nomades l’état de la situation. Par exemple, on utilise deux morceaux de bois en épinette blanche, on en place un penché très près du sol qu’on appuiera contre l’autre placé verticalement, ainsi nous obtiendrons un message, qui signifie: famine.

Recommençons: qu’est-ce que des bâtons à message? Pas facile du tout! Parce que c’est ce recueil, précisément; et il est fait de tranches de papier d’épinette très minces, posé bien à plat sur ma table de travail. Plus penché que ça, c’est impossible. Il signifie: détresse.

Dès l’introduction, la poétesse nous lance «Mon peuple est rare, mon peuple est précieux comme un poème sans écriture.» Qu’est-ce qu’un poème sans écriture? N’est-ce pas une mémoire sans ses traces, comme celles que nous laissons dans la neige et qui disparaissent au printemps? Aucune trace! Sûrement parce que l’écriture était verbe et que les voix disparaissent avec le temps. Où sont donc les voix et leurs mémoires? Ne les retrouverions-nous pas chez les Innus, où sont-ils? «Je ne te vois plus / sur ta terre, / je ne t’entends plus / quand tu rêves // j’ai perdu tes traces.»

Et, la détresse appartient à ceux qui restent, ils sont dispersés, laissés sans voix: «Silence // Je suis adoptée. / Je suis maltraitée. / Je suis orpheline.» Une profonde tristesse, comme un cri étouffé par les émotions qui accablent. Vivre l’exil chez soi, une fuite impossible, un repliement sur soi-même: «Ma douleur, / devenue remord, / est le long châtiment / qui courbe mon dos.»..."

Le lien :

http://www.voir.ca/blogs/claude_r_giroux/archive/2009/10/...

09:20 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

Un petit extrait de Azteca de Gary Jennings

Quimichi veut dire souris et aussi espion. Parmi les esclaves de Motecuzoma il y avait des ressortissants de tous les pays du Monde Unique et il employait les plus dignes de confiance à espionner pour lui dans leur pays d’origine, car ils pouvaient s’infiltrer parmi leurs concitoyens dans un total anonymat. J’avais moi-même joué les espions chez les Totonaca et dans d’autres circonstances, mais je n’étais qu’un homme seul. Les armées de souris de Motecuzoma étaient capables de rapporter bien davantage d’informations.

 

Quand le premier espion revint, Motecuzoma convoqua le conseil et moi-même pour nous dire que la grande maison flottante des Blancs avait déployé ses ailes et disparu vers l’est. Malgré la déception que me procurait cette nouvelle, j’écoutai la suite du rapport de la souris car elle avait fait du beau travail en regardant, en écoutant et même en surprenant plusieurs conversations traduites.

 

Le navire avait levé l’ancre avec son équipage plus un homme détaché par Cortés, chargé sans doute de remettre l’or, les présents et le rapport du capitaine au roi Charles. Cet homme était Alonso, cet officier à qui on avait donné Ce-Malinali. Cette estimable fille n’était évidemment pas partie avec lui et elle était immédiatement devenue la concubine de Cortés en même temps que son interprète.

 

Cortés s’était adressé par son entremise aux Totonaca. Il leur avait dit que le navire reviendrait avec une nomination à un grade supérieur pour lui et il avait anticipé cette promotion en prenant dès à présent le titre de Capitaine général. Toujours dans le but de devancer les ordres de son roi, il avait décidé de changer le nom de Cem-Anahuac, le Monde Unique. La région côtière qu’il avait déjà soumise et toutes les terres qu’il découvrirait par la suite s’appelleraient désormais la Nouvelle-Espagne. Il était clair que Cortés, qu’il soit fou ou incroyablement audacieux ou encore, comme je le supposais, qu’il agisse sur les injonctions de son ambitieux prince, était en train de s’approprier des terres et des peuples qu’il n’avait encore jamais vus et que ces terres dont il réclamait la souveraineté comprenaient aussi la nôtre.

 

« Si ce n’est pas une déclaration de guerre, Frère Vénéré, dites-moi ce que c’est, s’exclama Cuitlahuac, bouillant de fureur.

 

— Il n’a pas envoyé de présents de guerre, ni aucun témoignage d’une pareille intention, répondit Motecuzoma sur un ton hésitant.

 

— Attendrez-vous qu’il vous décharge ses canons dans les oreilles ? répliqua effrontément son frère Cuitlahuac. Vous voyez bien qu’il ignore notre coutume de donner un avertissement. Apprenons-lui les bonnes manières. Envoyons-lui des présents de guerre, puis descendons vers la côte et rejetons cet insupportable fanfaron dans la mer.

 

— Calme-toi, mon frère, dit Motecuzoma. Pour l’instant, il n’a ennuyé personne en dehors de ces misérables Totonaca. En ce qui me concerne il peut rester sur cette plage toute sa vie, à se pavaner et à se lisser les plumes. Tant qu’il n’entreprendra rien de précis, nous attendrons. »

 

Extrait de Azteca de Gary Jennings (p.924-925)

 

 

 

 

08:20 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)