03/09/2008
Texte de Victor Hugo
Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu'elle serait impossible et qu'elle paraîtrait absurde aujourd'hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l'Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n'y aura plus d'autres champs de bataille que les marchés s'ouvrant au commerce et les esprits s'ouvrant aux idées. - Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d'un grand sénat souverain qui sera à l'Europe ce que le parlement est à l'Angleterre, ce que la diète est à l'Allemagne, ce que l'Assemblée législative est à la France ! (Applaudissements.) Un jour viendra où l'on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd'hui un instrument de torture, en s'étonnant que cela ait pu être! (Rires et bravos.) Un jour viendra où l'on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d'Amérique, les États-Unis d'Europe (Applaudissements), placés en face l'un de l'autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colonisant les déserts, améliorant la création sous le regard du Créateur, et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu ! (Longs applaudissements.)
Victor Hugo (1802-1885)
Discours prononcé le 21 août 1849 lors du Congrès de la paix (extrait)
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Témoignage
"Joséphine, une malade du sida sous antirétroviraux (ARV) depuis trois ans, est anxieuse. Les yeux hagards, perdue dans ses pensées, elle est arrivée très tôt ce matin au Centre de traitement agréé (CTA) de l’hôpital Laquintinie de Douala pour recevoir son traitement.
Les heures passent, et elle n’aperçoit toujours pas ne serait-ce que l’ombre d’un médecin. Malheureusement pour elle, ce dernier est le seul habilité à lui délivrer l’ordonnance qui lui permettra d’être servie à la pharmacie de l’hôpital.
Inscrite dans ce CTA quand elle habitait Douala, elle a entre temps quitté la capitale économique du Cameroun pour Yabassi, à une centaine de kilomètres de là.
"Quand les traitements étaient encore payants, j’en achetais pour deux ou trois mois et je revenais bien avant la fin de mon traitement en acheter encore", se plaint la malade, qui ne dispose plus de médicaments que pour une seule journée... Venue de Bafoussam (près de 300 km de Douala), Lydie crie elle carrément au meurtre : "Le gouvernement veut notre mort à tous. Hier, il fallait être ici tous les mois pour se procurer le traitement. Aujourd’hui, c’est tous les quinze jours avec aucune assurance d’être servi. Pourquoi torturer autant des gens qui sont déjà malades ?""
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02/09/2008
Musset
« Dès la 1re scène, nous abordons les thèmes de l’apparence et de la vérité profonde ; Musset insiste sur le regard aiguisé et cynique du libertin débauché qui sait deviner les êtres. Les deux protagonistes nous sont présentés en action. Le duc Alexandre est un consommateur de chair fraîche, et Lorenzo, le rabatteur, le pourvoyeur de ses plaisirs »
"Dès le début, Musset pose une thématique essentielle : celle de l’opposition entre l’intérieur et l’extérieur.
Cette intériorité n’est pourtant pas aussi secrète qu’il n’y paraît au premier abord. Le libertin débauché qui cultive le plaisir de la perversion, le prédateur qui traque ses proies sait que le regard est une porte de l’âme. Par nécessité donc, le libertin est devenu attentif à ce jardin secret. Il sait y entrer par effraction, chaque fois qu’il y rencontre une sensualité qui fait frémir une correspondance en lui. La frontière entre extérieur et intérieur n’est donc pas aussi marquée que le sens commun pourrait le concevoir. Déjà nous pouvons comprendre que pour Lorenzo il faudra élever la dissimulation au rang d’art accompli afin d’échapper à la clairvoyance d’un regard roué et de plus méfiant. Lorenzo révèle aussi avec une certaine prescience le rôle sournois de l’imagination pour abattre les défenses, le rôle du désir impur qui porte plus loin qu’on ne voudrait aller, qui mène en terres interdites et dangereuses. Il y aurait donc dans l’esprit délicat une faculté traîtresse propre à ouvrir la boîte de Pandore, une faiblesse inconnue, un ennemi intérieur dissimulé. Musset traduirait-il à sa manière le dogme chrétien du péché originel ?
La deuxième scène nous présente le masque carnavalesque. Il conviendrait dès lors de se demander si dans l’esprit de Musset il s’agit du simple loup ou du masque vénitien ? Dans le premier cas, la fonction essentielle de ce masque est la seule dissimulation de l’identité. « Vois-tu celui-là qui ôte son masque ? C'est Palla Ruccellai. Un fier luron ! ». Pour aller en joyeuse compagnie sans risquer de ternir sa réputation, il permet de dissimuler ses traits aux badauds. Dans le second cas, il offre également une autre utilité : pièce du déguisement, il confirme le personnage joué et peut afficher le désir de provocation. « Le duc sort, vêtu en religieuse, avec Julien Salviati, habillé de même, tous deux masqués », précise la didascalie sans que nous puissions déterminer exactement de quel type de masque il s’agit. Il nous est cependant loisible d’imaginer que le souci de choquer a conduit le duc et ses affidés à parfaire leur désir de transgression en portant un masque en accord avec leur habit sacrilège. La marquise Cibo, dans la scène 3, a d'ailleurs bien perçu la volonté provocatrice du déguisement princier."
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