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19/07/2008

Que la légende

Menthe ou non, ce n'est pas la question. 

"Avant d’atteindre l’Orient, la menthe fut pour la première fois cultivée dans des espaces situés autour de ce qui est aujourd’hui l’Afghanistan où elle pousse encore à l’état sauvage dans les régions irriguée autour de Mazar -e- Charif. Mais il y a si longtemps qu’il est bien difficile de démêler l’histoire de la légende. Ce qui est certain : elle était décrite sur des dessins dans des tombes et des ruines de la civilisation mycénienne, une quinzaine de siècle avant notre ère. Les Grecs lui donnèrent le nom générique que nous lui connaissons puisque dans leur mythologie la fille du dieu des rivières souterraines, Mintha, tomba amoureuse d’Hadès le roi de l’enfer. Ce qui pouvait être une belle histoire s’acheva en drame : la belle naïade fut surprise en flagrant délit d’ébats par la femme du roi, Perséphone reine du monde des ombres. Dans sa fureur, elle tua Mintha et la piétina jusqu’à la réduire en morceaux minuscules. Le miracle des dieux, compatissants envers la belle amoureuse, fit des débris une plante fragile que l’on foule au pied sans la remarquer mais dont le parfum s’impose quand on la touche. La menthe…" Médiapart

l'inoculation

"À ce jour, ce sont surtout les historiens de la démographie ou des théories et des pratiques médicales qui se sont intéressés à la lutte contre la petite vérole. Les sources employées dans leurs études sont principalement des archives institutionnelles et hospitalières, des règlements sanitaires, des correspondances de médecins, des tableaux de mortalité. En rendant le sujet à son contexte culturel, Catriona Seth propose un salutaire décloisonnement des disciplines. Son étude repose en effet sur un corpus impressionnant par son volume autant que par sa diversité générique : à côtés des mémoires d’académies et des traités médicaux, part belle est faite à la poésie, au roman, au théâtre, aux lettres ouvertes, aux journaux, aux pamphlets et autres pièces de circonstance. Les textes considérés couvrent tout le XVIIIe siècle, depuis l’importation de l’inoculation à Londres en 1721 par Lady Mary Wortley Montagu, femme d’un ambassadeur anglais à Constantinople, jusqu’à la découverte de la vaccination par Jenner en 1796.

Au fil des textes, on prend conscience de la manière dont la littérature s’accapare l’opération médicale, la transforme en topos romanesque et s’en sert comme d’une ressource pour penser ses propres conditions d’existence. Dans un même mouvement, on perçoit à quel point la médecine se nourrit de représentations culturelles, à quel point le progrès scientifique, que d’aucuns s’obstinent à voir comme une marche triomphale constituées de faits, est indissociable de sa construction rhétorique. Comme le rappelle plusieurs fois l’auteure, tout particulièrement en matière d’inoculation, le texte précède l’acte."

"Les chapitres qui composent la deuxième partie, Enjeux, sont particulièrement intéressants par le croisement des perspectives qu’ils proposent. Après un chapitre consacré aux prolongements métaphysiques et théologiques qu’entraîne le fait d’artificiellement introduire une maladie dans un corps sain (« L’homme entre Dieu et Nature »), le chapitre VI (« Des mots pour le dire ») porte sur la difficulté de faire entrer un sujet tel que l’inoculation dans une forme poétique : non seulement parce qu’il faut parler de pus et de souillures corporelles, mais aussi parce que le mot inoculation lui-même, desservi par sa troisième syllabe ignoble, ne se prête guère au genre. Et que faire du nom de Tronchin, qui a fait l’objet de tant de déclinaisons grivoises, alors même qu’il est porté par le plus célèbre médecin inoculateur de l’époque ? Le chapitre VII (« Une nouvelle province des mathématiques ») porte sur le calcul des probabilités qui, dans les débats sur l’inoculation, est pour la première fois massivement appliqué au domaine médical. Au sein du raisonnement mathématique, « les corps sont objectivés et tenus […] pour équivalents les uns des autres » (p. 209), ce qui tranche avec le caractère passionné des débats par ailleurs et la valeur exemplaire conférée à l’opération des « grands ». Précisément, le chapitre VIII, intitulé « Le corps des rois », est consacré aux inoculations des têtes couronnées. Celle de Catherine II par exemple, que l’impératrice russe a voulu présenter comme un emblème de la raison éclairée : « être inoculé, c’est être philosophe. » (p. 290) Proches parfois du journal de santé, les pages consacrées à la mort par variole de Louis XV puis aux enjeux de l’inoculation de Louis XVI en 1774 sont passionnantes. L’auteure reconstitue l’agitation courtisane et populaire autour de l’agonie du « roi vérolé ». Elle en fait ressortir les connotations morales, politiques et sexuelles, et montre à quel point les pratiques de santé rythmaient les sociabilités curiales. L’inoculation du jeune Louis XVI fait ressurgir toutes les hantises liées à l’opération : « devient-on celui ou celle qui fournit la matière inoculée ? » (p. 296) Le sang royal est-il mis en péril ?"

Alexandre Wenger

 Fabula 

08:28 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0)

18/07/2008

Chanson

That's my boy ICI

10:16 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)