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13/09/2020

Me suis-je benoîtement effacée ?

Un avatar est arrivé à l'ami Patrick : à force de se démener autour d'un compteur à eau situé au fond d'un trou, obligé de s'agenouiller plusieurs fois sur le trottoir pour vérifier les chiffres du dit compteur, afin de déceler une possible micro fuite, Patrick n'a pas coupé à la "lombargite" (ou lumbago). À demi paralysé sur le canapé, il attendait que l'anti inflammatoire fasse son effet quand je suis partie seule sur notre parcours habituel.

Sur la rive herbeuse peu de monde se promène, sauf un riverain avec son  chien, et quelques joggeurs masculins (les jeunes femmes préférant l'autre rive, avec son chemin de halage plus fréquenté par d'autres sportifs). Seule sur ce côté de la rive, je respire. J'avise un bâton. Je le teste : il est à ma taille, léger et solide. Je l'emmène avec moi. Calé dans ma main contre le guidon quand je roule, il n'est pas du tout embarrassant et quand je marche, de la main gauche je maintiens aisément le guidon, de l'autre main, j'utilise le bâton pour avancer plus vite : marche nordique formule une roue, plus un bâton. Je me félicite de ma trouvaille quand des bruits de voix me parviennent. Bizarre. Ça vient de derrière moi... d'habitude il n'y a personne de ce côté. Une voix se précise, qui possède le timbre de celle de Benoît Poelvoord, l'acteur humoriste. J'entends des injonctions brèves de moniteur avertissant ceux qu'il a à sa charge de certains dangers :

 

"attention les enfants, il y a une personne devant !"

 

Je me mets sur le côté afin de ne pas gêner les cyclistes dûment casqués et vêtus de tenues fluo jaunes et vertes collantes comme les revêtements d'hommes grenouille. Ils sont environ 6.

 

"Merci !" lance Benoît, car je me suis bien mise sur le côté afin de libérer le passage. Il ne faudrait pas qu'un cycliste valdinguât par ma faute dans le canal, à cause d'un manque de civisme de ma part.

 

Je constate que non seulement le moniteur a une voix sosie de Benoît Poelvoord, mais aussi qu'il possède un physique très approchant de celui de l'acteur. Mais ce n'est pas lui, car celui-ci parle cht'i. Il me dit :

 

"Attention ! Inna'cor derrièr' !"

 

Je vois alors arriver une enfilade de cyclistes très colorés, fluorescents, sur l'étroit sentier entouré d'herbe, qui arrivent à fond de caisse. 

 

Ils étaient au moins une bonne trentaine !

 

Je suis presque hébétée...

 

Je leur dis :

 

"Attention, j'ai un bâton !" évidemment pour plaisanter.

 

"Donnez-leur quelques coups", dit l'un.

 

"Venez avec nous, ma petite dame, dit un autre".

 

Et moi : "Mais qu'est-ce que c'est ?"

 

"Le tour de France, madame !" dit une trentenaire enjouée.

 

J'ai eu le temps de voir leur visage car c'est un sentier à ornières : ils étaient obligés à mon niveau, de ralentir.

 

Je raconte cela à Patrick, un peu décoincé grâce à l'anti inflammatoire et il me demande si c'était vraiment le tour de France. Peut-il être à côté de ses godillots quand il prend des anti inflammatoires !

 

Et ce n'est pas tout. J'ai pris la route pour rentrer. Une petite route habituellement bien asphaltée, sinueuse, agréable. Je l'ai retrouvée complètement défoncée sur plusieurs kilomètres. Des voitures patinaient sur la caillasse en faisant des nuées de fumées blanches. J'interroge un homme en train de tailler sa haie. Un trentenaire. Il me dit que la raison de cette démolition de la route est l'installation, ou plutôt la rénovation, du tout à l'égout.  

Je lui dis qu'il y avait sûrement moyen de ne pas tout démolir à ce point, à quoi il me répond d'un air blasé et un rien condescendant  "c'est l'installation du tout à l'égout..." , comme si mémé avait mal compris la première fois. Je le remercie quand même gentiment pour le renseignement. 

 

Je n'ai pas souvenir que tout était déglingué à ce point "de mon temps", quand on installait des tuyaux souterrains. Il y avait moyen de faire un côté de la route, puis l'autre, de mettre des feux provisoires pour alterner la circulation dans un sens puis l'autre. Les jeunes dirait-on, acceptent tout. On était dans la brousse mais tant pis, et normal. D'un autre côté, ils sont très zens.

 

Le père de Patrick a été conducteur de travaux. Patrick savait donc de source sûre que, dans le temps, un temps pas encore si lointain, on ne mettait pas une route asphaltée à l'état de chemin caillouteux même en installant des tuyaux souterrains. Mais bon. Je n'ai pas crevé mon vélo, car j'ai marché durant les trois kilomètres de sentier caillouteux.     

05:54 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

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