Yves Raguin
Chemins de la contemplation – II
Tu rêves de grandes lumières et peut-être devras-tu marcher dans la nuit et dans le désert. Tu rêves d’illumination et tu n’auras que ténèbres. Mais, dans ces ténèbres, Dieu est: Il est pour toi.
Si tous les hommes voulaient ainsi se mettre en route vers Dieu, dans l’espoir de voir, d’entendre, de toucher ce que la foi leur fait déjà saisir, la terre ne serait pas pour autant transformée en un immense monastère. L’univers serait encore plus débordant de l’activité humaine. Il y en aurait encore qui iraient se cacher dans la solitude, mais l’humanité entière serait tout occupée de cette terre et de cette humanité devenues l’une et l’autre transparentes de la présence et de l’activité divines. L’humanité serait et plus active et plus contemplative, et Dieu prendrait plaisir à venir le soir après le travail converser avec les hommes. Les journées ne seraient pas comme ces dimanches gris où la messe est morne et le sermon sans sel.
Il y aurait encore dans le monde des chutes et des péchés, mais la joie serait grande dans l’exaltation de la mise en oeuvre de la création du Seigneur. La réalisation serait, à part entière, et de Dieu, et de l’homme… Mais ce n’est sans doute qu’un rêve lointain pour l’humanité entière. Raison de plus pour que ceux qui en sentent le désir cherchent plus ardemment encore la face de Dieu.
Yves Raguin, Chemins de la contemplation (Desclée de Brouwer, 1969)"
Lu sur Jubilate Deo
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