27/10/2017
Tournicoti, tournicoton
Ce matin, cherchant partout mes lunettes, je tournais un peu en rond dans la maison. Cela parce que la veille, je suis restée sur le canapé pour y passer une bonne partie de la nuit. Étant donné que mon imaginaire se désaxe quelque peu à un moment de la nuit en cette période, se laissant accaparer par une image fauteur de troubles, pour ne pas dire trouille : un monstre (physiquement joli mais les yeux révulsés) se profile, montant les escaliers pour venir me trouver dans la chambre, je me suis dit, encore bien réveillée et en pleine possession de mes moyens, qu'en restant couchée en bas, je verrais bien "ce que ferait l'image". Mais prudence et compassion pour soi-même : j'ai pris deux infusettes d'un mélange de mélisse et de fleurs d'oranger pour ménager mon système nerveux mis quand même un peu à mal par cette image à la noix. Quelle aventure ! Je chamboulai mes habitudes, dormant exceptionnellement en bas et posai donc mes lunettes dans un endroit tout à fait inhabituel : la coupe de fruits, entre deux bananes (en guise d'étui peut-être). Je les ai posées là de façon mécanique, d'où que je ne m'en souvenais plus ce matin et tournicotais quelque peu tel un Zébulon avant de mettre enfin la main dessus. Le soir j'ai regardé un film sur Arte : une jeune fille à l'imagination fertile s'éprend d'un riche qui la croit riche elle aussi, mais elle ne l'est pas tant qu'elle le paraît. Le père du garçon en question, quand il apprend qu'il y a méprise et que la demoiselle n'est pas si fortunée qu'elle en a l'air, la vire brutalement de son château lugubre, la nuit, alors que des bandits rôdent dans la lande à cette époque. Heureusement le garçon se révolte et va, sur un cheval blanc, rejoindre sa dulcinée au demeurant jolie autant que lui, et tout se finit bien, sauf pour le méchant père qui fulmine seul dans sa méchanceté de riche aux abois. Ce garçon qui renonce à l'héritage, le triomphe de l'amour, m'oui, c'était très reposant.
Ensuite je changeai de chaîne et regardai un film comique où un gros garçon cancre, malmené par son instituteur, joué par un célèbre humoriste français, tient tête à un loup véreux durant une colonie de vacances et sauve ainsi sa tête à lui et celle de ses amis, enfants aux proportions plus ordinaires, et ce beau geste fait tellement cercle vertueux que le gros garçon oblige l'instituteur bourreau à lui être redevable. Dans ce film, on voit une institutrice tournicoter les yeux indépendamment l'un de l'autre, dans tous les sens. Les acteurs rient de leurs particularités physiques, lesquelles dans la vie ordinaire sont difficiles à assumer tant les gens les stigmatisent. Le rire dans ce film était tout sauf méchant. Un bon rire. Humour bien dosé, tout un art.
Après cela endormissement sur le canapé, tournée sur le côté droit, avec sur les cotes de gauche Yoko qui pesait de tout son poids, oreilles dressées vers le ciel, silencieux comme un pape, car Yoko ronronne très rarement à l'instar des papes.
Et que se passa-t-il cette nuit au niveau de l'image ? Elle revint de façon très amoindrie alors que vers trois heures du matin, je montais les escaliers pour rejoindre le lit. Mais je ne les ai pas montés quatre à quatre. Je gérais. J'étais quand même contente une fois au lit.
Je suis persuadée que la peur a pour origine un rejet stupide et donc une faiblesse, elle part d'une faille en soi. Le rejet dont il est question est stupide parce que la maladie se confond avec un individu. Or la personne n'est pas sa maladie. ou, la maladie ne fait pas une personne. L'image montre une malade, et à cette malade, il faut rendre son regard, c'est-à-dire son âme. À soi seul on ne peut pas porter une telle charge, c'est toute l'humanité qui doit veiller sur les malades, sur elle-même, pour guérir d'une façon ou d'une autre du désespoir. Pour ma part, en tant que chrétienne je dois prier mais pas n'importe comment, en alliance. Et faute d'inspiration, dire le Notre Père, que ton règne arrive.
11:36 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.