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25/05/2014

Guerre de 1870 et tragédie de Bazeilles

Extrait du livre intitulé Les Tissserands de la Licorne de Françoise Bourdon. Jérôme, qui appartient à une famille bourgeoise de fabricants de draps aime une ouvrière, nopeuse de son état à la fabrique.  La mère de Jérôme est laide et méchante, Joséphine, celle qu'il aime,  belle et vulnérable : ce sont des choses qui arrivent. Jérôme, comme on le voit dans cet extrait, va se faire tuer lors du massacre de Bazeilles. Laissant Joséphine enceinte d'un enfant que la mère de Jérôme ne risque pas d'accepter tant elle est bouchée à l'émeri. L'extrait : 

 

 

Gilbert échangea un regard navré avec Jérôme.

 

— M'est idée qu'on aurait mieux fait de rester par chez nous, toi et moi. Pourquoi qu't'es venu à Bazeilles, d'abord ?

 

— Je voulais arriver plus vite à la Roseraie. De toute façon, les Prussiens bloquaient le raccourci par la forêt. A croire qu'ils connaissent notre pays mieux que l'état-major.

 

Jérôme arma le fusil prêté par le contrebandier.

 

— On ne peut pas faire moins que les nôtres, reprit Gilbert. Jusqu'à la dernière cartouche.

 

Le cœur de Jérôme se serra d'un coup. Un sentiment de révolte le submergea. Il n'allait tout de même pas mourir là, à vingt-cinq ans, loin de la femme qu'il aimait ?

 

— Les monstres, les sauvages ! s'écria Gilbert qui venait d'ouvrir largement les volets.

 

Les Bavarois se livraient à un véritable carnage. L'église, la mairie et les maisons voisines étaient ravagées par les flammes. Jérôme entrevit une vieille femme, qu'on traînait hors de chez elle à coups de baïonnettes. Il tira. Un Bavarois s'effondra, le front étoilé d'une tache de sang. Ses compagnons se ruèrent vers la maison où Gilbert et lui étaient réfugiés.

 

— Tiens bon, mon gars, on va en descendre quèq's'uns ! s'écria le braconnier, faisant mouche à chaque coup.

 

Une horrible odeur de chair brûlée se répandait dans Bazeilles. Le ciel était noir. Jérôme visa un grand gaillard à moustaches qui poussait des vociférations vengeresses. Il l'atteignit à la tête, mais les Bavarois avançaient toujours.

 

Il ferma les yeux, pensa si fort à Joséphine que, durant un instant, il la sentit à ses côtés. Un frisson le parcourut. la porte barricadée vola en éclats dans un vacarme assourdissant. Il épaula, n'eut pas le temps de tirer. La baïonnette d'un Bavarois le transperça."

  

07:45 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

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