30/11/2012
Les Corses, vers Strasbourg durant la guerre 14
20:02 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)
Money
L’argent intervient très tôt dans la vie des gens, même dans ces années-là. J’ai un souvenir de mon rapport avec l’argent quand j’avais environ six ans ou à peine un peu plus. C’est la ducasse. Une jolie petite fille de deux ou trois mon aînée fait un tour de manège en balançoire et moi je la regarde derrière la barrière, le forain et mes sœurs pas loin de moi. La veinarde est une petite brune aux yeux noirs, une esthétique qui m’impressionne beaucoup à l’époque. J’ai oublié son prénom mais je me souviens que c’est une cousine de mon cousin et qu’elle faisait la joie de sa petite famille artésienne. Elle représentait pour l’enfant que j’étais l’image même de l’intégration réussie, c’est-à-dire de l’enfant adulée des siens. Ce jour-là donc alors qu’elle faisait un tour de balançoire, elle me jette une pièce de un franc, ce devait être déjà des nouveaux francs, mais je n’en suis pas certaine, je m’empresse de ramasser la pièce, toute joyeuse, persuadée qu’elle vient de m’offrir un tour de manège. Je jubile, "j’oublie", d'une certaine façon, mes sœurs qui, elles non plus, n’ont pas reçu le sou qui sauve... Un clin d’œil même à ma petite sœur parce que je pense qu’il y a lieu pour elle de se réjouir avec moi (quelle innocence!... aux mains pas si pleines que ça). La brunette sur la balançoire se rend immédiatement compte de mon allégresse et par là même, du malentendu et déclare "C’est ma pièce ! Je te l’ai lancée juste pour que tu me la gardes, je fais un autre tour après". Je ne sais plus trop ce que j’éprouve ensuite, en tout cas, je reste droite et digne et affiche un sourire qui a certainement dû virer au jaune, volonté de cacher ce moment de grande solitude à mes sœurs, par fierté et surtout pour ne pas leur faire de peine, je pensais alors que tout ce qui me peinait les peinait, c'est cela, la naïveté. Bref, cacher donc, comme mentir. L'état d'esprit a bien changé depuis, fort heureusement, c’est tellement mieux de sortir sa douleur, sans pour autant l'exhiber, la sortir juste, comme un vieux machin dérisoire. À la lumière, les petits faits qui furent si douloureux à un moment donné deviennent inoffensifs. Foutu fric quand même.
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29/11/2012
La phrase du jour
"Throughout history, people have been forced to be on the move in order to survive."
Mon commentaire : En dehors des soldats en période de guerre, ceux qui sont "on the move" ne pensent pas qu'il y a un gros risque à bouger. Il vaut pourtant toujours mieux, à mon avis, avoir ses arrières assurés, un bon statut, une bourse bien remplie, avant d'avoir des fourmis dans les jambes... le monde est cruel.
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