09/03/2012
Porte-bonheur
Les deux tons de bleus de la muraille, départagés à l’horizontale sur toute sa longueur, créent un semblant de lointain pour le promeneur, lui offrent une ligne de fuite ; ce mur, à ceux qui vont le franchir, est le rempart de la dernière illusion. Son manque d’aplomb le fait onduler sous les poussées du temps ; derrière, une cour et autour, les bâtiments de la prison. Ce semblant de front de mer laisse les riverains indifférents. À l’angle de cette muraille, il y avait une femme ce matin, en blouson jeans baskets, son visage : un compromis entre celui de Serge Gainsbourg et de Philippe Noiret. Le menton relevé haut et le regard intérieur, elle adressait un sourire chaleureux à une personne invisible mais bien présente à son esprit, à hauteur de branchages inexistants. Pas de portable, personne à l’horizon, que moi qui passait en voiture. Elle souriait lèvres serrées avec la satisfaction évidente de celle qui vient de recevoir un bouquet de fleurs. Bonjour à vous et à votre invisible, puissiez-vous être le porte-bonheur de ceux qui ne sont pas encore libres.
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