01/06/2011
À propos de Bénichou
"Paul Bénichou n’a cessé de professer des convictions à contre-pente, à contre-époque. Alors que l’air du temps dénigrait le discours explicite des auteurs sur leurs œuvres, au profit d’un sens caché détenu par une critique arrogante et omnisciente, lui tentait patiemment de «saisir le fil de leurs pensées sans trop les organiser». Alors que les intégristes du «texte» prétendaient s’y enfermer au mépris de tout autre savoir, lui se voulait attentif à la rencontre de l’œuvre conçue et de l’histoire vécue.
Il s’agit de lire tout, sans chipoter, sans se fabriquer un Vigny ou un Nerval à la carte, et de lire tous : auteurs majeurs et mineurs, vedettes et seconds rôles, libelles oubliés, œuvrettes englouties, prophètes disparus.
L’unité de ce long itinéraire tient dans la découverte d’une spécificité française. La France est le pays qui a inventé un pouvoir spirituel d’un type nouveau dans la chrétienté et qui a nom littérature.
Paul Bénichou tenait pour évident le fait que «de la Bible à Montaigne et de L’Iliade à Baudelaire soit possible la vaste communication qui nous inclut tous». La littérature comme patrie commune, c’est la foi que nous lègue ce très jeune esprit que d’être hors mode a miraculeusement préservé de se démoder, c’est-à-dire de vieillir."
Le Nouvel Observateur, Mona Ozouf, 31 mai/6 juin 2001
http://www.jose-corti.fr/titreslesessais/varietes-critiqu...
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