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27/04/2014

Le crucifix - Lamartine

Toi que j’ai recueilli sur sa bouche expirante
Avec son dernier souffle et son dernier adieu,
Symbole deux fois saint, don d’une main mourante,
                Image de mon Dieu ;

Que de pleurs ont coulé sur tes pieds que j’adore,
Depuis l’heure sacrée où, du sein d’un martyr,
Dans mes tremblantes mains tu passas, tiède encore
                De son dernier soupir !

Les saints flambeaux jetaient une dernière flamme ;
Le prêtre murmurait ces doux chants de la mort,
Pareils aux chants plaintifs que murmure une femme
                À l’enfant qui s’endort.

De son pieux espoir son front gardait la trace,
Et sur ses traits, frappés d’une auguste beauté,
La douleur fugitive avait empreint sa grâce,
                La mort sa majesté.

Le vent qui caressait sa tête échevelée
Me montrait tour à tour ou me voilait ses traits,
Comme l’on voit flotter sur un blanc mausolée
                L’ombre des noirs cyprès.

Un de ses bras pendait de la funèbre couche ;
L’autre, languissamment replié sur son cœur,
Semblait chercher encore et presser sur sa bouche
                L’image du Sauveur.

Ses lèvres s’entr’ouvraient pour l’embrasser encore ;
Mais son âme avait fui dans ce divin baiser,
Comme un léger parfum que la flamme dévore
                Avant de l’embraser.

Maintenant tout dormait sur sa bouche glacée,
Le souffle se taisait dans son sein endormi,
Et sur l’œil sans regard la paupière affaissée
                Retombait à demi.

Et moi, debout, saisi d’une terreur secrète,
Je n’osais m’approcher de ce reste adoré,
Comme si du trépas la majesté muette
                L’eût déjà consacré.

Je n’osais !… Mais le prêtre entendit mon silence,
Et, de ses doigts glacés prenant le crucifix :
« Voilà le souvenir et voilà l’espérance :
                Emportez-les, mon fils ! »

Oui, tu me resteras, ô funèbre héritage !
Sept fois, depuis ce jour, l’arbre que j’ai planté
Sur sa tombe sans nom a changé de feuillage :
                Tu ne m’as pas quitté.

Placé près de ce cœur, hélas ! où tout s’efface,
Tu l’as contre le temps défendu de l’oubli,
Et mes yeux goutte à goutte ont imprimé leur trace
                Sur l’ivoire amolli.

Ô dernier confident de l’âme qui s’envole,
Viens, reste sur mon cœur ! parle encore, et dis-moi
Ce qu’elle te disait quand sa faible parole
                N’arrivait plus qu’à toi ;

À cette heure douteuse, où l’âme recueillie,
Se cachant sous le voile épaissi sur nos yeux,
Hors de nos sens glacés pas à pas se replie,
                Sourde aux derniers adieux ;

Alors qu’entre la vie et la mort incertaine,
Comme un fruit par son poids détaché du rameau,
Notre âme est suspendue et tremble à chaque haleine
                Sur la nuit du tombeau ;

Quand des chants, des sanglots la confuse harmonie
N’éveille déjà plus notre esprit endormi,
Aux lèvres du mourant collé dans l’agonie,
                Comme un dernier ami :

Pour éclaircir l’horreur de cet étroit passage,
Pour relever vers Dieu son regard abattu,
Divin consolateur, dont nous baisons l’image,
                Réponds ! que lui dis-tu ?

Tu sais, tu sais mourir ! et tes larmes divines,
Dans cette nuit terrible où tu prias en vain,
De l’olivier sacré baignèrent les racines
                Du soir jusqu’au matin.

De la croix, où ton œil sonda ce grand mystère,
Tu vis ta mère en pleurs et la nature en deuil ;
Tu laissas comme nous tes amis sur la terre,
                Et ton corps au cercueil !

Au nom de cette mort, que ma faiblesse obtienne
De rendre sur ton sein ce douloureux soupir :
Quand mon heure viendra, souviens-toi de la tienne,
                Ô toi qui sais mourir !

Je chercherai la place où sa bouche expirante
Exhala sur tes pieds l’irrévocable adieu,
Et son âme viendra guider mon âme errante
                Au sein du même Dieu.

Ah ! puisse, puisse alors sur ma funèbre couche,
Triste et calme à la fois, comme un ange éploré,
Une figure en deuil recueillir sur ma bouche
                L’héritage sacré !

Soutiens ses derniers pas, charme sa dernière heure ;
Et, gage consacré d’espérance et d’amour,
De celui qui s’éloigne à celui qui demeure
                Passe ainsi tour à tour,

Jusqu’au jour où, des morts percant la voûte sombre,
Une voix dans le ciel, les appelant sept fois,
Ensemble éveillera ceux qui dorment à l’ombre
                De l’éternelle croix !

02:27 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

26/04/2014

Confiance

Let's give it a go, shall we?

25/04/2014

Le faux prétexte + insertion d'un extrait de poème

 Ce soir j'ai regardé un feuilleton de Plus belle la vie où la vie des lycéens nous y est montrée, très plan-plan ... pas vraiment de combats spirituels de grande portée chez ces élèves. Ils s'ennuient beaucoup, faute d'ambition de ce côté-là peut-être ; une lycéenne en surpoids  a écopé du surcroît d'ennui des élèves de sa classe  lors de feuilletons précédents, que j'ai regardés  avec attention, m'intéressant aux lynchages. Elle s'en prenait plein la tête cette  élève, de la part des  camarades  se trouvant plus beaux. Je ne l'ai pas revue dans ce feuilleton-ci,  que s'est-il passé pour elle ?  Par contre, deux nouveaux lycéens venus d'Algérie ont intégré cette classe : un frère et une sœur. Cela se passe bien pour eux, ils se complimentent sur leur physique par des regards complaisants, des paroles d'admiration, que l'un d'eux s'adresse  à lui-même en fin de course.  Qui parlait dans un billet que je viens de lire que, heureusement, des jeunes, exigeant des combats spirituels de grande portée, arrivaient battre les vieux en brèche ?

 

 Que veut dire exactement,  "combats spirituels de haute portée" par ailleurs ?

 

Pour en revenir aux feuilletons de Plus Belle la vie vus précédemment, l'ennui a mal tourné, le plan-plan s'est terminé par une guerre des apparences, une violence  faite de torture psychologique des plus destructrices perpétrée, faux prétexte à l'appui, contre une personne déjà en souffrance au préalable pour différentes raisons. Sinon la lâcheté n'eût pas été complète de la part des bourreaux.

 

Le combat spirituel à mener, dans ce feuilleton, et concernant ces lycéens,  serait qu'ils parvinssent à s'aimer eux-mêmes afin de ne pas avoir à détester quelqu'un d'autre sous n'importe quel prétexte. S'aimer soi-même, c'est-à-dire, avoir de l'estime pour soi. Concernant la beauté physique ou de paysages, voici un extrait de poème de Jean de la croix, dont je pense que la foi est réelle, comme celle de Benoît Labre :

 

 

Non, jamais, pour toute beauté,

 

Jamais je ne me perdrai,

 

Mais pour un je ne sais quoi

 

Que l'on vient d'aventure à trouver.

 

 

 

La saveur d'un bien qui doit finir,

 

A quoi donc peut-elle atteindre?

 

A lasser tout au plus le désir

 

Et à gâter le palais.

 

Et ainsi, pour toute la douceur

 

Jamais je ne me perdrai,

 

Mais pour un je ne sais quoi

 

 Que l'on vient d'aventure à trouver.

 

 

 

Jamais pour un coeur de bonne race,

 

Il n'est souci d'arrêter

 

Quand il peut encore passer outre,

 

Si ce n'est au plus ardu;

 

Rien ne lui peut apaiser sa faim,

 

Et sa foi monte si haut

 

Qu'il goûte un je ne sais quoi

 

 Que l'on vient d'aventure à trouver.

 

Je crois en cette sincérité de l'homme qui a écrit cela, et c'est cela qui me touche. On ne peut pas être touché sans la confiance en l'autre. Et lui me l'a inspirée, c'est déjà formidable.

 

Cela dit, demain soir et les suivants je dois relire (sur liseuse) l'avant dernier roman de Patrick pour y déceler les fautes d'orthographe éventuelles ou autres perles et coquilles, voire de possibles divagations de mauvais aloi. C'est mon nouveau job : censeur (je plaisante), à moi qui ne lisais pas ses romans avant. Adieu donc Plus belle la vie! Pour autant je continuerai de lire, avant de m'atteler à ma tâche, certains blogs, pour savoir notamment  de quoi il retourne concernant les "combats spirituels de haute portée" dont parle  Solko par exemple.  

09:20 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)