04/08/2007
Mot connoté
Quand Joseph Dobrinsky aborde l’anarchisme de certains personnages auxquels Wells se serait probablement identifié lors de ses premiers écrits, je suis surprise de constater combien ce mot est connoté, étant associé, me semble-t-il, à un état d’esprit des plus douteux, voire à des réactions caractérielles : «Les récentes frustrations de l’écrivain en herbe, besogneux et méconnu, semblent lui avoir inspiré, dans une veine d’autodérision, les figures parallèles de l’anarchiste du « Bacille dérobé » et du « fabricant de diamants » du dernier conte juvénile. Soucieux d’une notoriété qui leur échappe, aigris par l’hostilité ou la froideur de la société en place, ils réagissent par esprit de revanche ou par cynisme en exterminateurs potentiels. Sous la comédie rosse se déclare une pulsion de contestation violente. »
Hors : « À la source de toute philosophie anarchiste, on retrouve une volonté d'émancipation individuelle et/ou collective. L'amour de la liberté, profondément ancré chez les anarchistes, les conduit à lutter pour l'avènement d'une société plus juste, dans laquelle les libertés individuelles pourraient se développer harmonieusement et formeraient la base de l'organisation sociale et des relations économiques et politiques.
L'anarchisme est opposé à l'idée que le pouvoir coercitif et la domination soient nécessaires à la société et se bat pour une forme d'organisation sociale et économique libertaire, c'est-à-dire fondée sur la collaboration ou la coopération plutôt que la coercition. » (Wikipédia).
En réalité il s’agit bien d’un positionnement politique, non de réactions "volcaniques" de méchants frustrés en mal de revanche, comme on le laisse généralement entendre. Il faut, en effet, du courage, et un certain sens politique pour mener des combats tels que ceux de Louise Michel, par exemple; en atteste cet écrit tiré d'un document dont vous trouverez le lien en bas de page :
« Louise Michel est la première femme anarchiste qui sera représentative du mouvement révolutionnaire. Sa tenacité, son courage n'y sont pas étrangers. Héritière du courant unitaire du socialisme communard, imprégnée par le fédéralisme proudhonien et le blanquisme, elle ne côtoiera pas que les seuls anarchistes, mais participera également aux activités de socialistes parlementaristes, tels Rochefort et Clémenceau, des groupes féministes électoralistes, des guesdistes, les milieux littéraires, etc. »
Plus d’ambiguïté sur ce mot, j’espère.
Pour vous remémorer qui était Louise Michel, cliquez ici
Pour écouter Mouloudji chanter "la complainte de la butte", cliquez ici
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03/08/2007
Tournesol
Il fait très beau temps aujourd’hui. Le seul tournesol qui ait fleuri (mais les cinq autres ne vont pas tarder) incline légèrement sa belle tête rayonnante, du haut de sa tige droite comme un bambou, de plus de deux mètres ! Les feuilles évoquent des ailes de grands oiseaux en plein vol. À côté de rosiers ces tournesols feraient figure de filles de la campagne, du temps passé, dans leurs habits du dimanche.
16:35 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)
01/08/2007
suite, H.G.Wells
Regard de Joseph Dobrinsky sur les premiers écrits de H.G.Wells :
« On est en droit de parler de « fantastique » car, à la différence d’un Jules Vernes, méditant prophétiquement sur les promesses techniques du progrès des sciences, il s’agit, tout au moins dans ses premières nouvelles, de purs jeux de l’imagination, élaborés, de l’aveu même de l’auteur, sur commande, et pour les lecteurs du dimanche. Aussi bien nous entraîne-t-il sur des voies théâtrales, dramatiques ou cocasses : menace d’une épidémie de choléra sur la ville de Londres ; assaut d’une orchidée suceuse de sang ; attaque d’un monstre préhistorique contre un homme seul ; expériences périlleuses de fusion du carbone…L’on note qu’à l’exception de la quatrième anecdote (une vente d’autruche), récit humoristique où les plaies ne sont que d’argent, des images morbides (tableau insistant d’une épidémie), des épisodes sanglants (vampirisme de plante ; bataille d’homme contre bête ; une hypothèse d’explosion meurtrière) hantent ces nouvelles légères. Leur fin heureuse ou ironique distancie ces cruautés qui, à en juger par un roman contemporain comme l’Ile du docteur Moreau (1896), procèdent, chez leur auteur, d’obsessions personnelles.
C’est sur ce terrain consciemment autobiographique que s’ébauchent de futurs leitmotivs de Wells. Pour esquissés qu’ils soient, ses protagonistes posent déjà en s’opposant à des sujétions où à des malveillances : étroitesse d’esprit ; indifférence du monde ; cruautés de la nature. Au regard de l’adolescence vécue par l’auteur, l’on ne s’étonnera guère de voir railler le conformisme des seules deux figurantes d’une distribution presque exclusivement masculine : l’épouse du bactériologiste et la gouvernante de l’amateur d’orchidées, l’une et l’autre tyrannique dans leur maternage, et attachées, qui à de ridicules convenances vestimentaires, qui à une routine d’existence stérilisante. Les récentes frustrations de l’écrivain en herbe, besogneux et méconnu, semblent lui avoir inspiré, dans une veine d’autodérision, les figures parallèles de l’anarchiste du « Bacille dérobé » et du « fabricant de diamants » du dernier conte juvénile. Soucieux d’une notoriété qui leur échappe, aigris par l’hostilité ou la froideur de la société en place, ils réagissent par esprit de revanche ou par cynisme en exterminateurs potentiels. Sous la comédie rosse se déclare une pulsion de contestation violente. Enfin, l’image naturaliste de la jungle - celle de Bornéo après celle des îles Adaman - et de ses incarnations - l’orchidée vampirique et le monstre griffu - renvoie, certes, aux leçons de Darwin, mais aussi, en amont, aux mêmes idées moroses qui sous-tendent La machine à explorer le temps, publiée en feuilleton durant la même année. À en juger par les ironies que suscitent la sédentarité de Winter-Wedderburn et la prudence de l’homme d’affaires du dernier conte bref, H.G.Wells, n’invite pas, pour autant, à un repli frileux, à la Shopenhauer, mais plutôt, dans le sillage d’Henley et de Kipling, à une exploration curieuse, vigilante et pugnace, incarnée au passage par son jeune astronome et son chercheur ardent . L’esprit du temps n’est pas à voie unique. »
Joseph Dobrinsky
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