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05/09/2021

Page 185

Patrick n'a pas encore entamé le livre Au printemps des monstres, occupé qu'il est à corriger son propre manuscrit. J'en suis quant à moi à la page 185 de ce fameux livre, de Philippe Jaenada.

 

J'y apprends qu'en fait, la maman de Luc, en 2019, vivait toujours dans un quartier parisien. Dans ce livre on parle de parisiens parisiens de fond en comble, de ceux qui connaissent Paris comme leur poche, qui y sont nés et l'ont parcourue de long en large, banlieues comprises souvent, qu'ils ont parfois connues à l'état champêtre. D'aucuns ont connu le Paris de leurs ancêtres, d'autres parisiens ultra parisiens le sont sans avoir forcément d'ancêtres parisiens, ils le sont pour s'être approprié ce vaste territoire dès qu'ils ont pu le parcourir, un peu à l'instar de Luc, mais avec plus de chance, et donc vivre mille et une choses dans ce Paris dont pour ma part j'ai vu surtout une masse grise ("malgré que" la Tour Eiffel m'ait favorablement impressionnée, toute grise qu'elle était, par son immensité s'envolant vers les cieux).

 

À la page 185, on voit un Lucien Léger que beaucoup décrivent comme taciturne tandis que d'autres qui sont devenus peu ou prou ses amis, le décrivent comme presque un boute en train, s'agissant de ses copains de la guerre d'Algérie ; il est aussi vu comme un homme très cultivé par d'autres, un homme qui s'instruisait en autodidacte, par la lecture de livres parfois difficiles.

 

L'auteur Philippe Jaenada fera déchanter les nostalgiques des années soixante. Et lisant ce qu'il en dit j'ai fait le rapport avec ce que j'ai entendu juste avant à France Culture, à propos des mises en garde contre "la méritocratie", (concernant ceux qui sortent des écoles prestigieuses).

En effet, les "petits", ceux qui n'ont pas fait de longues études et se retrouvent agent d'assurance, ouvriers, sténo-dactylo etc. étaient autant de gagne petit, n'ayant pas mérité de gagner plus car n'ayant pas fait de brillantes études ? On peut se le demander. Ceux qui les ont faites ces études brillantes dans les grandes écoles : les méritants, gagnent de très forts salaires en proportion de ce qui est vu comme leur mérite, mérite finalement éminemment "scolaire". Le prolétariat se trouvait donc à porter à bout de bras les "méritants", sachant que ceux qui tirent à eux la couverture, le font au dépens d'autres, en l'occurrence, les gagne petit en question.  Voilà en tout cas le contexte social des années soixante qui s'est peut-être encore empiré aujourd'hui quand on voit le sort réservé aux jeunes, n'ayant plus accès du tout à parcours sup pour certains, celui-ci étant dorénavant strictement réservé à la haute bourgeoisie semble-t-il.

 

Lucien Léger était affecté par la maladie de sa femme, et n'était pas en grande forme lui non plus. D'après ses déclarations sur la mort du petit Luc, on peut penser que, dans un instant d'égarement, il s'est lui-même suicidé à travers "son double". Lucien Léger s'est pris de haine contre les parents de cet enfant, à voir les invectives qu'il leur adresse. Lesquels auraient été décrits par le petit fugueur de façon négative, ce qui aurait fait vriller Lucien Léger, se sentant débordé par l'impuissance à le secourir ?

Lucien Léger était ambitieux, rêvait parfois d'être le fils d'un haut fonctionnaire, d'après les mensonges auxquels il se livre dans ses lettres. Une crise d'égocentrisme n'est donc pas non plus à écarter, ce petit garçon, Luc, lui ayant par trop rappelé sa propre misère sociale et affective ?

 

Les années soixante : il y a eu l'affaire du  petit Luc, puis celle de Bruay en Artois, les années 80, Grégory, les années 90, Marion disparue à Agen, et d'autres enfants sacrifiés sur l'autel de la folie, une folie tantôt ayant pour origine la misère sociale, tantôt la débauche de pédophiles très bourgeois notamment avec l'affaire Dutroux. 

 

 

07:57 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

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