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17/08/2021

être, ou pas, propriétaire de sa maison

Chacun, en témoignant, fait bouger les choses. Hier après-midi, j'ai écouté sur Public Sénat les témoignages de personnes habitant des zones pavillonnaires. Il y avait par exemple un homme, racontant qu'il avait été démarché dans sa banlieue par un commercial de l'immobilier. Ce commercial avait misé sur les craintes de ce père de famille et réussi à le persuader d'acheter une maison pavillonnaire construite à cent kilomètres de la région parisienne où il habitait.

 

Les peurs de ce père étaient essentiellement que, s'il restait en banlieue, "ses enfants tourneraient mal". Mais le promoteur, qui proposait à cet homme d'acheter une maison en payant chaque mois l'équivalent d'un petit loyer, lui a fait croire qu'il y avait la gare pas loin pour se rendre au travail. Il s'est avéré qu'il n'y avait plus de petite gare : on en a supprimé beaucoup en effet. Résultat : cinq heures de trajet pour lui dans une journée. Il faut avoir une santé de fer pour maintenir un tel rythme. Mais il se console avec le fait que ses enfants, à l'écart de la banlieue, ne deviendront pas des voyous, selon ses propres termes. Cette certitude est par ailleurs révélatrice d'un sentiment : pour lui, les parents ont beau être de bons éducateurs, ils ne maîtrisent pas ce qui peut se passer auprès de leurs enfants lorsqu'ils vivent dans des environnements difficiles.

 

Autre témoignage d'une dame qui a elle aussi été démarchée pour acheter une maison pavillonnaire. Cela s'est compliqué pour elle sur un plan économique quand son mari l'a quittée. Ses filles devenues adolescentes n'ont pas de bus pour se rendre en ville le week-end et leur pavillon est loin de tout, construit parmi les champs, et tout près soit dit en passant d'une ligne à haute tension, laquelle empêche la mère de famille de revendre la maison à un prix acceptable. Les gens aujourd'hui sont sensibles aux questions  de pollution de l'air, notamment par les ondes électro magnétiques. Les adolescentes témoignent pourtant que le débit internet est faible, elles ne peuvent pas se connecter aussi souvent qu'elles le voudraient. Les voilà donc isolées dans ce cadre finalement délaissé par la municipalité, dans une sorte de no man's land.

 

Et il y a le témoignage de cette coiffeuse et assistante maternelle par la suite, à la retraite. Sa maison ayant été construite en zone inondable, des travaux ont été faits pour la surélever. Mais la voilà aujourd'hui en fauteuil roulant, prisonnière de cette maison en quelque sorte car elle ne peut dévaler les nombreuses marches devant la porte d'entrée. Heureusement pour elle une assistante sociale lui rend visite, ainsi que ses filles. Il reste qu'elle est trop dépendante en raison de la construction d'une maison mal pensée en somme, dont le plan a été pensé par d'autres, ainsi que le lieu de construction.

 

Enfin le reportage parlait des maires, qui concèdent de riches terres agricoles pour ces pavillons, croyant avoir des subventions. Mais les coûts de voirie, des réverbères,  des installations diverses qui incombent à la municipalité se révèlent plus onéreux qu'ils ne l'avaient pensé, et les subventions moins importantes qu'ils ne l'espéraient.

 

Toute une organisation a été mise en place dit ce reportage autour de ces pavillons construits partout en France, qui manquent singulièrement "d'âme".  Des réseaux autoroutes avec leurs échangeurs, des centres commerciaux très laids qui eux aussi comme le réseau routier, avalent des terres agricoles (donc nourricières), tout cela vidant des vieux centres villes des commerces qui les animaient. On a une impression ville morte un peu partout en France.  

 

Ces modes de vie auraient été mis en place par des politiques après le premier choc pétrolier en 1973. Ils pensaient faire ainsi l'économie de constructions d'immeubles plus chers selon eux, du moins dont le coût de construction incomberait totalement à l'Etat. Ils auraient aussi pensé bien faire en suivant les idées d'un certain Le Corbusier, qu'ils auraient mal compris.

 

Grâce aux témoignages des "gens ordinaires" victimes de décisions politiques et influencées par elles, on s'aperçoit aujourd'hui qu'il vaut mieux densifier les villes en terme de population, redynamiser en même temps les centres villes et stopper le grignotage des terres agricoles.

 

Témoigner est très important. Il faut du courage pour reconnaître que l'on s'est trompé. Ces personnes ont dit les choses pour le bien commun. Merci à elles.

 

Ce reportage est sur Public Sénat ; on peut le revisionner, il s'intitule "maisons pavillonnaires" ou quelque chose du genre.

 

 

     

 

07:18 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

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