07/08/2021
"Le monde du Moyen Âge est rejeté, la porte qui y donne accès est murée" ♣♣♣ La haine procède de la peur parfois
"« […] Don Quichotte commence comme une bouffonnerie, une dérision, qui n’est absolument pas œuvre imaginaire ou simple divertissement littéraire. Le plaisant autodafé des livres du pauvre hobereau, que font, au chapitre VI, le curé et le barbier, est un geste très réel : le monde du Moyen Âge est rejeté, la porte qui y donne accès est murée ; il appartient irrévocablement au passé. En la personne de Don Quichotte, une époque nouvelle persifle l'ancienne. Le chevalier est devenu un fou ; réveillée des rêves de jadis, une nouvelle génération se dresse en face de la réalité, sans déguisements ni embellissements. Dans la raillerie plaisante du premier chapitre, il y a quelque chose de l'entrée en scène d'une nouvelle époque, confiante en elle-même, qui a désappris le rêve et découvert la réalité, et qui en est fière. […] Quelle noble folie est-ce donc que celle que Don Quichotte s'est choisie comme vocation : « être chaste en ses pensées, honnête en ses paroles, vrai dans ses actions, patient dans l'adversité, miséricordieux à l'égard de ceux qui sont dans la nécessité, et enfin, combattant de la vérité, même si sa défense devait coûter la vie ». Les traits de folie sont devenus un jeu qui mérite d'être aimé car on perçoit, par-delà, un cœur pur. […] L'assurance orgueilleuse avec laquelle Cervantès avait brûlé les ponts derrière lui et s'était moqué du vieux temps, est devenue maintenant mélancolie sur ce qui était désormais perdu. Ceci n'est pas un retour au monde des romans de chevalerie, mais un éveil à ce qui doit absolument demeurer, et la prise de conscience du danger qui menace l'homme quand, dans l'incendie qui détruit le passé, il perd la totalité de lui-même. »
— Joseph Ratzinger, Les Principes de la théologie catholique, 1982"
Relire Don Quichotte 30 années après la première lecture que j'en ai faite change la perception que j'ai du livre. Je vois désormais plus un Cervantès qui se cherche à travers Don Quichotte et Sancho, à travers leur dialogue et qui sûrement aime en secret l'idéalisme de Don Quichotte, son sens de l'absolu fût-il jusqu'à la déraison. Ceux qui rient de lui, ont sans doute "bien raison" de rire. Mais n'a-t-on pas perdu la pureté en route... l'amour fou n'est-il pas à regretter ? Lla sagesse est-elle vraiment à ce prix ?
♣♣♣
Il faut savoir gérer sa peur tout le monde sera d'accord avec cela. D'autant plus que, concernant le virus Covid, pour d'aucuns, il y a de quoi avoir peur, mais il n'empêche, il faut se contrôler.
Hier je pense avoir eu affaire à un homme peureux, mais étant donné la colère soudaine qu'il a déversée sur moi, je ne l'ai pas compris tout de suite, ayant eu l'impression de recevoir un coup de bambou sur la tête.
Ce qu'il s'est passé : j'étais à la caisse, derrière un grand monsieur plutôt gros, j'avais l'air d'une épinoche à ses côtés en dépit de souffrir moi-même d'un surpoids. Ce client avait étalé ses quelques courses sur le tapis, prenant tout ce tapis pour lui. C'est rare qu'un client agisse ainsi. D'ordinaire on regroupe ses courses afin que celui ou celle qui arrive derrière ne soit pas obligé, de tout déballer au dernier moment face à la caissière, créant ainsi une sorte d'accumulation de travail pour le client qui se voit contraint de récupérer ses articles bipés à toute vitesse, à peine a-t-il déposé ses articles.
J'ai eu la mauvaise idée de déposer quelques articles sur le peu de tapis qui restait, croyant que le bonhomme du coup, comprendrait et regrouperait ses courses.
Pas de réaction de sa part. J'aurais pu donner des signes d'impatience, mais je reste zen. Évidemment il ne met pas de barre, à laquelle je ne pouvais pas accéder de là où j'étais.
Le quidam d'un coup m'engueule. Manque d'égards absolu. Je n'ai pas eu peur de lui mais je me suis sentie trembler, en fait de fatigue.
Ensuite, le gars, droit dans ses bottes, salue la caissière, lui parle avec force amabilité comme pour marquer la différence de traitement qu'il faisait entre elle et moi. Je repère alors un atavisme. Certains villageois que décrit ma vieille mère en sont atteint. Les riches du coin, qu'elle nomme "les xxx", pratiquent le culte de l'odieux de cette façon.
Quand mon tour arrive, la caissière me dit : "j'ai rêvé ou ce monsieur vous a crié dessus ?" (il était parti quand elle a dit cela).
Elle m'explique alors que depuis le début de la pandémie beaucoup de scènes de ce genre ont lieu. On est un peu dans Gorsland ou Gros land. Je comprends alors, ("tilt !") que j'ai eu simplement affaire à un peureux, si cela se trouve.
Consolation le soir quand je vais regonfler les pneus de mon vélo à la station essence. Un sportif athlétique arrive au même moment que nous pour gonfler les pneus de son cycle, il sourit, nous laisse passer. Physique agréable : cheveux gris argentés, œil rieur marron foncé sur visage harmonieux. Il prend gentiment le gonfleur en main pour nous aider car il estime que nous ne gonflons pas assez les pneus.
Sans mauvais jeu de mots, me voilà le moral regonflé à bloc.
05:50 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)
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