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01/07/2021

Au-dessous du volcan

Au-dessous du Volcan est un cheminement. Pour ceux qui connaissent le livre et ceux que cela ne dérange pas de connaître la fin de l'histoire du consul sur cette terre, lire cette note ne les dérangera pas. Les autres doivent s'en abstenir voulant la découvrir eux-mêmes.

 

Des passages sont pour moi illisibles dans le livre car trop compliqués : insertions trop longues à mes yeux, qui parfois ne retombent pas sur leurs pieds, car l'auteur donne à écouter les pensées parfois très chaotiques du consul. Cela devient plus clair quand il donne à écouter celles du frère, précisément demi-frère du consul, Hugh. Les perceptions du monde, chez Hugh n'étant pas celles d'un homme très alcoolisé.

 

Malcolm Lowry, exigeant vis à vis du lecteur,  complique encore la donne quand il fait mal traduire au consul trois phrases en espagnol, écrites sur un écriteau. Il faut donc connaître l'espagnol pour savoir que le consul s'est trompé dans sa traduction (le lettré qui a rédigé la postface signale cela). Mais vu le destin du consul, à la vie duquel on va attenter, on dirait plutôt que le consul est passé au travers la traduction pour saisir la véritable lecture qu'il fallait faire de ces trois phrases.

 

On entend moins la voix d'Yvonne, la bien aimée du consul, vue de l'extérieur à travers les yeux de trois hommes. On entend donc penser Laruelle, le français, au premier chapitre. Yvonne, désirable et dynamique, décrite comme étant sur le point d'être belle, mais pas encore, aimée des trois hommes et qui a abandonné un temps son mari le consul avant de revenir vers lui après leur divorce. Comme s'ils ne pouvaient faire l'un sans l'autre, mais le consul étant malade et sûrement plus conscient que sa femme, souffrirait plus qu'elle de la situation, de façon à mon sens non égoïste. Yvonne va abandonner le consul une seconde fois pour aller vers Hugh. Une absence concernant le malade (décrit comme un être en bonne santé par le médecin, n'était son addiction à l'alcool), et une présence offerte à Hugh donc, le petit frère du consul, que ce même consul aime fraternellement, amour fraternel partagé qui plus est.

 

Quelle est l'intention de Malcolm Lowry ? Le consul donne toutes les apparences du désir de se suicider mais, on le voit à la fin, il se rebiffe contre la mort. Et la mort, ce sont ses juges, juges dans le sens de ceux qui le condamnent. Ils le précipitent "hors monde". Le hors monde ici c'est le ravin, où l'on jette les chiens parias. Leur accusation à l'encontre du consul : il est espion, et il est juif.

 

Les juifs d'aujourd'hui pour les antisémites d'aujourd'hui ne sont pas forcément le peuple juif ou ceux qui ont la religion juive. Les boucs émissaires d'aujourd'hui sont multiples : soit migrants, soit parents d'enfant handicapé, soit hors norme sur le plan sexuel etc.

 

Malcolm Lowry a écrit à mes yeux un livre sur les "petits juges" de tous les jours, qui punissent, ostracisent, poussent dans le vide ceux qu'ils condamnent. C'est énorme ce qu'a exprimé  aussi l'auteur sur l'alcoolisme. En fait l'alcoolique en question soigne par l'alcool ses tremblements, cela montre que, certes l'alcool lui a donné ces tremblements, mais pour s'en débarrasser il faut qu'il avale par la suite une forte dose d'alcool. Le consul est donc en fait malade. Et lui aussi est à son encontre un juge très sévère. A-t-il réellement prêté main-forte à l'équipage pour précipiter dans la chaudière des prisonniers de guerre ? L'auteur ne le dit pas, mais le consul se tient pour responsable en fait d'avoir jugé une fois dans sa vie, à la place de Dieu. On en vient à la responsabilité des actes. Le consul, même s'il se rebiffe contre la mort à la fin, ne désirait-il pas offrir cette mort à ceux qu'il s'accuse d'avoir condamné à une mort horrible à un moment donné dans sa vie, alors qu'il servait l'Angleterre. Car on voit le consul vouloir se soustraire de la civilisation pour aller vers l'Indien.

 

Les Indiens sont ceux qu'il voit sans doute dans sa détresse comme les victimes des civilisés, civilisation qui a causé sa propre perte quand il y a cru.  Car le civilisé n'a-t-il pas jugé à tort l'Indien, comme indigne bien souvent pour le traiter de cette façon ?

L'auteur parle de la détresse d'un traumatisé de guerre, de civilisation, d'un homme abandonné qui pardonne tout à ses proches, Yvonne et Hugh, mais pas à  lui-même.

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